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Bonjour aux lapins, colombes, tigres et autres accessoires vivants
Bonjour aux zotres
Océane a lancé récemment un concours dans lequel elle demandait ce qu'évoquait pour nous le mot magie. Comme il se doit, je me suis lancée dans une réponse en 9 points et sans trucages.
Si je devais garder un seul souvenir, une seule association d’idée me venant à l’esprit à l’évocation du mot magie ce serait le mystère du passage du Père Noël. Chaque année, la magie se renouvelait : à un instant T du réveillon, on jetait un coup d’œil dans le salon et il n’y avait rien au pied du sapin et à un moment T+1, comme par magie, les cadeaux étaient arrivés. Le Père Noël était passé pendant que nous dînions dans la salle à manger voisine et personne n’avait rien vu (jusque là, logique, la porte de communication entre les deux pièces étant fermée) ni rien entendu ! (ce qui est déjà plus balaize en considérant la question du passage d’un vieillard ventru muni d’une hôte sur le dos via le conduit d’une cheminée d’une maison de 3 étages). Magique vous dis-je.
Bizarrement (ou pas) les paquets arrivaient systématiquement peu de temps après que mon père soit allé chercher une bouteille de vin à la cave et, en gros, si nous avions surpris le Père Noël, il aurait le seul à rater l’événement. Mais bon comme ce n’est jamais arrivé de toute façon…
Magique, les Harry Potter le sont à plus d’un titre (voire à plus des 7 titres qui composent la série). Ces romans sont magiques par l’histoire de leur auteure pauvre qui écrivait au café du coin en hiver parce qu’elle était trop fauchée pour chauffer son appartement et qui est devenue une des femmes les plus riches d’Angleterre voire du monde, (une légende urbaine savamment marketée selon certain(e)s, je ne sais pas), magique par les personnages et l’univers bien sûr, magique par l’engouement suscité par ces livres, magique par les ventes record, magique parce que ddes millions d’enfants récalcitrants à ouvrir un bouquin se sont mis à avaler des pavés de plus de 500 pages, magique par la qualité globale de l’ensemble sur le fond comme sur la forme qui en a fait une œuvre trans-générationnelle.
Qu’on aime ou pas, qu’on le veuille ou non, en littérature enfantine (voire en littérature tout court), il y a un avant et un après Harry Potter.
Si tout le monde connait HP, qui se souvient de Mandrake le magicien ? BD Comic US peu ou prou du même tonneau et sans doute de la même époque que Guy l’Eclair et que la tripotée de super héros Marvel. J’ai découvert ses aventures dans le Journal de Mickey auquel j’ai été abonnée plusieurs années puis j’ai recherché les albums intégraux à la bibliothèque de mon quartier.
J’adorai Mandrake pour l’univers fantastico-policière de la série, pour l’élégance des personnages (Mandrake ne se téléportait jamais sans son haut de forme et sa cape doublée de rouge) et bien sûr, pour le côté spectaculaire des tours de magie qu’il réalisait (David Coperfield peut se rhabiller).
En tant qu’enfant, j’ai un souvenir marquant (assorti d’un fou rire) lié à un spectacle de magie foireux dans un terrain de camping. Le magicien s’évertuait à hypnotiser un ado facétieux assis sur un fauteuil… Comme visiblement ça ne marchait pas du tout, le magicien tentait d’immobiliser l’ado dont la position devenait de plus en plus horizontal tant l’hypnotiseur du dimanche (et du camping), quasiment assis sur lui, exerçait une pression physique faute d’exercer la moindre influence mentale.
Je garde l’image précise de la scène gravée dans ma mémoire. Il était chaussé de tongs et jouait avec, battait des pieds dans le dos du magicien pour bien montrer à la foule à quel point il était éveillé malgré les dénégations pathétiques du magicien. On ne pouvait pas non plus ne pas voir les efforts désespérés de l’ado pour contenir son fou rire et ceux du magicien pour l’empêcher de bouger sous les yeux navrés de son assistante qui, elle, suivait la danse des tongs et à qui le ridicule du numéro foireux n’échappait pas.
Dans une minuscule salle du centre de Paris, un magicien sur le retour, sans doute un peu aigri, proposait sans entrain un spectacle convenu devant un (très) jeune public (heureusement) conquis d'avance. Par ses compétences relatives et, surtout, par sa perceptible mauvaise volonté, il a cependant réussi à installer un malaise et il était palpable que les gosses eux mêmes avaient envie que la mauvaise plaisanterie se termine vite.
