Le Conseiller Général de Noisy-le-Sec indigné par le convoi de Roms en tramway

Publié le 02 septembre 2011 par Jenbproductions

Le Conseiller Général de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) Gilles Garnier (PC) a été le premier a s'indigner suite à la scène à laquelle il a assisté mercredi en fin de matinée.
France-Info a été le premier média a réagir sur ses ondes


Image d'illustration : Tramway T1 au terminus de Noisy-le-sec - © J.E. Nicolau-Bergeret / JENB Productions

Ce mercredi donc, aux environs de 6 heures du matin, un camp d'environ 150 Roms est évacué sur décision de justice sur la commune de Saint-Denis. C'est une opération assez classique dans notre département particulièrement touché par ce phénomène de camps insalubres improvisés sur des terrains de collectivité territoriales le plus souvent, voire parfois sur des terrains privés.

Outre les problèmes d'insalubrité et de nuisances, se posent souvent des problèmes de sécurité publique, beaucoup de ces camps étant implantés à proximité de lignes de chemins de fer ou de voies rapides. C'est d'ailleurs cette dangerosité qui motivent les décisions de justices dans leurs attendus, certains occupants n'hésitant plus à franchir les voies ferrées (cas récent à Noisy-le-sec) ou les autoroutes.

D'après les informations que nous avons pu recueillir, les forces de l'ordre canalisaient par petits groupes les expulsés vers la station "Les cosmonautes" du tramway T1. Généralement, ce type d'opérations, toujours surprenantes de part les moyens policiers et/ou gendarmerie déployés, se passent dans le calme. Les uns partant quelque peu décontenancés, les autres souvent résignés avec la lassitude de ceux qui n'ont pas grand-chose à perdre. On leur laisse le temps de rassembler leurs quelques effets personnels avant d'évacuer tout le monde et parfois certains se voient remettre une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français). Il est ensuite procédé à la destruction du campement construit de tout et de riens, de planches et de tôles, afin d'éviter une ré-implantation.
Mais, dans l'opération d'hier et selon le quotidien régional Le Parisien de ce jeudi, sous la plume de Julien Duffé, la situation aurait dégénéré du fait que plusieurs Roms seraient descendus dès la station suivante pour retourner vers Saint-Denis. Selon l'auteur, qui cite la RATP : " Dans une situation de quasi-blocage, l'encadrement local de la ligne arrivé sur place a décider d'utiliser un train qui se trouvait-là ". La rame aurait alors été envoyée au terminus de Noisy-le-Sec sans marquer un seul arrêt : Destination la gare RER E de Noisy-le-Sec


Image aimablement proposée par notre posteur impertinent : Croqueminois sur Lepost.fr

Dès 13h40, nous étions avisés par Gilles Garnier qui n'a pas manqué d'adresser immédiatement ses interrogations tant auprès de Pierre Mongin, Président de la RATP, qu'auprès du Préfet Christian Lambert et de notre Maire Laurent Rivoire. Car selon l'élu, il s'agit bien d' " une réquision de fait d'un moyen de transport ". Et Gilles Garnier de poursuivre " J'ai vraiment été très choqué car il n'y avait que des Roms, dont beaucoup de familles avec enfants en bas-âge dans les bras, valises et baluchons. C'était horrible comme image. Il y a eu un disfonctionnement dans la chaine de commandement "
Selon Pierre Mongin, Directeur de la RATP, qui s'est entretenu dans l'après-midi avec Gilles Garnier, son entreprise n'est en rien responsable de cette opération et rejette la faute sur les services de police. S'exprimant ce jeudi matin en marge d'une conférence de presse sur le bilan semestriel, Valérie Collet du Figaro.fr rapporte les propos du Président de la régie : " Il n'y a aucune responsabilité de l'entreprise dans cette affaire [...] Nous avons été confrontés à un trouble de l'ordre public sur le T1. Les voyageurs ont vu affluer une masse de gens qui voulaient monter sans s'acquitter du paiement de leur ticket, créant agitation et panique. Personne n'en connaissait les raisons. Nous n'avions été informé de rien. Il a été décidé par les fonctionnaires de police de transporter ces personnes. L'entreprise n'est pas en cause. Nous avons supporté les conséquences d'une opération de police ".

Selon Le Parisien, la préfecture a fait savoir qu' " Il n'y a pas eu de réquisition par le préfet [...] Il a fallu gérer un trouble à l'ordre public comme lorsqu'on prend en charge des supporteurs turbulants ".

