Pour vous situer…
À la mort de leur père, j’ai reçu le târ qu’on se transmet dans ma famille de génération en génération. L’instrument m’a résisté, refusant de libérer les accords mystiques qui font la gloire des musiciens d’Iran. Sous mes doigts, il ne semblait plus qu’un morceau de bois sans sève. Étais-je maudit ? Quel crime devais-je donc expier ? À moins que ce ne fût le târ qui portât un secret trop lourd pour vibrer comme autrefois. J’ai brûlé ses cordes et je suis parti trouver le luthier d’Ardabil. Mais changer les cordes d’un târ, c’est changer son âme. Et celle du musicien qui le possède. Je ne reviendrai jamais d’Ardabil.
Alors, avant tout, une mise en situation…
Déjà, si vous êtes comme moi avant la lecture de ce livre, c’est-à-dire que vous avez un peu de mal à visualiser précisément un târ, je vous donne un peu d’aide (sympa, non ?!)…
C’est un instrument à cordes pincées que l’on trouve en Iran, en Azerbaïdjan, en Géorgie, en Arménie et dans d’autres régions du Caucase.
Le târ persan avait autrefois 5 cordes. La sixième corde a été ajoutée au târ par Darvish Khan. Cette corde est aujourd’hui la cinquième du târ iranien. Le târ azéri a une forme sensiblement différente et possède plus de cordes.
Le târ est un des plus importants instruments de la musique classique persane et azérie. La formation, la compilation, l’édition et l’héritage des versions les plus authentiques et les plus complètes du radif sont tous travaillés à partir du târ. Les tendances générales de la musique perse classique ont toutes été fortement influencées par les joueurs de târ.
Ma vision de ce roman
C’est un roman très court que j’ai lu, au départ, j’avoue pour faire la “jonction” entre deux autres lectures “programmées”. J’ai un peu honte d’écrire ça après la lecture… Car c’est un roman, certes court, mais très dense.
Je découvre Yasmine Ghata, attiré, d’abord par le titre qui laisse planer un certain mystère, puis par la quatrième de couverture… Je suis tombé sous le charme de sa plume !
Le târ de mon père, l’instrument tient un rôle à part entière ; selon une croyance ancestrale, un târ ne laisse échapper ses notes que sous les doigts de son propriétaire ou de ses descendants :
“Cet instrument se refusait à jouer entre tes mains car les cordes n’ont pas reconnu leur propriétaire. Les târs sentent l’hérédité de leurs maîtres. Si ces cordes ne vibraient pas entre tes mains, tu dois comprendre les raisons de leur insoumission.”
Et c’est toute cette quête, menée par Hossein et son frère Nur, qui va nous intéresser dans ce livre.
Yasmine Ghata maîtrise parfaitement son art et nous dévoile savamment, presque discrètement, progressivement, au fur et à mesure que les pages s’égrènent, toute l’histoire de ce père récemment disparu, et qui, par la même, changera à jamais la vie des deux frères.
Bonus !
Regardez une interview de l’auteur qui sait parler de son roman beaucoup mieux que moi
POUR ALLER PLUS LOIN
Site de l’Éditeur | Extrait du Livre
Le târ de mon père
Yasmine Ghata
Éd. Fayard, 2007
140 pages