L'évaluation sanitaire de notre alimentation est-elle en danger? Le Comité scientifique de l'Agence européenne se sécurité alimentaire (EFSA) a lancé une consultation publique à échéance du 15 septembre, sur l'évaluation de la pertinence et la fiabilité d'une nouvelle approche, le seuil de préoccupation toxicologique (TTC) pour l'évaluation qualitative des risques pour la santé humaine de faibles niveaux d'exposition à des substances présentes dans l'alimentation humaine et animale. Une nouvelle approche déjà objet de craintes de la part des associations environnementales et de consommateurs.
L'approche TTC consiste, lorsque la structure chimique d'une substance est connue, à évaluer le risque pour la santé sur la base de seuils génériques d'exposition humaine à des substances chimiques (valeurs TTC). Des valeurs TTC ont été déterminées pour des substances présentant une structure chimique et une probabilité de toxicité similaires, sur la base des données toxicologiques publiées. En adoptant une approche qualifiée de prudente, les structures chimiques ont été groupées en trois grandes catégories: toxicité faible, modérée et élevée. Les substances sont ensuite évaluées en comparant la valeur TTC appropriée avec des données fiables sur l'exposition humaine. Si l'exposition humaine à une substance est inférieure à la valeur TTC, la possibilité d'effets nocifs est considérée comme très faible.
L'approche TTC pourrait être exhaustive de l'évaluation complète: Si la démarche de consultation publique procède d'une volonté d'ouverture et de transparence de la part de l'Agence européenne, elle fait suite à un avis déjà exprimé du Comité scientifique très favorable à l'approche TTC (Threshold of Toxicological Concern) non seulement pour réaliser une évaluation qualitative des risques mais pour établir des priorités dans le cadre de l'évaluation de la sécurité des substances chimiques. Cependant elle semble s'opposer, dans son concept même, à une évaluation systématique puisqu'elle motive ou non la nécessité d'une telle évaluation complète des risques et d'ailleurs, en pratique, l'allocation de budget à une telle évaluation. “L'avis(du Comité scientifique) identifie par ailleurs les domaines dans lesquels l'approche pourrait être appliquée aux travaux de l'EFSA, ainsi que les domaines et les substances pour lesquels elle n'est pas appropriée”.
Les limites de l'approche : Si l'Agence européenne reconnaît la nécessité d'évaluer les conséquences pour la santé des substances même détectées sous formes de traces, ce qui est aujourd'hui rendu possible par les progrès technologiques de l'analyse chimique, c'est pourtant bien là que l'approche TTC est déjà remise en cause par de nombreuses associations environnementales. Si l'on prend l'exemple des perturbateurs endocriniens dont de très faibles traces mais avec une exposition fréquente ou prolongée peuvent avoir des effets néfastes sur la santé, ces mêmes effets ne pourraient être pris en compte par une telle approche. Par ailleurs l'approche ne pourrait être suffisamment spécifique, selon les substances, aux groupes de population les plus fragiles ou vulnérables. Enfin quid des interactions entre substances au sein ou non d'un même aliments? L'approche TTC pourrait bien ouvrir la porte à de nouveaux adjuvants dans notre alimentation.
L'avis sur l'approche TTC recommande aujourd'hui son utilisation élargie dans la mesure où elle pourrait contribuer à diminuer l'utilisation superflue d'animaux dans les tests de toxicité. Il exclut certaines catégories de substances, comme les carcinogènes hautement puissants, les métaux et les protéines pour lesquels l'approche TTC n'est pas appropriée.
Un rapport de synthèse sera publié sur le site internet de l'EFSA en parallèle avec le texte final qui devrait être achevé d'ici la fin de l'année 2011.
Source: EFSA “Public consultation on draft opinion on “Exploring options for providing preliminary advice about possible human health risks based on the concept of Threshold of Toxicological Concern (TTC)” (Schéma Anses concernant les résultats d' Dans EAT (l'étude nationale de surveillance des expositions alimentaires aux substances chimiques 2006-2010: 2.445 substances chimiques ont été analysées et vignette Anses)