Soleil, pluie, personne ne sait où se mettre en ce début d’après-midi à Rock en Seine : sous les arbres ou bien près de la scène ? Finalement l’éclaircie se fait et les Hushuppies peuvent commencer leur set avec une introduction progressive vite supplantée par le tube « You’re gonna say yeah ».
Attaquant avec une longue montée en puissance, les Hush’ entrent dans le vif du sujet en faisant vrombir guitare, basse et batterie à l’unisson. S’enchaînent alors le single du groupe You’re Gonna Say Yeah suivi de l’efficace Down Down Down. La suite, c’est une prestation carrée et sans supplément folie pour le groupe originaire de Perpignan. Alors que les accords de Myra Lee continuent vaguement à faire « danser » la scène de l’industrie, on attend Cage The Elephant. Certains, dépités, restent sous la pluie avec leur k-way tout moche. D’autres, à la bière, dansent.
Et le concert peut alors commencer.
Pas vraiment fan du son, je dois reconnaître que le leader-chanteur Matt Schultz, en plus d’une vois, a de la gueule. Il se défonce en arpentant de long en large la scène de la cascade, sans laisser de marbre le public présent. Je me tourne à 45 degrés sur ma gauche et je me retrouve face à ma curiosité.
Face à un imposant mec de la sécurité, mais surtout à la scène de l’industrie : Birdy Hunt ou pas ? Du rock français ou non ? Bon, ok les Hushpuppies, sans être révolutionnaires, étaient sympathiques. Alors pourquoi ne pas donner une chance à ce groupe francilien qui, « soit-disant », a passé toute son enfance musicale en Angleterre comme il écrit dans le programme ? La question en réalité est : est-ce que le fait d’habiter le pays de la pop permet de faire de la bonne musique ? Une demi-heure plus tard, et malgré un chanteur correct et un claviériste à fond les ballons, la réponse est non.
Je me suis même demandé pourquoi les groupes de rock anglo-saxons avaient autant de talent quand les français ne sont pas qu’à faire dans le mimétisme et l’apparence (Phoenix étant l’exception qui confirme la règle). Je ne sais toujours pas pourquoi. D’ailleurs, comble de mon bonheur, il est 17h35 et les BB Brunes commencent leur set. Je passe en courant devant eux, le temps de prendre une photo souvenir.
Et bonne nouvelle pour tout festivalier qui possède deux oreilles, il se met à pleuvoir. Quelques chansons dispensables et une reprise plus tard, les « baby rockers » (comme ils détestent être nommés ainsi) déguerpissent et laissent la place à la musique et au soleil. Mersea.
Heureusement, The Streets débarquent sur la grande scène. Mais j’en profite pour rapidement jeter un coup d’œil à l’expo photo de monsieur Renaud Monfourny, co-fondateur des Inrockuptibles.
The Streets. Les anglais avaient remplacé Amy Winehouse haut la main en 2008, le groupe britannique remplit son contrat : un son agréable et une ambiance géniale. Quelques dizaines de minutes plus tard, je regarde, dubitatif, Austra.
Je ne sais pas d’où ce groupe sort mais je veux immédiatement l’oublier. Du Bat for Lashes pour collégiens, non merci. Je décide donc de tenter le buzz pour le buzz et je m’en vais m’essayer au son de Wu Lyf. Sur la route, les dégâts des eaux sont visibles, mais aucun plombier à l’horizon.
Hermétique à tous les articles sortis sur le groupe mancunien, je me dirige pour la première fois vers la nouvelle scène pression – mea culpa, j’ai raté Death in Vegas et Edward Shape.
Peu avant que les Wu Lyf occupent la scène, signe du destin ou non, une fille qui s’était approchée des barrière tombe subitement. Imperturbable, le groupe sort alors de la brume artificielle de Rock en Seine. Derrière eux, une sorte de croix bizarroïde.
Le set débute et l’ambiance caverneuse et indie ressort parfaitement sur cette scène isolée et en adéquation avec le groupe de Manchester. Le bassiste des World Unite! Lucifer Youth Foundation nous offre même une pause émotion.
Je sors tout drôle du live des Wu Lyf avec une seule idée en tête : retrouver les Arctic Monkeys que j’avais aimé aux Arènes de Nîmes en 2007. Je serai pas déçu.
Le rock est mort, vive Arctic Monkeys ! Amy et Oasis décédés, il ne reste plus grand chose dans la galaxie rock. Kings of Leon ? Non merci. The Vaccines ? Pourquoi pas si on est sourd. Peut être les Foo Fighters ? Les quoi ? Non, décidément, tous les espoirs reposent sur le seul groupe rock stable depuis une décennie, les singes de l’Arctique. Et Alex Turner, qui avait notamment interpellé Shortlist à propos de continuer à défendre la musique rock, prouve avec ce concert, un peu éméché et avec un égo à faire pâlir BHL, que le groupe peut réussir à produire un live rock démentiel.
Les mecs de Sheffield enchainent à la perfection leurs compositions, pourtant différentes, de leurs quatre albums, réussissant à imbriquer autant les pop songs des débuts que la période américaine des deux dernières galettes. Le public s’est rassemblé en masse autour de la grande scène pour voir l’un des seuls groupes de rock potable de Rock en Seine. Sans tomber dans la musique de stade, les Arctic Monkeys ont su prouver à la tombée de la nuit que, malgré leur trip américain chez Josh Homme, il faudra encore compter sur eux.
On quitte la deuxième journée après un court passage chez les Wombats qui, décidément, n’ont toujours pas décidé de grandir musicalement.
Les bonnes vielles chansons du premier album font toujours sourire mais celles du deuxième (This Modern Glitch) demeurent poussives. Sur le chemin du retour, nos pas sont accompagnés par la musique enivrante d’Etienne de Crecy. De loin, une chaude ambiance. La tête dans le cul et les jambes dans le ventre, on prend civilement le métro.
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