[Critique DVD] A la recherche du temps perdu

Par Gicquel

Losey, Visconti, Schlondorf, ont adapté de manière toujours très personnelle  l’œuvre de Proust, l’une des plus grandes de la littérature française. Nina Companez qui bien avant Josée Dayan , s’est fait une spécialité de la série TV à la française, relève à nouveau le défi.  « Je ne suis pas étranglé de respect devant l’œuvre .C’est un acte d’amour, je donne à des gens ». Une formule gagnante qui assure le succès de cette nouvelle adaptation, peut-être la plus proche du roman, en tout cas la plus fidèle, qui nous donne à entendre, les silences, la pose d’une virgule, l’attente d’une réplique.

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Cet aspect littéraire somme tout logique peut décontenancer une fois le premier tableau esquissé. Nina Companeez , aborde le récit par l’arrivée à Balbec, du jeune narrateur, au physique proustien, à l’âme tout aussi secrète. Gilberte Swann,  le grand amour de son adolescence, n’est plus qu’un mauvais souvenir.

D’une sensibilité exacerbée, insomniaque, nerveux et asthmatique, il souffre depuis l’enfance de crises nerveuses et de suffocations.L’air de la mer ne peut que le vivifier.Micha Lescot, qui prête ses traits à ce personnage si parfaitement décrit par le romancier, a le  jeu apprêté de circonstance, un maniérisme aussi diaphane que les touches impressionnistes, voire naïves de la mise en scène.

Son portrait dessiné par une cinéaste sous le charme est sans égal, mais tous les autres personnages prennent aussi leur compte de littérature .Drôle ou tragique, ou alors désespérant à l’image d’un Didier Sandre , plus de Charlus que le baron de papier, ils sont de cette autre comédie humaine qui perpétue l’humanité.

Et dans cette dramaturgie peu ordinaire où les complots de salon, se conjuguent aux tourments amoureux, l’humour de Proust illumine tout aussi discrètement ce quotidien baigné d’érotisme, de désirs et d’amour.

Bonus

Making of (15 mn)

Au cours d’un petit quart d’heure dans les coulisses, quelques rencontres…

Didier Sandre et le baron de Charlus ? « Quand Nina m’a proposé le rôle, cela me paraissait invraisemblable, je me voyais plutôt en Swann.Ce fut  un défi à relever, et j’ai alors imaginé un personnage entre Burt Lancaster dans «  Le guépard » et Michel Serrault dans «  La cage aux folles », il fallait naviguer entre ces deux extrêmes.« 

Nina Companez dit aussi pourquoi elle a rappelé les comédiens avec qui elle avait déjà travaillé sur «  L’allée du roi » ,Didier Sandre, Dominique Blanc ( Mme Verdurin ) et Valentine Varela  qui avait déjà joué la Montespan, un personnage dont s’est un peu inspiré Proust pour créer la duchesse de Guermantes

Nina Companez, l’interview

Elle y parle de son  travail d’adaptation, du  choix des comédiens, des costumes et des  décors pour lesquels elle avait une exigence absolue :« sur le nom de Marcel Proust, on a eu accès à certaines places qui jusque là refusaient les tournages ; il est rassurant qu’un écrivain puisse de nos jours  ouvrir des portes »…

Biographie de Marcel Proust

Galerie des personnages

Filmographies

Prix public conseillé : 20 €