Kashmira Sheth
Ecole des LoisirsCollection MédiumTraduit de l'anglais (USA) par Marion DantonParu en Mars 2010260 pages11 euros
Roman ados dès 12 ansThèmes : Inde, Tradition, Deuil
Quatrième de couverture : Leela a été fiancée à deux ans, mariée à neuf. À treize ans elle s'apprête à s'installer dans sa belle-famille quand son mari, mordu par un serpent venimeux, meurt de ses blessures. Dans l'Inde des années 1920, il y a pire que d'être un intouchable. C'est être une veuve. Leela va devenir une morte vivante. Rester cloîtrée pendant un an. Oter tous ses bijoux, se raser la tête et ne plus porter qu'un sari spécial couleur de boue. Elle ne devra jamais se remarier. Partout où elle passera, elle portera malheur. Elle est au désespoir. Heureusement, Leela peut compter sur quelques alliés : Kanubhai, son frère aîné, qui a promis de revenir l'aider ; Saviben, sa directrice d'école, qui est décidée à lui donner des cours à domicile. Ainsi que Gandhiji, un drôle de bonhomme qui prend fait et cause pour les paysans, les tisserands et tous les opprimés. D'ailleurs, celui-ci commence à bousculer les traditions et les consciences dans tout le pays...
Leela prépare avec bonheur son arrivée définitive dans la famille de son mari Ramanlal. Elle a 13 ans et elle est déjà mariée depuis sa plus tendre enfance. Il est temps d'entrer dans la famille de son mari et de préparer la cérémonie qui fera d'elle une femme. Fille unique, c'est une enfant gâtée que sa mère ne refuse rien, même pas les bracelets coûteux en verre et en or, les saris colorées et les plats délicieux. Mais toutes ces couleurs, ces parfums épicés au curry contrastent avec le poids de traditions qui sont dures et injustes. Ainsi, prématurément, Leela devient veuve. Rasée, cloîtrée, accablée par le chagrin, elle n'a plus le droit de sortir, de rire, de se remarier...Maudite, Leela qui a treize ans doit se plier à des coutumes strictes et oublier la joie de vivre...
Dans l'Inde des années 1920, être une veuve est pire que tout. Traitées comme des pestiférées, la douleur de la perte de leur mari ne suffit pas à la religion qui accable les veuves d'une souffrance physique et morale. La veuve est bannie, victime de ragots, de méchancetés, montrée du doigt. Elle porte malheur. Tout commençait bien pour la jeune Leela qui préparait avec enthousiasme sa vie d'épouse, accueillie à bras ouverts par sa belle famille. Puis le sari se pare d'une couche de tristesse. Leela vit un drame et son destin devient aussi sombre que son sari, couleur de boue. Après la période des pleurs et du deuil, Leela subit l'isolement. Elle éprouve de la colère pour cette injustice. Oui son mari est mort, mais pas elle ! Pourquoi l'oblige t'on à vivre comme ça ? Pourquoi tant de désespoir alors que la mort est déjà une épreuve en soi... Un sari couleur de boue est un roman d'apprentissage et un roman de réflexion sur la tradition, la religion, la famille. C'est aussi un roman historique qui évoque Gandhi et son combat contre l'injustice des castes, des règles inhumaines et sa volonté de faire évoluer les choses pacifiquement. C'est la défense de l'être humain contre le bien-être de la collectivité. Leela va rencontrer des personnes "éclairées" qui l'aideront à survivre, à trouver sa place : son frère qui s'oppose à la décision des parents, son professeur Saviben qui l'incitera à faire des études, à choisir sa propre voie. Car plus qu'une veuve, Leela veut devenir quelqu'un et vivre en liberté. Dans une Inde qui change, où les rêves de modernité s'affirment, Leela peut choisir son destin. Un roman triste certes, mais dont le message est lumineux et plein d'espoir.
Je remercie Sylvie et L'Ecole des Loisirs pour la découverte.Le billet de Thalie