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Vous voulez un nouveau pont, alors, la prochaine fois, votez pour Harper…

Publié le 02 septembre 2011 par Jclauded
Dans les années ’50, les gens de Shawinigan réclamaient sans succès du premier ministre québécois Maurice Duplessis un nouveau pont sur la rivière Saint-Maurice. Le problème : leur député était rouge alors que les bleus étaient au pouvoir. Dans la campagne de 1956, dans un discours à Shawinigan, Duplessis a dit crûment à la foule « vous voulez un pont, alors votez Union Nationale ». Nonobstant cette proposition alléchante mais menaçante, ils votèrent, à nouveau, libéral, et n’eurent pas de pont. Dans ce temps-là, ça marchait comme ca ! Autant sous les gouvernements de l’Union Nationale que sous ceux des libéraux.
Aujourd’hui, plus de cinquante ans plus tard, le journal anglophone Montréal Gazette estime que les Québécois ont brûlé le political bridge (pont politique) avec Ottawa, en votant massivement NDP le 2 mai dernier. Voilà, nous sommes revenus à la case de départ, si on en croit l’éditorialiste du journal montréalais. Étant donné que nous n’avons pas voté pour le gouvernement conservateur, nous nous retrouvons sur la liste noire et nos demandes ne sont pas écoutées et même boycottées par Ottawa.
Examinons quelques prises de position depuis l’élection du 2 mai du gouvernement conservateur et qui touchent le Québec :
. Celui-ci veut que la réalisation d’un nouveau pont Champlain sur le fleuve Saint-Laurent, entre Montréal et la Rive-Sud, devienne la responsabilité du gouvernement du Québec et de la ville de Montréal alors que l’actuel pont qui doit être remplacé appartient au fédéral.
. Il a annoncé une loi omnibus pour son agenda de lois pour combattre le crime même si au Québec nous nous opposons au contenu de ces lois, qui sonnent fascistes, puisque nous favorisons une approche basée sur la réhabilitation et que les statistiques montrent que le crime diminue.
. Il refuse toute concession en rapport avec la diminution de la représentation québécoise à la Chambre des communes découlant de la décroissance démographique au Québec par rapport au reste du Canada. Pourtant, le parlement avait reconnu unanimement, lors de l’accord du Lac Meech, que le Québec ait toujours 25% du nombre des députés, puisqu’il est une des nations fondatrices du pays avec une culture et une langue à protéger en Amérique du Nord. La nouvelle proposition du gouvernement la diminuerait à 22,2%.
. Malgré la forte opposition du Québec, Harper a accepté de signer la garantie d’un prêt fédéral à taux réduit pour la réalisation du projet hydroélectrique Bas-Churchill au Labrador. Le Québec a toujours financé lui-même ses projets hydroélectriques et estime, avec raison, que le geste du gouvernement fédéral fausse la concurrence.
. Il veut fermer le registre canadien des armes à feux, malgré la forte opposition des Québécois. Le PM Jean Charest a proposé d’en instaurer un nouveau pour le Québec. Les conservateurs l’ont avisé qu’il ne recevra aucun argent ni aucune des données contenues dans le registre canadien.
. Sur la question de l’environnement, le Québec contrairement à Ottawa respecte l’accord de Kyoto et s’exprime pour un contrôle environnemental de l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta. Le PM ne répond même plus aux doléances du Québec sur ces questions.
Si la représentation conservatrice au Québec a diminué lors des deux dernières élections, le PM Harper doit faire son propre « mea culpa ». Gouvernement sortant-de-charge, son parti a mené une campagne électorale minable au Québec, sans thème et sans programme politique particulier alors qu’ailleurs, il a promis des mesures qui heurtaient de front l’opinion publique québécoise. Le financement des candidats dans les comtés a été insatisfaisant et un très grand nombre d’entre eux n’ont pu faire une campagne adéquate, le parti prétextant qu’ils n’avaient aucune chance de gagner. Le résultat : Harper s’est réveillé avec 5 députés alors qu’il en avait 11 et un pourcentage du votes amoindri pour la deuxième élection générale consécutive.
Le but des conservateurs était d’obtenir une majorité parlementaire sans le Québec. Ils ont réussi un évènement très rare et quasi impossible, un tour de force. Les circonstances ont voulu que les Québécois en aient ras-le-bol des partis traditionnels et du Bloc Québécois et, le 2 mai dernier, ils se sont tous tournés ensemble vers le NDP, à la surprise générale. Les Québécois qui sont majoritairement fédéralistes, sont maintenant éloignés du pouvoir et Harper donne l’impression qu’il administre le Canada comme si le Québec n’existait pas. Veut-il les punir de leur vote contre lui ?
Au lieu d’agir comme il le fait, une meilleure stratégie, pour le futur, serait de traiter le Québec comme par le passé. Une telle attitude laisserait une bonne impression chez les Québécois à l’effet qu’Harper est un chef politique ouvert qui pense à l’intérêt général. Il y va aussi de son propre intérêt puisque rien ne lui garantit qu’il puisse retrouver une majorité au Canada anglais lors de la prochaine élection canadienne. Avec plusieurs députés au Québec, il pourrait la maintenir. S’il continue sur la voie actuelle, il ne les aura sûrement pas. C’est surprenant de la part du « grand stratège » comme le surnomme le Canada anglais.
Le pont Champlain est une bonne occasion pour le PM Harper de renverser la mauvaise perception envers lui qui s’implante au Québec. Dans un premier temps, il s’agit du pont le plus utilisé du Canada et les Québécois n’en peuvent plus d’être pris dans les bouchons qui créent des attentes interminables. Un consortium d’ingénieurs a présenté un rapport détaillé et il semble que le pont doit être remplacé. Les ponts qui traversent le Saint Laurent ont toujours été de responsabilité fédérale. Alors pourquoi attendre ? Pourquoi jouer ce jeu irréel de vouloir transférer cette lourde responsabilité financière au Québec ? N’est-ce pas une attitude qui peut nuire à long terme aux bonnes relations des Québécois avec leur gouvernement fédéral ? Allons-nous revenir au temps passé, où il fallait voter du bon bord si on voulait obtenir des investissements du gouvernement ?
Allez, allez, premier ministre Harper, montrez votre ouverture d’esprit…
Claude Dupras

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