Des sujets qui a priori n’ont pas trop de rapports entre eux, et que pourtant je n’arrive pas à dissocier.
Mardi dernier, Philippe Dallier, sénateur UMP du 93 chargé d’un rapport sur le Grand-Paris par l’Observatoire de la décentralisation du Sénat, recevait la presse pour parler du Grand-Paris. Visiblement on ne s’est pas battu dans les rédactions pour traiter le sujet. Une dépêche AFP reprise sur lemonde.fr, j’ai peut-être raté le reste. Pourtant, connaissant la liberté de ton de Philippe Dallier, difficile de croire qu’il n’y ait absolument rien eu à écrire, surtout en période de campagne électorale municipale, mais aussi cantonale, lorsque l’on annonce la suppression des conseils généraux des départements de petite couronne. Yves Jégo, député maire UMP de Montereau et porte-parole de l’UMP, a lui trouvé matière à répondre, pour dire sur 20minutes.fr que « l’idée de fusion des départements n’est pas réalisable ». « Pensez-vous vraiment que les Hauts-de-Seine vont vouloir fusionner avec la Seine-Saint-Denis ? » explique le porte-parole de l’UMP, faisant preuve d’un courage politique inversement proportionnel à son cynisme, en attendant que Sarkozy rétablisse la morale à l’école. On peut d’ailleurs se demander pour qui prêche Jégo. S’il avance l’idée d’une communauté urbaine pour le Grand-Paris, il précise immédiatement que celle-ci ne doit pas « être synonyme de la mort de la région. Le conseil régional doit conserver toutes ses compétences », tout juste concède-t-il que « en terme de transport par exemple, la communauté urbaine deviendrait un acteur essentiel du syndicat de transports d’Ile-de-France ». Et pour cause, lorsque le journaliste lui demande s’il serait intéressé par la création d’un secrétariat d’Etat au Grand-Paris, Jégo répond simplement « non… je serai candidat à la présidence de la Région Ile-de-France en 2010 ». Charité bien ordonnée commence par soi-même.
Et puisque la presse aime aller le matin en banlieue, comme on l’a vu lundi à Villiers-le-Bel, j’inviterai volontiers la presse à venir vivre le grand frisson du RER A le matin. Une nouvelle fois je reviens sur mes trajets Fontenay-sous-bois le 8ème arrondissement de Paris. 1h20 hier matin pour les 15 kilomètres qui séparent mon domicile de mon lieu de travail. Bref, en arrivant hier, message jaune sur l’écran des horaires signalant un “accident grave voyageur à Lognes”. Je me renseigne tout de même pour m’entendre dire, qu’il n’y a aucun problème sur la branche Boissy, puisque l’incident est sur l’autre branche. Le nombre de voyageurs ressortant et le quai bondé me font bien douter, mais j’attends, le train doit arriver dans une petite dizaine de minutes, et sera suivi par deux autres, très rapprochés. Je me plonge dans la lecture du journal. Vingt minutes plus tard, la voix du haut-parleur m’informe que « suite à accumulation de retards, le prochain train sera à quai dans 5 minutes ». Le quai est noir de monde, je ressors et m’informe auprès des agents RATP. Oui, il y a des problèmes, accumulation de retards, oui, c’est comme tous les jours, non, ça n’a pas de rapport avec l’autre branche. Le ton monte, avec d’autres voyageurs, on commence à s’en prendre à la RATP. “Non, ce n’est pas la RATP” se met à hurler une agente de la régie, “c’est le STIF, c’est la faute au STIF qui impose tous ces trains supplémentaires. Et puis vous savez, vous êtes un million qu’on doit transporter tous les jours sur la ligne A, alors, c’est trop“. Là à part le suicide collectif, je ne vois pas de solution. La ligne 1 est-elle en carafe comme la veille ? Après consultation de l’écran, c’est oui, tant pis, je reprends la voiture, direction Château de Vincennes, il y a une rame. Gare de Lyon, changement pour la ligne 14, on ne sait jamais. La salle de correspondance donne un étrange spectacle, gestion de crise à la RATP. Il y a des agents partout, j’en repère un, devant un guichet de renseignements qui distribue des bulletins de retard comme des tracts publicitaires. Il ne demande rien, les bulletins indiquent juste la ligne A, la date avec un mauvais tampon RER A Gare de Lyon. Durée du retard, nature de l’incident, direction, matricule, signature, l’usager peut compléter à sa guise. “Ben oui, un macchabée je vous dis, il y a un macchabée à Lognes, c’est pour ça“, explique l’agent de la RATP. L’incident voyageur grave vient de sortir de la rhétorique classique RATP. En arrivant au bureau, je lis dans le cahier Paris du Parisien, Municipales, le match des transports . On y parle de “Panafieu qui piste les embouteillages” et de “Delanoë qui triomphe dans le tram“. Dommage qu’ils ne soient pas venus dans le RER A hier matin, comme avant-hier matin, comme… RER A trafic perturbé annonçait le site de la RATP. Par chance, je ne travaillais pas aujourd’hui.Tiens avant de m’arrêter de râler, comme d’habitude. J’ai reçu un communiqué de presse de Carré Vert. Tout fier de m’informer que ce « collectif citoyen » avait « détourné la circulation du Périphérique au niveau de la porte d’Asnières. Nous avons installé sur la chaussée un Carré Vert de 200 m², symbole de résistance à l’asphyxie et à la pollution de nos villes par le trafic automobile. » Sur ce carré vert de 200 m2 on voyait matérialisées 4 voies, une pour les voitures, une pour les taxis, et de l’autre côté d’une séparation faites d’arbustes, une voie pour les vélos et une pour les piétons. Carré Vert écrit qu’il est « urgent de repenser en profondeur l’organisation des déplacements urbains pour créer les conditions d’une mobilité soutenable. » et d’appeler « les propriétaires de voitures et motos à moins utiliser leur véhicule motorisé, à lui préférer aussi souvent que possible les transports en commun, le vélo et la marche. » Denis Baupin, adjoint Vert aux transports du maire de Paris et candidat opposé à ce dernier pour les prochaines municipales était présent dans ce happening pour une « mobilité soutenable ». Mobilité soutenable, j’y repenserai le matin en attendant le RER…
Entre les agents RATP qui disent qu’on est trop nombreux à un million de passagers par jour sur la ligne A du RER, et lesJean-Paul Chapon