Photographies 1
(détail) et 2 :
Madone aux cèdres de Fra
Angelico, vers 1419-1423, tempera sur bois, 102 x 58 cm, Musée national de San Matteo, Pise. © 2011. Photo Scala, Florence - courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali. Au Moyen-âge en
particulier mais aussi par la suite, les images de la Vierge avec Jésus, son enfant, sont toujours une métaphore de l'oeuvre divine. Cette femme est l'archétype de la création dans sa majesté et
sa splendeur … une cosmogonie que les artistes qui la représentent trouvent autour d'eux dans les figures féminines les plus belles qu'ils peuvent imaginer ou contempler. Celle de cette peinture
est d'une beauté assez surprenante. Son teint est bleu comme l'est celui des deux autres personnages. Elle est maquillée avec finesse : ses yeux sont dessinés, sa bouche est d'un délicat
saumon et ses joues sont rehaussées de rose. Ses cheveux dorés et ondulés semblent être coiffés 'à la romaine' et tiennent un très léger voile. Elle porte une auréole aux volutes végétales. Sa
tunique de la même couleur que ses joues est brodée de fils d'or avec notamment des motifs ressemblant à des flocons de neige. Au dessus, un drapé bleu-nuit est lui aussi brodé d'or et doublé à
l'intérieur d'une matière tout aussi lumineuse. Jésus est totalement nu, tenant dans sa main gauche quatre petites roses très gracieuses formant une croix. La vierge est assise sur un coussin
d'un vert profond, brodé d'or comme le tapis de sol au fond rouge. Presque tout le reste du tableau est doré. Ces couleurs rappellent celles de l'aurore, avec le bleu nuit du drapé qui s'efface à
la lumière or du soleil qui découvre un ciel bleu et les couleurs rosées du matin.
Aborder l'oeuvre de Fra Angelico (1387-1455)
est une véritable expérience mystique. A première vue ses tableaux sont naïfs, d'un primitif italien qui ne semble pas très extraordinaire. En s'approchant on note
les détails, les histoires racontées. On y découvre tout ce que l'on souhaite : réalité, chimères, pauvreté, richesse, religion, vie civile, dessin, couleurs … C'est lorsque l'on revient à
l'ensemble de la peinture que l'on est happé, comme on peut l'être face à certaines icônes. On comprend que ces petites histoires, ces détails, sont des prismes d'une lumière unique d'une infinie
richesse. Le titre Fra Angelico et les Maîtres de
la lumière de l'exposition qui se déroule à partir du 23 septembre 2011 jusqu'au 16 janvier 2012 à Paris, au Musée Jacquemart-André, est donc pertinent. Ce musée est le premier
en France à rendre hommage à ce peintre, figure majeure du Quattrocento. L’exposition présente près de 25 œuvres importantes de celui-ci et autant de panneaux réalisés par les peintres
prestigieux qui l’ont côtoyé : Lorenzo Monaco, Masolino, Paolo Uccello, Filippo Lippi ou Zanobi Strozzi.
Photographies 3, 4 et 5 : Le Couronnement de la Vierge de Fra Angelico, 1434-1435. Inv.
1890, n. 1612, tempera sur bois, 114 × 113 cm, Galerie des Offices, Florence. © 2010. Photo Scala, Florence - courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali.
Cette exposition est aussi une occasion pour visiter le musée Jacquemart-André
Une visite virtuelle Musée Jacquemart-André est visible ici.
© Article LM