J’ai embarqué sur l’Eléctrico W avec d’autant plus d’intérêt en reconnaissant ici et là le penchant oulipien de l’auteur qui ne peut se défendre d’écrire toujours en trompe-l’œil, même si beaucoup d’éléments sont exacts. A commencer par la biographie de Jaime Montestrela, page 35, écrivain et poète portugais, né le 12 juin 1925 à Lisbonne, mort à Paris le 8 novembre 1975, qui mériterait d’enrichir la page que Wikipédia lui consacre.
Eléctrico W pourrait être un nom de code. Mais pas tout à fait. A Lisbonne un eléctrico est synonyme de tramway. On les désigne non par des lettres mais par des nombres. Et il semblerait que la ligne W d’Hervé Le Tellier soit la pittoresque 28 qui justement effectue la traversée des quartiers historiques (Bairro Alto, Alfama, Graça).
Le prologue pourrait avoir été conçu a posteriori en guise d’explication. Mais non, ce sont bien les premières lignes du manuscrit. Il permet de s’installer dans la lecture comme un lever de rideau prépare le spectateur à une pièce plus conséquente.
L’avant-dernière phrase de l’épilogue a un air de déjà lu. Mais pas exactement. Il renverse le célèbre incipit que Léon Tolstoï a été bien inspiré d’écrire avant de démarrer Anna Karénine. « Les familles heureuses se ressemblent toutes ; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon. »
Hervé le Tellier a mis vingt ans à terminer ce livre alors qu’il semble avoir été rédigé il y a quelques mois, d’une seule traite, et avec facilité. On lui fera donc le plaisir de prendre le récit au pied de la lettre, la W bien sur, même si le tramway qu’il veut nous faire prendre ne roule pas sur des rails convenus. Il nous offrira en cette rentrée un moyen de repartir en vacances en droite ligne au Portugal pour nous parler une nouvelle fois d'amour, évidemment, et au pluriel.
Hervé le Tellier sera au Livre sur la place à Nancy le week-end des 17 et 18 septembre prochains. Et je loupe encore une occasion de le rencontrer et de lui soutirer une dédicace !
Eléctrico W de Hervé Le Tellier, Éditions Jean-Claude Lattès, 18 €