J’avoue, je me souviens très rarement des histoires drôles (ou cataloguées comme telles) et en faisant un énooooooorme effort de concentration et de mémorisation je dois arriver à 4 ou 5 devinettes et histories à tout casser : il y a celle de la bourriche d’huître envoyée à des belges, celle du cochon qui sait compter, celle des 2 potes qui passent devant Saint Pierre, celle des 4 formes de jouissance féminine (ma préférée, celle qui me vaut un franc succès auprès de mon auditoire masculin) et puis, il y a l’inévitable blague du type qui drague une fille en soirée en lui disant qu’il est magicien. Bon, tout le monde la connait, hein ? Elle est con, sexiste, mais avouez qu’elle est drôle.
Au cours de mes déplacements professionnels au Maroc, en Guinée ou au Sénégal, quelques anecdotes m’ont permis de mesurer avec étonnement l’emprise de la croyance en la magie en Afrique. Même en ville. Même auprès des jeunes. Même auprès de personnes très éduquées/diplômées. Même auprès de personnes ayant vécu voire ayant été élevées en Europe. La superstition est omniprésente (à titre personnel j’ai tendance à même la religion dans le même sac mais je vais tâcher de cloisonner pour une fois) et le marché des gris-gris est florissant.
Parfois ça se manifeste de façon ridicule et comique comme lorsqu'un jeune homme de 20 ans croit dur comme fer que les mamans marocaines sont capables par magie de "vérouiller" le sexe de leurs filles afin d'empêcher toute pénétration avant le mariage. J'ai eu connaissance de cette "pratique" (dont j'ai oublié le nom) via un magazine féminin qui l'évoquait en termes visiblement mesurés pour ménager la chèvre et le chou, ne pas déplaire à celles et ceux qui y croient, ne pas passer pour trop ringard auprès des moins crédules. L'article était illustré de moult témoignages (bizarrement) d'hommes confrontés à cette enquiquinante sorcellerie. En revanche, aucun témoignage de psychologue pour expliquer qu'un blocage apparemment physique peut avoir des causes exclusivement psychologiques et aucunement magiques. Bref.
Parfois ça se manifeste de manière nettement plus dramatique. Ainsi ai-je vu au Sénégal un reportage ahurissant consacré aux meurtres d'albinos, en tanzanie notamment. Cette pratique, encore répandue et parfois pratiquée par les pères eux-mêmes vendant leurs enfants, a pour cause une croyance selon laquelle des os d'albinos placés dans une mine permettraient de trouver un filon, dans un lac du poisson, etc. Ca fait froid dans le dos. Quelques infos édifiantes ici.
Cela dit, il n'y a pas qu'en Afrique que la crédulité pousse au ridicule ou au pire. Je me souviens de reportages de TF1 (forcément) au fin fond du trouduc de nos riantes campagnes où des retraités visiblement pas très clairs mentalement lardaient des poupées d'épingles et punaises pour se protéger de leurs voisins avec qui ils étaient en conflit depuis des lustres. Je me souviens d'un type convaincu qu'il avait été envouté et que quelqu'un lui avait placé un furet dans le ventre qui s'était introduit un ameçon lesté de viande dans l'anus afin d'attraper la bestiole. Il avait juste choppé une bonne déchirure et pas mal d'emmerdes (c'est le cas de le dire).
Il y eu une vague d'émissions dévoilant de spectaculaires tours de magies. Certain(e)s'indignaient, d'autres rétorquaient que ça ne priverait pas du plaisir face au spectacle et à la technique. C'est vrai (si on aime la magie) et même si j'ai regardé (en zappant) quelques révélations de tour, je ne me souviens d'aucun des trucs expliqués. Comme quoi...
On parle souvent de la magie d'une rencontre et une de celles que j'ai vécues reste un mystère total pour moi qui, encore de nos jours, me laisse plus que perplexe. Je n'ai jamais été particulièrement romantique et je n'ai jamais cru au coup de foudre. Pourtant j'en ai très curieusement vécu un... à distance et par écrit ! Sur un site de rencontre, un homme m'avait écrit 2 ou 3 lignes assez banales qui m'ont pourtant fait ressentir physiquement un choc en pleine poitrine. En cliquant sur son profil pour lire son annonce, j'ai ressenti une 2e décharge, puis une autre face à la photo de... sa clavicule.
Nous nous sommes vus le lendemain et tout me plaisait chez lui : son physique, sa voix, son regard, son job (ben oui, ça compte), sa façon de bouger, son intelligence, sa sensibilité, sa fragilité. 7 ou 8 ans plus tard, j'ai encore son odeur dans les narines et tous les sens en éveil à la simple évocation de cet homme avec qui je suis sortie pendant environ 1 ans avant qu'il ne parte vivre en Ukraine (sans moi...).