Bon... Passons outre le choix surprenant d'installer dans les caves voûtées de l'Essaïon (dont aucun décorateur-scénographe et encore moins spectateur ne peut faire abstraction) une pièce dont l'intrigue se déroule au neuvième étage d'un building new yorkais avec baie vitrée et vue sur la ville (ou au moins sur les toits...) et concentrons-nous sur l'essentiel...
Il est assez terrible de constater ce qu'a pu faire l'ensemble de la distribution de cette délicieuse pièce de Neil Simon nous narrant l'installation d'un couple sans le sou fraîchement marié au début des années 60, à savoir, pour reprendre l'expression de l'un des personnages, une "matinée de bienfaisance d'une association de parents d'élèves", soit un spectacle amateur bien longuet et indigeste.
Nous ne remettrons pas en cause ici la bonne volonté de chacun, mais de toute évidence, technique et sincérité font cruellement défaut aux cinq comédiens qui évoluent dans un surjeu brouillon et permanent 1h45 durant.
Carole Nourry, la jeune épouse, s'est fabriquée une voix fausse et criarde totalement insupportable (leçon n°1: apprendre à poser sa voix...), Raphaël Mondon, le jeune époux, plaque des effets seul dans son coin (leçon n°2 : écouter ses partenaires et jouer avec eux...), Philippe Pasquini, le voisin farfelu, nous épuise à sauter dans tous les sens et ne pourrait plus exprimer grand-chose si on lui coupait les bras (leçon n°3 : faute d'être absolument nécessaire et justifié, tout geste ou mouvement se voit considéré comme une compensation...), et Marie-Laure Aubril, la mère, a joué de vieux boulevards en province avec Evelyne Leclerc, Bernard Menez et Christian Morin (et cela se voit...).
Evoquons enfin cette curieuse idée du metteur en scène, Yann Coeslier, de faire faire des claquettes à Gaspard Legendre, l'installateur de téléphone, parce que... Eh bien parce que Gaspard a appris l'art des claquettes et voulait probablement nous faire une petite démo, car rien ne justifie cela chez son personnage (leçon n°4 : se méfier des "idées de mise en scène"). Il aurait fait du trapèze que cela se serait à peu près aussi bien intégré au spectacle !
Pour ces quelques raisons, et deux trois fautes de goût, il me sera bien difficile de vous suggérer la direction de l'Essaïon.
Nous sommes loin de la version proposée au Marigny il y a quelques années avec Olivier Sitruc, Sarah Biasini et Béatrice Agenin...
PIEDS NUS MONTAGE par mounak