Cette étude menée par l'Université de Liverpool conclut que la diminution du taux de tabagisme pourrait réduire la mortalité en l'espace de six mois et qu'une alimentation plus saine entraîne sous quelques mois une réduction du taux de décès cardiaques. Habitués à estimer les “retombées” des politiques de santé publiques à l'horizon d'années ou de décennies, les chercheurs nous expliquent ici tout le bénéfice à bien plus court terme de ces efforts en Santé publique. C'est vrai au niveau des états, des communautés ou groupes de population mais aussi au niveau de chaque individu. Des conclusions souriantes publiées dans l'édition du 27 août de la revue Nature.
L'auteur principal résume: “Notre recherche révèle que les interdictions de fumer et les recommandations en matière d'alimentation ont permis d'importantes améliorations et une réduction rapide des maladies chroniques au niveau des individus et des populations et dans un délai beaucoup plus court que nous l'imaginions, sur une échelle de quelques mois plutôt que de quelques années ou décennies. Cette conclusion confirme que les mesures telles que les interdictions de fumer ou la réduction des graisses saturées sont efficaces pour améliorer la santé et sauver des millions de vies. "
Les politiques de lutte contre le tabagisme ont un effet positif et significatif rapidement sur les taux de mortalité et les admissions hospitalières au niveau de nombreux pays ou groupes de populations, révèle l'étude. L'introduction d'une législation antitabac en Ecosse en 2006 aurait permis une réduction de 17% des hospitalisations liées aux maladies coronariennes et une diminution de 6% des décès cardiaques. L'introduction d'une législation anti-tabac à Helena, une communauté isolée aux Etats-Unis a entraîné une chute de 40% dans les taux d'admission à l'hôpital pour syndrome en l'espace de six mois. Malheureusement, l'abrogation de la loi dans la même communauté a entraîné un retour aux niveaux antérieurs dans les mêmes délais.
Un régime alimentaire plus sain peut aussi avoir très rapidement des effets bénéfiques, toujours en termes de réduction des taux de mortalité liés aux maladies coronariennes. Ce taux de mortalité coronaire a augmenté régulièrement au cours de la 20ème siècle, culminant dans les années 1970 en Europe comme aux Etats-Unis, rapellent les auteurs. Or, un examen plus approfondi montre une baisse dans les années 40, période de diminution soudaine de l'apport en graisses alimentaires de viande et d'animaux en raison des rationnements de la Seconde Guerre mondiale. Plus récemment, une étude sur la prévalence de la maladie coronarienne en Pologne révèle une augmentation continue des taux de décès cardiaques jusqu'en 1990, période d'arrivée de légumes et de fruits bon marché.
D'autres exemples d'études illustrent ces résultats très positifs et plus rapides que prévus, de politiques ou de contextes favorables à une amélioration de l'état de santé. Des conclusions très encourageantes qui devraient motiver politiques et populations à poursuivre leurs efforts…
Source: The Lancet Volume 378, Issue 9793, Pages 752 - 753, 27 August 2011 doi:10.1016/S0140-6736(10)62302-1 “Rapid mortality falls after risk-factor changes in populations” (Visuel Piotr Marcinski@fotolia.com)