Aujourd’hui, nous passerons très brièvement sur l’actualité politique: sachez en substance que Laurence Parisot a peur des percussionnistes qui en veulent à l’euro, que Nicolas Sarkozy est accusé par une ancienne juge qui a instruit l’affaire Betttencourt de reproduire les réflexes de papa Chirac, et que Luc Chatel veut rétablir les cours de morale à l’école primaire, pour empêcher nos chères têtes blondes de mettre les coudes sur la table (et la main dans la culotte de leur camarade de même sexe, aurait ajouté Christian Vanneste). Laissons nos grands fauves s’ébattre dans la jungle financière et législative pour parler d’un sujet autrement plus digne d’intérêt.
Alors qu’en France, le sanglier de la côte bretonne meurt empoisonné par une algue polluée par le lisier chimique de son frère cochon, un peu comme l’Homme africain sous les coups du savoir-faire français cher à Michelle Alliot-Marie, et que le loup ,qui goûte peu les croquettes, se voit astreint au régime et à l’exil pour éviter l’ire du berger comme le sans-papier fuit la police, la perfide Albion voit revenir dans ses rivières nombre d’espèces animales dont l’habitat était devenu plus insalubre qu’un appartement de Tottenham. Ainsi, l’agence britannique de l’environnement a pu recenser, dans la Tyne, la Tamise et la Mersey le retour du saumon, de l’anguille, de la truite et de la loutre, grâce à l’application en droit anglais d’une directive européenne (calmez-vous, Mme Parisot, ça va aller). La fermeture des mines et l’encadrement strict des normes de rejets industriels ont rendu à leur habitat naturel ces sympathiques espèces qui n’ont pas l’heur de pouvoir démolir toutes les vitrines de Londres pour faire entendre leurs revendications qui sont non moins légitimes que celles des syndicats. Rien qu’au mois d’avril, 110 millions de livres ont été consacrées au nettoyage des rivières anglaises qui étaient déclarées biologiquement mortes il y a à peine 30 ans tant elles étaient souillées de charbon, et on se prend presque à rêver que la crise finira de remettre l’Homme sur le chemin du repentir et de la réconciliation avec la loutre, dont le doux regard appelle plus la tendresse que celui de Nadine Morano.
Mais l’oeuvre de décolonisation du règne animal reste encore un chantier babylonien. A peine le saumon et la truite se retrouvèrent libres et tout étonnés de pouvoir se décontracter la nageoire et les branchies dans l’eau claire, que le pêcheur retrouva les berges des rivières et la joie sadique de percer la joue du poisson innocent et de lui infliger une interminable apnée, pour au mieux le relâcher mutilé, et au pire pour lui faire le déshonneur de servir d’ingrédient dans ce camouflet au sens du goût qu’est la cuisine anglaise. De même, à la même époque où les parents soulagés confient leur enfant au pénitencier scolaire, le chasseur sort de sa léthargie estivale, revêt sa tenue de camouflage, s’équipe de cinq litres de vin et arme son fusil pour aller flinguer lâchement le sanglier qui a survécu à l’algue tueuse ou l’oiseau de retour de migration qui n’aspire qu’à couver tranquillement pour pérenniser le piou-piou qui est la symphonie sylvestre que nul Mozart n’égalât jamais. Le pire, c’est que ce brutal paramilitaire d’opérette voudrait nous faire croire qu’il contribue à réguler l’écosystème, alors que l’étendue de ses connaissances scientifiques s’arrête souvent au nombre 12,5 qui précise le degré d’alcool que contient son petit déjeuner.
Dans un prochain épisode, nous sifflerons comme un rossignol quand un matador se fera embrocher par un taureau, et si un candidat à la présidentielle daignait montrer un quelconque intérêt pour la cause animale, nous l’inviterons à admirer la loutre facétieuse et la truite virevoltante en sirotant un stock de vin rouge préalablement volé à un chasseur qui en mourra sans doute de chagrin, et nous en sommes fort aises.