En attendant qu’un jour les Editions Sans-Détour nous fassent la surprise d’une réédition du supplément « Années Folles« , voici venu quelques petits trucs et astuces pour jouer à l’Appel de Cthulhu à cette époque.
Un MJ me disait un jour :
Jouer l’Appel en France dans les années 20, c’est comme maintenant, la technologie en moins… C’est vachement plus facile que jouer aux USA !
Sans aller jusque là, disons que cette remarque est suffisamment proche de la réalité pour que l’on s’y attarde un peu.
Un petit peu de contexte
- La Belle Époque c’est (en voyant large) de 1879 à 1914… La saison 1 à 4 de la série télévisée « Les Brigades du Tigre » devrait vous aider à situer un peu le contexte..
- La Grande Guerre, 1914 à 1918 ! Sans vous faire un long exposé de cette guerre, il faut retenir que la France a payé un lourd tribut en vies humaines : 1,4 millions de morts, soit près de 10% de sa population active. Nombreux sont les hommes à en être revenus mutilés dans leur corps et leur esprit. Si vous créez un investigateur français (ou anglais ou allemand) vous devrait en tenir compte dans son background…
- Les années Folles c’est 1920-1929… avides d’oublier les traumatismes des années de guerre, les français (certains) sont friands d’insouciance et de liberté. Musiques, mœurs, cinéma, peintures, art moderne, etc…
Bref, tout ça c’est l’Entre-deux-guerres.
Messieurs, enquêtons !
De la même façon que nous avons défini ce sur quoi il faut se poser des questions dans cet article et celui-ci… Noms de personnes, noms de lieux, noms d’objet, notions… Sauf qu’en France dans les années 20, ce n’est pas tout à fait pareil…
Par où commencer ?
Dans une enquête criminelle
- On dirait qu’il faut toujours commencer par le lieu où s’est produit le crime/délit/acte. Et le lieu en question doit être fouillé à fond, et précautionneusement (quand c’est possible).
- Ensuite, il faut questionner les éventuels témoins directs, les voisins de la victime, et aussi le voisinage du lieu du crime.
- Et enfin, enquêter sur la victime : son histoire récente, son emploi du temps, ses ennemis, ses rivaux… Bref, on essai de trouver une raison à la présence de la victime à cet endroit et pourquoi elle.
Une méthode caricaturale d’investigation policière (encore que…) pourrait consister en l’arrestation des tous les criminels et délinquants présents dans les alentours. Puis on fini par faire avouer celui qui a l’alibi le moins solide… En cas de crime étrange et incompréhensible, ce pourrait être ainsi que la police serait amenée à classer l’affaire.
La recherche d’information dans tous les cas
Dans un village, un hameau, en campagne… Peu de recherches livresques, beaucoup d’interactions sociales.
- Notez que : Les forces de l’ordre présentes sont : Les gendarmes (via les Brigades Départementales) et les gardes-champêtres (pour les communes de moins de 2500 habitants)
- Allez donc voir à l’auberge, restaurant, bistrot, ou café du coin, pour tâter un peu de l’ambiance locale, et pêcher des rumeurs.
- Contactez les autorités locales (gendarmes, police rurale, gardes-champêtres, maire) en ayant une bonne couverture, et surtout sans les brusquer pour éviter de se les mettre à dos.
- C’est à la mairie que vous trouverez les registres de l’état civil, mais aussi en discutant, soit avec le maire, soit l’employé de mairie, vous aurez accès à des informations historiques sur la commune et ses habitants. Un plan cadastral des terres de la commune doit aussi y être accessible, sans compter toutes les informations de base sur les habitants (naissances, mariages, décès, etc…)
- Les églises possèdent aussi pas mal d’éléments, mais dans certaines régions, parfois les registres des églises ont disparu à la Révolution française (1789-1799). Néanmoins une discussion avec le curé est toujours utile.
- Faites un petit tour au cimetière, afin de vérifier qu’il n’y a rien de louche. Et une discussion avec le cantonnier ou celui qui fait office d’employé à l’entretien du cimetière.
- Éventuellement vous pouvez aussi allez interroger le médecin du coin s’il y en a un. Il sera moins enclin à la superstition et aux ragots que ces concitoyens. Sachez aussi que souvent il y a un rebouteux dans le coin, qui est le concurrent direct du médecin.
- L’instituteur est aussi un personnage à interroger, avec le médecin, c’est aussi chez lui que vous trouverez des livres et un peu de culture… Sauf si c’est le curé qui fait la classe (ce qui est très probable).
Dans les villes de moyennes importances
Comme ci-dessus (avec des nuances logiques)…
- Toujours pensez à interroger les notables : Le maire, le curé (ou abbé), l’instituteur, le médecin, le notaire, le pharmacien… Le notaire est un personnage très important, il conserve une trace de tous les contrats, il a un rôle de conseiller juridique, il est la mémoire du patrimoine d’une famille… Demandez-vous toujours qui est le « patron » de la ville, qui commande réellement, qui influence, qui paye, à qui les gens sont fidèles, et envers qui va le respect…
- Consultez la presse locale et régionale… Il y a toujours des trucs à glaner.
