Idées de Lecture:Guillaume Le Batard conquérant par La Varende

Publié le 02 septembre 2011 par Jeunenormandie
Une Biographie, traitée en roman Après trente ans d'amitié attentive. A mesure que s'éloignent les hautes périodes de notre histoire nous avons trop tendance à ramener les grands personnages à des figures d'imagerie. Ainsi, Guillaume le Conquérant prend figure de reître du Moyen-Age, brutal, cruel et rusé. L'époque romantique, notamment, l'a travesti en une sorte de mannequin à la carrure immense de héros frénétique. Or, rien n'est plus faux. il fut avant tout un homme, et c'est cet homme que La Varende a découvert après trente années de poursuites, de pèlerinages, de réflexions, de rêveries. Il nous le révèle dans un  livre tout gonflé d'amour du passé, d'émotion, de vérité. Normand comme lui, il a couru dans les mêmes sentiers, respiré le même air, retrouvé les brisées de ses courses passionnées dans les forêts. Il l'a dépouillé de tous les commentaires, les préjugés, des partis pris dont les siècles l'ont peu à peu entouré. Il a voulu l'atteindre dans sa vérité humaine. Alors la prodigieuse mémoire de La Varende réunit tous les détails familiers de l'époque, sa vision de peintre recrée le cadre, son coeur supprime les inquiétudes. D'auteur, il devient un compagnon de Guillaume qui nous raconte ce qu'il a vu, ce qu'il a senti.  Avec lui, nous approchons l'enfant adulé, puis l'orphelin méprisé, traqué; nous connaissons l'athlète vainqueur de la trentaine; puis, après une courte accalmie, quand il a conquis l'Angleterre, nous le voyons obligé de combattre durant vingts années contre les faux amis et les traitres. Méthodique, réfléchi, son ardeur combative, qui fulgure, ne vient qu'après la méditation; le diplomate fonctionne à côté du guerrier. Les pages les plus émouvantes sont peut-être celles où La Varende a évoqué la vieillesse. Les grosses nourritures ont vaincu Guillaume. Il est devenu lourd, apoplectique, la rage succède à la volonté, et il meurt presque abandonné: "le grand-père de l'Europe moderne, l'aieul de tous ses rois, refroidit, à demi-nu, sur les carreaux d'argile seul..." Grâce à La Varende, un de nos plus fortes figures a franchi les siècles pour se dresser devant nous vivante....