1972, l’Odyssey débarque dans nos salons, ou plutôt ceux de nos pères, et les femmes, surprises, assistent avec scepticisme à la naissance d’un nouvel art et la disparition progressive de leurs conjoints, et bientôt de leur progéniture, dans les mondes virtuels. Déjà (ou à nouveau), une sorte de discrimination automatique prend place et laisse les commandes aux mâles. La ménagère de moins de cinquante ans n’y comprend goutte et l’adolescente arrivée un peu tard pour profiter du joli mois de mai 68 est médusée : leurs camarades chopent le virus du jeu et les délaissent les uns après les autres. Le geek nouveau venait d’apparaître, il avait de la cuisse et le projet de dominer le monde (en imagination). Enfin, bien qu’assez sommairement, on pouvait interagir avec ce maudit poste de télé qu’on voudra plus tard, et à juste titre, vouer aux flammes ardentes de l’enfer néolithique (l’ère pré-internet). Une sorte de mépris planait dans le ciel des idées et l’intelligentsia n’était pas encore décidé à se jeter sur le dossier. Les femmes encore moins ?
C’était donc la première étape. L’histoire se poursuit et quelques têtes brûlées parmi nos amantes, même si encore bien rares, se mettent à jouer à Mario, le plombier petit et mignon qui a une casquette rouge, même que c’est trop kawai !! Oui, Mario, ex-monsieur JumpMan qui fit sa première apparition sur Donkey Kong et qui éveillera (petitement) l’attention de nos-bien aimées, vos mères pour quelques-uns les plus jeunots d’entre vous. Malgré tout, cela reste un jeu de garçon et … de garçons manqués un peu aussi. Le gamer n’a pas encore la côte auprès de la gente féminine et on ne lui demande pas de venir à la rescousse, en échange d’un chaste bisou sur la joue, après un écran bleu de la mort (qui n’apparaîtra de toute façon qu’avec windows 95). Elles nous observent à quelques mètres mais ne s’impliquent pas. Idem pour le foot, qu’elles ne comprennent ni ne cherchent à comprendre. Et là tout va changer !!
1998. La France remporte la coupe du monde de balle au pied. Tout à coup, des hordes d’amazones en délire surgissent et crient leur joie d’en être, leur joie d’être les compagnes de beuverie des supporters de la désormais plus grande équipe du monde. Bon, personnellement je n’ai pas participé de cette jubilation mais le phénomène mérite d’être souligné. Fut-ce donc le coup de sifflet d’un rapprochement des passions, d’une nouvelle lutte (puisqu’il faut lutter) qui se jouerait désormais avec Elles ? Finie la dînette et les poupées en plastique (fantastique !!) pour les plus jeunes ? Fini les T-Shirt moulant Jennyfer et les Buffalo pour les un-peu-plus grandes ? Pas encore tout à fait. C’est toujours un rêve mais ça va changer.
Progressivement, des groupes de filles, et pas toujours les plus moches, prennent de la place dans les compétitions de Counter-Strike et gagnent une vraie reconnaissance au seing d’un univers jusque-là presque intégralement colonisé par les hommes, jeunes ou moins jeunes. Et elles s’y font remarquer, brillamment parfois. Un petit Mistral frais de fin d’hiver souffle sur le jeu vidéo. Et ça continue !
Effectivement, en 2006 s’invite une console qui va fédérer les groupes cross-genre, le reste de minettes pas encore convaincues, et rapprocher les couples dans la bonne humeur : la Wii. Ça y est, nous y sommes, elles veulent jouer. Ou se raffermir l’arrière-train sur Wii Fit … A titre d’exemple, Wii Sports nous permettra d’inédites façon de draguer, style œillades pour une quille ratée et taquineries du coude. Plus besoin d’être hardcore pour être gamer. Le geek devient dès lors moins un sujet de plaisanterie qu’un être qui fascine, un être d’érudition vidéo-ludique et … voire … informatique. Ca y est, on va pouvoir chasser en restant nous-mêmes. Elle est pas belle la vie ?