Ce calendrier montre à l'envi qu'en Suisse on se presse avec lenteur pour changer les choses : il n'y a pas le feu au lac, dit-on ici...
En lisant la brochure ici relative aux votations qui ont lieu dimanche prochain,
force est de constater que l'initiative et le contre-projet sont l'expression de deux visions antagonistes de l'école vaudoise.
On ne sera pas étonné que la gauche et les verts soutiennent le contre-projet à l'initiative. Il correspond très bien à leur vision du monde de l'école où tous les élèves doivent être
logés à la même enseigne, au nom de l'égalité, où la compétition doit être bannie, où il ne faut pas traumatiser trop tôt les élèves avec des notes, où l'important n'est pas
de savoir mais de découvrir.
A l'inverse on sera surpris que seule l'UDC s'oppose au contre-projet, que les partis du centre soutiennent tous le contre-projet et que, parmi eux, seul le Parti Radical s'oppose à l'initiative. En effet la vision du monde de l'école que reflète l'initiative est pourtant bien celle que devraient avoir la droite et le centre droit, s'ils étaient cohérents avec eux-mêmes.
A l'heure actuelle il y a trois filières dans le secondaire de l'école vaudoise : VSB, voie secondaire baccalauréat, VSG, voie secondaire générale, et VSO, voie secondaire à options, cette dernière voie étant une voie préprofessionnelle, dont le programme mériterait d'être étoffé.
Initialement la gauche et les verts voulaient imposer une voie unique, toujours cette tentation de vouloir tout uniformiser, de mettre tout le monde sur le même plan, de ne pas accepter les différences.
Devant les récriminations et pour obtenir le soutien des partis du centre, la gauche et les verts ont accepté de ne réduire les trois filières qu'à deux, VSB étant conservée - jusquà quand ? -, VSG et VSO ne formant plus qu'une seule filière hétéroclite.
De même, pour obtenir le soutien des partis du centre, la gauche et les verts ont consenti à un retour des notes plus précoce que ce qui était prévu à l'origine. Si l'initiative prévoit ce retour dès la 1ère année, le contre-projet ne le prévoit qu'à partir de la 3ème et ne veut surtout pas entendre parler de moyennes générales exigeantes : l'élitisme, voilà l'ennemi !
On sent bien qu'il s'agit là d'un compromis politique, la gauche et les verts étant d'une manière générale, plutôt favorables aux seules appréciations, moins traumatisantes pour les pauvres élèves, qu'aux notes, qui sont pourtant une préfiguration de ce que la vraie vie leur réserve, de manière plus ou moins explicite.
La gauche et les verts aiment le flou : dans le contre-projet les études sont organisées en cycles de quatre ans au lieu de deux actuellement, tandis que l'initiative prévoit un découpage annuel des programmes, plus naturel et correspondant, en outre, à l'évaluation des élèves.
Pour rester dans le flou, les enseignants bénéficient de la liberté pédagogique avec le
contre-projet, ce qui conduit au n'importe quoi, l'élève étant placé au centre, avec les résultats que l'on sait, tandis que l'initiative prévoit le retour à une pédagogie
explicite, c'est-à-dire structurée, systématique et accessible au commun des mortels.
En résumé : d'un côté des enseignants mué en animateurs, de l'autre des enseignants qui...enseignent et ont de l'autorité, ce qui est évidemment abominable...
Comme on le voit, il n'y a pas à hésiter pour ceux qui seraient encore indécis : pour enrayer la dégradation des
connaissances et du comportement des élèves il faut dire oui à Ecole 2010 et non à LEO.
Francis Richard