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En Belgique, on en a marre de voir défiler nos politiciens aux JT quotidiens qui nous rabâchent les oreilles en insistant sur le fait que "Les partis politiques doivent se réunir autour de la table pour enfin arriver à un accord". Quatre-cent quarante jours et des poussières qu'ils se réunissent autour de la table usée, polie, dépolie par les stylos, pardon, les PC portable, les Mac, les Iphone, les Ipad, les mains, les coudes, les larmes, les rires...etc. On n'y croit plus à vos balivernes même si le coeur nous pousse à y croire. Il parait que cette fois, c'est la bonne. De toute façon, ça passe ou ça casse. Si ça passe, tant mieux, si ça casse, tant pis, au moins l'abcès, le cancre sera crevé. Et au bout de ce long tunnel, une lueur: la France serait prête à nous tendre les bras, nous pauvres francophones abandonnés à notre triste sort.
Souvenons-nous des déclarations de Jean Quatremer à propos de la crise belge. Il confiait à Paris-Match l'inquiétude des politiciens français face à ce sujet brûlant. Dans la foulée, J-P Chevènement déclarait:
"Si la Flandre veut devenir indépendante et si, comme l'a dit Bart De Wever, il s'agit de faire s'évaporer la Belgique, les francophones doivent savoir qu'une majorité de Français, 60% selon les sondages, seraient prêts à les accueillir au sein de la République française. Mais seulement s'ils en exprimaient le souhait, dès lors que cela ne pourrait se faire que sur base de l'autodétermination et, bien entendu, si l'hypothèse de l'évaporation de la Belgique devait se concrétiser."
Jules Gheude, écrivain belge, ex-membre du rassemblement wallon s'est penché, il y a 40 ans déjà, sur la problématique communautaire belge. En 2008, il a jugé nécéssaire et urgent de secouer les esprits wallons en les amenant, pas à pas, à réfléchir à l'après-Belgique. Ensuite, une analyse fouillée a permis d'élaborer divers scenarios: un état wallon indépendant, un état Wallonie-Bruxelles, le rattachement de la Wallonie à la France. Des rapports circonstanciés ont été rédigés concernant les trois cas de figure et il en est ressorti que la solution la plus crédible serait l'intégration de la Wallonie à la France via un statut particulier que permet la Constitution française.
L'analyse de Jules Gheude n'est pas passée inaperçue dans l'Hexagone où le député UMP des Yvelines, Jacques Myard, déclarait en juin 2010 dans un communiqué:
"La France ne fera pas l'économie d'élaborer une politique à l'égard de la Belgique, la question du rattachement de la Wallonie et de Bruxelles se passera à terme, qu'on le veuille ou non. (...) A nous Français, d'élaborer une politique responsable pour relever ce défi inéluctable qui scellera le destin d'une construction étatique artificielle voulue par les puissances en 1830, et aujourd'hui dépassée et obsolète."
Dans son dernier ouvrage, "On l'appelait Belgique", Gheude rappelle que Jean Gol, ex-premier ministre belge, se préparait déjà à un éventuel rattachement à la France.
Alors comment la France voit-elle l'avenir d'une Belgique éclatée et, particulièrement, le sort des francophones? Haut-fonctionnaire français retraité, Jacques Lenain réfléchit depuis plus de deux ans à cette problématique. Dans son essai, il se montre favorable à une hypothèse d'union de la Wallonie à la France. "Il n'est pas nécéssaire, dit-il, que les Wallons bazardent tout ce qui fait leur identité puisque la Constitution française offre la possibilité de statuts particuliers."
Les propos de Jacques Attali vont dans le même sens. Il a très bien compris l'intérêt qu'aurait la France à intégrer la Wallonie. Sur son blog en 2008, il écrivait: "Le prix à payer pour la France serait sûrement plus faible que ce que cela lui rapporterait". En effet, d'un point de vue démographique, la France pourrait rivaliser avec l'Allemagne si la Wallonie lui était rattachée. Celle-ci a une position géographique stratégique, un réseau d'autoroutes enviable, une infrastructure ferrovière et aéro-portuaire, des voies naviguables importantes, des ressources naturelles, humaines, économiques, artistiques et culturelles.
D'ailleurs, le regard de François Hollande s'illumine déjà malgré son inquiétude au sujet d'une Belgique éclatée, ce qui serait, dit-il, un mauvais présage pour l'Europe. Mais ses angoisses s'estompent lorsqu'il pense aux votes socialistes qui s'expriment en Wallonie: "Toutes ces voix, lance-t-il, qui nous ont parfois manqué.....Nous pourrions les prendre là!"
Il y en a qui ne veulent pas perdre le Nord!
Sources: Paris-Match