Pensez aux monastères et couvents religieux :
Les bibliothèques monastiques furent réputées par le passé, surtout celles d’Orient. Mais aussi à l’époque de Charlemagne, les moines copiste firent un énorme travail… Il doit bien en rester une trace quelque part.
Quelques sites internet à visiter :
- Bibliothèques monastiques
- Abbayes.net, site portail du monde monastique
- Les anciennes bibliothèques de Paris
Dans les grandes villes
Comme ci-dessus… et quelques petites choses en plus :
- Visitez donc le ou les musées, et ayez une discussion éclairée avec le conservateur.
- Allez voir s’il n’y a pas des librairies « spécialisées » (ésotérisme, magie, histoire, etc…)
- Les associations loi de 1901… C’est récent en France, néanmoins, les gens se regroupent autour d’un loisir ou d’une conviction politique, religieuse, spirituelle, alors pourquoi ne pas allez poser la question.
- Les hôpitaux et dispensaires, ont parfois des cas assez étrange non ? Sans oublier les hôpitaux psychiatriques, il y en a au moins un par département en France. Dans les hôpitaux, vous pouvez interroger non seulement les médecins, mais aussi les infirmières, les laborantins…
[source sympa : Histoire de l’internat en médecine, avec pleins de photos historiques]
- A la différence des USA , toutes les villes de France ne vont pas forcément receler une bibliothèque immense avec pleins de manuscrits rares… La bibliothèque Nationale à Paris devrait suffire pour cela. Localement vous aurez peut-être accès aux archives départementales :
L’arrêté du 1er juillet 1921 portant règlement général des archives départementales en définissait officiellement la composition en ces termes :
« a) Des titres des institutions et des établissements de l’Ancien Régime supprimés en 1790 et années suivantes, et des papiers des particuliers séquestrés pendant la Révolution ; b) Des papiers des administrations et institutions publiques qui se sont succédé dans les départements depuis 1790 jusqu’à l’an VIII (départements, districts, municipalités de canton, tribunaux ou commissions révolutionnaires, comités de surveillance, sociétés populaires, etc.) ; c) Des papiers des administrations et établissements dont les lois, décrets ou règlements ont prescrit ou autorisé le versement dans les Archives départementales. »
- Toutes les universités de France ont une bibliothèque universitaire…, et parfois plusieurs. Les dates de création de ces universités sont indicatives. A ces facultés s’ajoutent également des établissement d’enseignement supérieur Catholique ou Protestant (à Angers, Lille, Lyon, Paris, Rennes, Toulouse…)
- Aix-en-Provence (1409)
- Aix-Marseille (1896)
- Alger (1909)
- Angers (1432)
- Bordeaux (1896)
- Caen (1896)
- Corse (1765)
- Dijon (1896)
- Douai (1559)
- Grenoble (1339)
- Lille (1896)
- Lyon (1896)
- Montpellier (1289)
- Nancy (1552)
- Nantes (1460)
- Orange (1365)
- Orléans (1305)
- Paris (1200)
- Pau (1722)
- Perpignan (1349)
- Poitiers (1431)
- Reims (1548)
- Rennes (1735)
- Strasbourg (1621)
- Toulouse (1223)
- Valence (1452)
- Vous pouvez également vous rendre dans un laboratoire privé ou poser des questions à des chercheurs dans des domaines aussi variés que la chimie, la physique, les mathématiques, la médecine ou la biologie…
Ces villes aux mains du patronat et de la bourgeoisie ?
Cliché (ou pas) intéressant que celui de ces villes ouvrières aux mains d’une famille. Cette famille à la tête de laquelle un patron, paternaliste et protecteur, à l’image de Michelin et de Clermont-Ferrand. Ainsi, toute une ville roule pour un seul homme, tout semble lui appartenir ou presque. Et quand il n’est pas maire de cette ville, il a sous sa coupe tous les notables… Autant s’en faire un ami, mais cela serait aussi très compliqué d’enquêter discrètement sans qu’il soit mis au courant.
Ces villes et universités de fiction ?
A l’instar de Lovecraft avec Miskatonic, rien ne vous empêche de créer une université fictive, même dans une ville fictive… Comme l’université de Guernon, dans le livre « Les Rivières Pourpres » de JC Grangé.
Recherches et enquêtes dans les régions « Sauvages »
- Allez donc voir le chef/chaman/sorcier du coin… Et surtout renseignez-vous sur lui avant…
- Un petit tour pour aller discuter avec les autorités coloniales (gendarmerie, gouverneur, préfet, etc..) s’il y en a.
- Souvent, il y a une association (ou club) de chasseurs. Des Grands chasseurs, ceux qui traquent le tigre, le lion ou l’éléphant. Ils ont toujours des histoires passionnantes à raconter. C’est aussi le lieu où vous trouverez à engager un guide et des porteurs. Sans oublier les histoires bizarres et les anecdotes racontées par les habitués.
- N’oubliez pas d’aller parler aux missionnaires quand ils sont présents dans la région.
Tenues pour le safari en 1920
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