Voir toute cette
agitation au PS, ce foisonnement d’idées, cette ébullition cérébrale, cette
diversité de points de vue, cette richesse de personnalités toutes plus
brillantes les unes que les autres, peut tout à fait légitimement être
considéré comme le signe d’un parti dynamique, moderne et vivant qui participe
pleinement à la vie démocratique de notre pays.
Pour autant, derrière cette belle et démocratique façade, il y a quelque
chose d’intrigant, de difficile à comprendre et par là même de dérangeant
!
Voilà un parti qui est dans l’opposition depuis presque 10 ans et qui donne
l’impression de tout réinventer 6 mois avant l’élection présidentielle, en
clair d’improviser !
Pourtant 10 ans c’est long, ce ne sont pas les fervents soutiens du PS qui me contrediront (même si je les
soupçonne de préférer rester confortablement dans l’opposition)!
En 10 ans on peut en faire des choses, sans attendre le dernier moment
!
A commencer par se définir une ligne idéologique claire et admise par tous,
se constituer les bases d’un projet solide, cohérent, réaliste et admis par
tous, s’entendre sur celle ou celui qui sera admis par tous comme le mieux
placé pour le porter lors de la prochaine élection présidentielle !
En bref, se constituer un fond programmatique, une image et une personnalité
adaptée à notre époque, qui puissent être perçus facilement et pourquoi pas
positivement par les français !
Le Parti Socialiste avait 10 ans pour se débarrasser de tous ses handicaps
structurels qui l’ont amené à l’humiliation de 2002 !
Tout cela évidemment tout en gardant suffisamment de souplesse
intellectuelle pour pouvoir s’adapter à un contexte économique et politique en
perpétuel mouvement !
Or de tout cela, il n’en n'a rien été !
Le fameux projet du PS, aurait pu constituer une première pierre à l’édifice
de reconstruction mais ce fut un bide de première catégorie, la meilleure
preuve étant que tous les candidats à la primaire se sont lourdement assis
dessus !
Tardif, sans imagination, rempli de vieilles recettes d’il y a 30 ans,
irréaliste sur beaucoup de points, faussement consensuel, ce projet a non
seulement été inutile mais il n’a fait que confirmer l’image d’un parti divisé,
hétérogène et qui n’a pas su s’adapter aux réalités d’aujourd’hui comme il
n’avait pas su le faire, en son temps, à la réalité économique des années 1980
!
Pendant presque 10 ans, le PS s’est donc contenté de ré-enfiler ses habits
de parti d’opposition, et le voilà maintenant qui, par l’intermédiaire de sa
primaire, s’agite dans tous les sens pour tenter de rattraper le temps perdu
!
Quelques uns de ceux qui ont largement contribué à maintenir le parti dans
une douce léthargie pendant des années et en premier lieu son ancien secrétaire
général, sortent soudainement de leur confortable mais triste boite ouatée pour
surgir tels des
diables, pour proclamer à la face de la France entière qu’ils ont plein
d’excellentes idées originales pour redresser les comptes d’une France
nécessairement juste et solidaire et dont tous les habitants retrouveraient
boulot, pouvoir d’achat et retraite à 60 ans (au plus tard) !
Je sais que l’élection présidentielle est la rencontre d’une femme ou d’un
homme avec le pays et non pas celle d’un parti avec le pays, et qu’elle
transcende les candidats, mais là, ce n’est plus de la transcendance mais une
transformation radicale qui tient du miracle !
Entre le François Hollande secrétaire général et le François Hollande
candidat, ou entre le Parti Socialiste pris globalement et ses candidats pris
unitairement, c’est la même différence qu’entre l’eau et le vin ou entre la
citrouille et le carrosse !
Mais là le miracle est tel, qu’à côté Jésus ou la fée marraine apparaissent
comme des magiciens de seconde zone !
Mais, c’est marrant, comme pour le vin ou pour le carrosse, j’ai du mal à y
croire !