Un Ange noir
de François BEAUNE
(Rentrée Littéraire -
Libfly/Furet du Nord)
Gallimard (Verticales),
2011, p. 277
Première Publication : 2011
Pour l'acheter : Un Ange Noir
Merci à
et au
François Beaune est né en 1978 à Clermont-Ferrand et réside actuellement entre Lyon et Marseille (résidence La Marelle, Friche Belle de mai).
Il est l’auteur d'Un homme louche, paru en septembre 2009 aux éditions Verticales (Folio, avril 2011).
Quatrième de couverture :
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’ai un secret inexplicable, difficile à décrire. Pour résumer, on ne me trouve pas sympathique.
Journal de cavale, carnet de métamorphose ou confessions d’un antihéros, Un ange noir se joue des genres littéraires, du polar sans flic au roman métaphysique. Brouillant progressivement les pistes, François Beaune nous entraîne dans la logique implacable d’un homme a priori sans histoires, qui vient tout juste d’entrouvrir les portes de sa nature profonde.
Mon Avis :
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orsque j’ai reçu Un Ange noir de François Beaune grâce à Libfly, afin de le lire et le chroniquer pour la rentrée littéraire, je me demandais vraiment sur quoi j’allais tomber. J’ai fait des recherches sur l’auteur - que je ne connaissais pas - et j’ai découvert qu’il était originaire d’Auvergne mais vivait à Lyon, comme moi ! Je ne sais pas comment s’est faite la distribution des livres, mais si c’est le hasard, il est quand même bien fait ! Sans aucune idée de l’histoire, avec le titre et ces informations biographiques comme seules connaissances, je me suis lancée dans ce premier titre reçu, curieuse et confiante.
Avec du recul, je n’arrive toujours pas à dire si j’ai aimé ou non cette lecture, mais elle restera marquante, notamment grâce (à cause ?) de la proximité qui s’est installée entre Un Ange noir et moi, à la découverte des lieux dans lesquels cette histoire prend place…
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L’ouvrage s’ouvre sur un fait divers du Progrès, daté du 13 juin 2007, qui annonce qu’une jeune femme a été retrouvée morte dans sa baignoire dans le 6ème arrondissement de Lyon. La victime s’appelait Elsa - 19 ans -, était étudiante en psychologie et travaillait comme enquêtrice dans un institut de sondages de la ville. Le soir de sa mort (accidentelle ?), elle était sortie dîner avec ses collègues de travail pour fêter l’anniversaire de son chef d’équipe. Sans histoire, elle semblait assez proche d’un de ses collègues, Alexandre, 37 ans, en compagnie duquel elle avait quitté le groupe…
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Le fameux Alexandre est le narrateur principal du texte ; Un Ange noir est en fait son « témoignage », le journal des évènements vu à travers ses yeux. Au fil des pages et des lettres et coupures de journaux qui s’intercalent avec ce qu’il a à dire, Alexandre revient petit à petit sur la soirée en question, sur la relation qu’il entretenait avec Elsa, sur son passé, ses sentiments… Le lecteur découvre alors les pensées d’un homme « malade » qui semble de plus en plus confus au fil des jours, ne prenant pas son traitement.
Sous ses airs de presque quarantenaire timide et bien élevé, bénévole aux Restos du cœur, on comprend vite qu’il y a une certaine folie qui se cache… Et par maints côtés, Alexandre Petit m’a fait penser à Norman Bates, héros de Psychose (notamment dans l’adaptation d’Hitchcock)… un psychopathe, serial killer auquel on donnerait le bon dieu sans confession !
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Si suivre ses pensées et ses actes plus ou moins délirants (par exemple se déguiser en « punk » pour approcher les membres de cette communauté et arrêter celui d’entre eux qu’il croit être l’assassin de son amie Elsa) est une expérience de lecture assez surprenant et marquante, c’est surtout le fait que toute cette histoire se déroule à Lyon, dans la ville dans laquelle je vis, qui m’a « fait de l’effet »… Je ne regarderai plus jamais les « punks à chiens », les clochards ou les « Manouches » de la même façon ; et autant dire que dorénavant, lorsque je traverserai la place des Terreaux ou tout autre lieu foulé par Alexandre Petit, je repenserai à cette histoire ! Peut-être que j’ai plusieurs fois croisé un Alexandre en puissance, sans le savoir…
Je pense que c’est cette proximité géographique avec mon quotidien qui a rendu cette lecture si spéciale et marquante pour moi, car elle rend ce fait divers et ce personnage beaucoup plus « réels », plus « palpables ». Je ne sais pas si un lecteur parisien, breton, marseillais ou que sais-je encore, sera aussi troublé par le témoignage d’Alexandre, mais même s’il ne connait pas les lieux, il pourra tout de même suivre le cheminement de pensées de ce héros inquiétant et malade… hors du commun !
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A mon goût, la force d’Un Ange noir, outre son « contexte », c’est le choix fait par François Beaune d’utiliser la première personne du singulier et de donner la parole à Alexandre, tout en rappelant les faits objectivement en intercalant des écrits extérieurs (coupures de presse, lettre de la mère du narrateur,…). Le lecteur constate ainsi l’ampleur de la « psychose » du narrateur, mais doute quand même un certain temps… Est-ce vraiment lui le coupable ?
C’est un traitement original (du moins dans mon expérience de lectrice) qui peut entraîner une lecture assez « dérangeante ». Si j’ai aimé me retrouver dans le tête d’un homme aussi inquiétant qu’Alexandre, j’ai tout de même été la plupart du temps très mal à l’aise, un peu lassée par moments et n’ai pas toujours accroché à ses différents voyages et découvertes…
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Le bilan est donc mitigé mais tend tout de même vers le positif. Je retiens le malaise (pas forcément un point entièrement négatif) éprouvé à la lecture de ces pensées, l’originalité du point de vue et le côté très marquant du contexte lyonnais.
François Beaune est un nom que je garde en tête et je serais curieuse de découvrir ses futures publications ! Merci donc à Libfly, au Furet du Nord et à Gallimard pour cet envoi !
Les Petits [ + ] : La découverte progressive des pièces du puzzle à travers les yeux d’Alexandre. Le point de vue exclusif (à la première personne du singulier) du héros, un trentenaire pas si innocent qu’il y parait ! Le fait que tout se passe à Lyon ou dans les environs (où je vis) rend les choses beaucoup plus réelles et à la limite de l’angoissant ! François Beaune retranscrit bien ce que peuvent être les pensées, parfois confuses et délirantes, d’un homme tel qu’Alexandre… un psychopathe se cacherait-il derrière l’auteur ?
Les Petits [ - ] :Quelques passages pendant lesquels j’ai décroché, car un peu longuets ou moins « décisifs » pour l’histoire. C’est loin d’être un texte très gai et au sujet « léger » !