Dans ses courriers et lors de notre conversation téléphonique, le Conseiller Garnier ne cache pas son émotion. L'allusion aux périodes sombres de notre Histoire ne laisse que peu de doutes. Dailleurs Valérie Collet introduit son article en ces termes : " L'affaire rappelle certaines heures sombres de la Seconde Guerre mondiale "
Réactions vives de toutes parts
Le Président (PS) de la Région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, dans un communiqué repris sur le blog de Gérard Bond dénonce " l'inhumanité et la brutalité [...] Cette opération, faite hors de tout cadre juridique, constitue une voie de fait ". Il demande au Préfet Lambert de faire toute la lumière sur cette affaire.
De son coté, Cécile Duflot, secrétaire nationale d'EELV, citée par Simon Carraud sur le site La-Croix.fr : " Lorsqu'un service public de transports participe à une opération policière aussi abjecte, c'est tout le pacte républicain qui est bafoué ".
Le Syndicat Sud RATP, cité par le site 20minutes, déclare : " Ce n'est pas à nous de transporter des convois de personnes qui ne sont pas forcément volontaires pour monter dans les tramways "
La CGT RATP, par la voix d'Alain Sutour, s'est montrée toute aussi catégorique hier soir au JT de 20h sur TF1. " Nous on trouve tout cela inadmissible. Les agents de la RATP n'ont pas vocation a être, ni des auxiliaires ni des supplétifs de la Police Nationale lorsqu'il y a des évacuations de camps (...) "
toujours selon Valérie Collet du Figaro.fr, les ONG s'inquiètent. Médecins du Monde estime que " des enfants qui ne savent pas forcément parler français, lire ou écrire ont été emmenés sans leurs parents. Ces derniers s'en sont inquiétés auprès de l'ONG qui se dit révoltée et appelle les forces de police à ne jamais embarquer de mineurs isolés. "


Coté Ministère de l'intérieur, selon la chaîne de télévision, le ministre estime que " Tout c'est passé dans le respect de la dignité des personnes ".
La Police Municipale devait-elle intervenir sur cette opération ?
C'est l'une des questions adressée au Préfet Lambert et au Maire de Noisy-le-Sec par le Conseiller Garnier.
De source sérieuse il nous a été appris qu'au cours de l'opération, nos polices locales (Nationale et Municipale), n'avaient pas été tenues informées de l'ampleur du dispositif déjà en place et qu'à Noisy-le-Sec on s'attendait à un attrouppement. Gilles Garnier qui a été témoin de la scène déclare " avoir compté 6 camionnettes de CRS et 5 véhicules légers de la Police Nationale ainsi que 6 ou 7 policier municipaux ". Et l'élu de poursuivre lors de notre conversation téléphonique d'avant hier-soir : " [la police nationale] barré la rue jaurès et détourné le trajet du bus 105. Faut voir la proportion que cela représentait pour quinze familles dont les deux-tiers étaient avec des enfants de moins de cinq ans. C'est cette opération et sa disproportion qui me choquent. (...) Au point que nos Policiers Municipaux devaient faire la circulation (...) "
Pour ma part, je trouve plutôt sain que notre Police Nationale travaille en partenariat avec notre commissariat de Police Nationale, d'autant plus que ce commissariat compte peu d'effectifs depuis 2005, date à laquelle Nicolas Sarkozy, alors minsitre de L'Intérieur l'a déclassé en commissariat "sub-divisionnaire".
Si l'opération de mercredi revet un caratère particulier de part la méthode utilisée, et pour avoir assisté à d'autres démembrements de campements, il est clair que notre Police Municipale n'a pas à participer à ce type d'opérations. Le déploiement des forces de Police Nationale, parfois accompagnées de gendarmes mobiles, rend totalement inutile la présence de notre Police Municipale. Au contraire ! C'est dans ce genre de moments où la Police Nationale est très occupée, donc moins disponible pour d'autres opérations, que la Police Municipale doit être prête à les suppléer dans leurs missions de patrouilles ou d'urgences.
Quelles seront les suites ?
Préfet et RATP démentant tout ordre donné en haut lieu, il est à craindre que des fusibles disjonctent.
Et la mairie de Noisy-le-Sec risque d'être à nouveau confrontée à un nouveau camp, puisque dès hier soir, le JT de 20h de TF1 faisait savoir que certains Roms étaient restés sur notre commune.
Le département de Seine-Saint-Denis ne peut résoudre un tel phénomène seul. Et la méthode des évacuations et destructions de camps ne résoud en rien la problématique. Elles ne fait que le déplacer. La situation vécue par Gilles Garnier mecredi est la preuve évidente que ces "opérations marketing" pour attirer l'électorat frontiste ne sont qu'une vision éphémère. La sécurité publique est sans aucun doute l'échec le plus cuisant de notre actuel Président de la République.
Plus proches de nous, à Noisy-le-Sec, où 99% de la population réclame la réouverture de notre commissariat de "plein exercice" avec une quarantaine de policiers supplémentaires, il nous est répondu : impossible. Pas assez d'effectifs.
Pourtant ces quelques cinquante fonctionnaires étaient bien à Noisy-le-Sec mercredi. Des effectifs, on en a donc. Que ces fonctionnaires soient répartis dans les commissariats en sous effectifs. une présence renforcée sur nos communes éviterait d'attendre l'installation de 150 européens pour ensuite devoir les évacuer.
La destruction d'un camps Rom est un échec politique.

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