Nous sommes toujours en compagnie de Dylanesque. Après avoir ouvert une bouteille, il allume une cigarette et accepte de parler de son sujet de prédilection : Dylan. Et la musique en général...
Reporter : Parlons musique maintenant, si vous le voulez bien...
Dylanesque : Je le veux bien. À l'origine, ce blog ne devait parler que de ça. Mais je peux pas parler de musique sans parler de moi et parler de moi a pris le dessus.
Reporter : Oui, il a pas mal changé ce blog... Il va avoir quatre ans bientôt, c'est ça ?
Dylanesque : Oui, à l'automne.
Reporter : À quoi bon tenir un blog en 2011, à l'heure de Facebook, Twitter, Tumblr, à l'heure où on dissèque la musique et où l'on dévoile sa vie privée à tous les coins du net ?
Dylanesque : Tant que je pourrais pas passer trois heures à disserter sur Dylan avec mes amis, j'écrirais sur ce blog. Tant que je ne pourrais pas vomir mon malheur pendant des heures sur mes amis, j'écrirais ici.
Reporter : Ou vous pourriez tenir un journal intime.
Dylanesque : Il va pas tarder à pleuvoir...
Reporter : La musique, donc. J'imagine que Bob Dylan vous a accompagné tout au long de l'été.
Dylanesque : Oui. Je crois bien que mon obsession pour sa musique et lui n'a jamais été aussi grande. Il m'a suivi jusqu'à Barcelone et à fait partie intégrante du séjour. Et maintenant que je suis de retour, il est toujours là, plus que jamais.
Reporter : Il faut préciser pour nos lecteurs que vous possédez une immense collection de bootlegs (ndlr : disques pirates, contenant des chutes de studio, des captations live et la quasi-intégralité du "Never Ending Tour", la tournée sans fin lancé par l'artiste en 1988 et qui continue encore aujourd'hui).
Dylanesque : Oui, j'ai fait le plein de trouvailles récemment. Je possède exactement, 3350 morceaux de Dylan sur mon ordinateur. Dont 85 versions de "Like A Rolling Stone" et 58 d'"All Along the Watchtower". Je possède la quasi-totalité de sa discographie en vinyle et en CD. Et le pire, c'est que j'en suis fier. Que je me vante de cette folie qui fait mal à mon disque dur et à mon porte-monnaie.
Reporter : Quel est l'album que vous avez le plus écouter cet été ?
Dylanesque : "Love & Theft". Que j'ai redécouvert après n'avoir jamais vraiment su comment le savourer. C'est simple : il suffisait d'être loin de chez moi, sous le soleil espagnol, de lui donner de l'attention, de l'écouter en marchant dans les rues de Barcelone. Autant d'énergie, de malice et de créativité dans le 30ème album d'un artiste, c'est rare et c'est jouissif. Je pèse mes mots.
Reporter : Nous ne voulons surtout pas encourager nos lecteurs à recourir au téléchargement illégal, mais si vous pouviez nous donner quelques conseils concernant les bootlegs ?
Dylanesque : Patience. Si tout va bien et que ma folie ne retombe pas, une série d'articles concernant les meilleurs performances non-officielles du Zim devrait faire les beaux jours de mon blog. Prochainement.
Reporter : Il semble que Dylan soit pour vous une source d'inspiration inépuisable. Tellement de choses ont été dites et écrites sur lui, sur papier ou sur la toile. Que raconter de nouveau ?
Dylanesque : Je ne sais pas s'il on peut raconter quelque chose de nouveau mais il est certain qu'on peut raconter quelque chose de personnel. C'est ce que je m'évertue à faire, parce que ça me démange et l'univers de Dylan m'offre des mots, des images, des histoires à partager et à livrer aux connaisseurs comme aux néophytes. C'est plus fort que moi et ça ne changera pas.
Reporter : Pour en terminer avec Dylan, qui a fêté en mai dernier ses soixante-dix ans, pouvez-vous nous résumer son actualité ?
Dylanesque : Pendant que je me dorais la pilule en Catalogne, Dylan a fait le tour des Etats-Unis d'Ouest en Est et a livré de beaux concerts, avec de nouveaux arrangements pour "Mississippi" ou "Blind Willie McTell", grâce à une voix unique et un harmonica hanté. À l'heure où je vous parle, il doit probablement prendre un repos bien mérité, ajouter quelques chapitres à ses chroniques. Et à l'automne, il reprend la route avec un tour d'Europe qui passera par Lille et Paris (j'en serais). Si tout va bien, il fêtera en Allemagne la 2000ème performance d'"All Along the Watchtower". Et participera également à une compilation de chansons inédites d'Hank Williams, dont la sortie est prévu en octobre.
Reporter : Bien. Et comme il n'y a pas que Dylan dans la vie, d'autres découvertes musicales à partager ?
Dylanesque : Une jolie américaine m'a fait découvrir Kaki King, une guitariste qui extirpe de la pure mélancolie de ses cordes et se met parfois à chanter timidement avec une voix d'ange. Allez écouter "Legs to Make Us Longer", datant de 2007 et vous me remerciez. J'ai pas mal écouté Neil Young et les Clash aussi. Le dernier Herman Düne, dont je me lasse pas. Mais en général, Dylan a pris bien trop de place pour que je laisse d'autre apprentis me charmer. La rentrée arrive et je vais sûrement me replonger dans tout ça. Surtout que mes deux émissions sur Radio Campus Angers seront de retour et que si je diffuse que l'ami Bob, mes auditeurs ça va les gonfler.
Reporter : Merci pour la découverte. Je vois que vous-même jouer un peu de musique.
Dylanesque : Être musicien, c'est le rêve de tout le monde, non ? J'ai commencé l'harmonica il y a cinq ans et j'ai perfectionné ma pratique cet été au contact de musiciens talentueux avec qui j'ai fait la manche. J'ai chanté, soufflé là-dedans comme un forcené et j'ai écrit quelques chansons. Rien de très sérieux. Putain de pluie. On va à l'intérieur ?
Suite et fin de l'entretien incessamment sous peu...