Grappillages dans le Bettane-Desseauve 2012

1024 pages pour € 24,90 ttc. Sur le rabat de la couverture, votre code personnel d'accès au site de ce duo de choc du vin.

Je ne connais pas Anne Hudson à qui est dédiée cette édition qui devient de plus en plus un ouvrage allant plus loin qu'un simple répertoire classant des vins et des domaines.

Entre 60 pages généralistes et des index complets, le coeur de ce 2012 se répartit entre 14 régions. Chaque fois, une présentation du millésime, une cartographie (là, on peut nettement mieux faire) et une analyse ne prenant en compte que les vins effectivement disponibles pour les amateurs que nous sommes.

Cette somme du vin est clairement affichée maintenant comme un livre d'auteurs, assumant totalement la subjectivité que cela implique. Ils sont : "sélectifs, indépendants, complets, fiables". Qu'il me soit permis d'insister sur ce dernier adjectif tant il est vrai que toutes les discussions passées, actuelles et à venir sur la valeur des journalistes du vin, à terme, est TOUJOURS validée, un jour ou l'autre, par le sérieux de points de vue totalement indépendants de relations personnelles qui influenceraient trop le commentaire. Les lecteurs ne sont pas stupides et réussissent assez vite à trouver ce qui est complaisant ou pas.

Très content de voir que les travaux de Bertrand Le Guern sont mis en évidence (page 10) et, pour résumer une claire analyse de l'évolution bordelaise, qu'il me soit permis de citer cette phrase :

"… pour ne citer qu'un seul exemple, le Sociando-Mallet vendu l'an dernier 19,90 euros par une enseigne de grande distribution lors des foires aux vins est largement supérieur, en qualité intrinsèque comme en aptitude au vieillissement, à presque tous les Premiers crus des années soixante-dix"

Si ce n'est pas aussi une reconnaissance indirecte de ce que fait le GJE depuis 15 ans…

Les 3 pages que Michel Bettane consacre au système des notes sur 100 ou sur 20 sont à lire impérativement. Il y a là une spécificité bizarre du monde du vin car, comme on le dit souvent, qui irait noter un Gauguin, un Manet, un Renoir, un Bach, un Wagner, une Ferrari, une Aston-Martin, une Vacheron, une Rolex ? Este-ce une création française, ce souci de noter, créé par Michelin avec son Guide Rouge étoilant les meilleures maisons ? Va savoir, Charles…

Je ne connais pas toute l'équipe qui travaille sur ce Guide, mais certains noms commencent à être très connus des amateurs comme Thierry Meyer pour l'Alsace et Denis Hervier l'éclectique. L'oeil de Charneau qui reste un grand modeste, Hélène Durand, Alain Chameyrat, Barbara Schroeder, Guillaume Puzo, Amy Lillard sont les autres partenaires de ce Guide qui doivent supporter les humeurs de Desseauve et l'electron libre qu'est Michel Bettane. Incontestablement, ils méritent une médaille.

:-)

Je sais que Michel va me morigéner, mais j'insiste : je souhaite plus que jamais un petit guide de poche, sur papier bible, où seraient reprises toutes les listes essentielles mises en début de région ("meilleurs vins toutes catégories" - "le bonheur tout de suite" - meilleurs vins à moins de € - meilleurs vins à mettre en cave") avec naturellement, pour chaque cru cité, le commentaire explicitant le style du domaine, ainsi que ses coordonnées. Sans oublier une version at least in english and pourquoi pas en madarin ?

J'aime les "smiley" attachés à de nombreux crus, comme ceux octroyés à Marionnet (sympa de citer le transfert au nom du gamin). Ça peut aider sérieusement lors des choix d'achat.

Ou j'ai manqué la page ou c'est un oubli volontaire des auteurs, mais je n'ai pas trouvé la liste des domaines, rares, ayant 5 BD ou 4 BD. Un souci de démocratie anti-élitisme ? Après tout : qui accède à ces rangs de prestige doit espérer être cité, listé en soi ? Pas grave.

Un travail de bénédictin du style Bertrand Le Guern : quelle est la note moyenne de tous les vins cités ? 13/20 ? 14/20 ? On est loin (et un grand merci pour cette mesure) de la note moyenne qu'on tirerait des Guides de Parker. 

Ceci dit, un vin avec un 13 chez BD, c'est loin d'être décevant. Encore bravo et merci pour cette mesure !

Une question en guise de conclusion : comment doit faire un domaine qui souhaite présenter ses vins alors même qu'il ne reçoit pas de sollicitation d'envoi d'échantillons ? Je pense là, par exemple, au Domaine Laurent Borgeot à Remigny. Ou alors, il aurait été exclu pour insuffisance qualitative ? 

Autre question : comme il n'y a aucune page ni sur l'Allemagne, Luxembourg, Suisse, Italie, Autriche, Espagne : doit-on en déduire que d'ici 5 ans on aura une nouvelle version d'un Guide des plus beaux domaines, peut-être pas mondiaux, mais au moins, européens ? Et pourquoi pas, pour cela, s'associer à quelques belles plumes de chacun de ces pays ?

Aucun rapport : simplement les orgues de St Pierre le Jeune à Strasbourg où Helmut Walcha a enregistré une grande partie de son intégrale.