C'est l'argument massue de Jean-Noël Guérini. Pointer les turpitudes avérées de nombreux élus socialistes pour rappeler que même si de lourds soupçons pèsent sur son implication dans une très importante affaire de marchés publics frauduleux, il doit bénéficier de la présomption d'innocence.
Et de prendre l'exemple du casier judiciaire d'Harlem Désir, entaché d'une condamnation en décembre 1998 à 18 mois de prison avec sursis et 30.000 francs d'amende pour avoir perçu des salaires fictifs d'une association lilloise en 1986 et 1987.
"Pourquoi exiger de moi une démission qui n'a jamais été réclamée à bien d'autres élus, socialistes ou non?" se défend Jean-Noël Guérini. Et il a raison.
Le PS a un vrai problème avec la morale et l'exemplarité. L'omniprésence de Jean-Christophe Cambadèlis aux côtés de Martine Aubry, malgré ses multiples condamnations, interpelle. Tout autant que le fait pour la maire de Lille d'avoir accepté dans ses soutiens à la Primaire le très encombrant Jean-Noël Guérini qui sera entendu le 8 septembre prochain par un juge pour des faits d'une particulière gravité. L'incrimination d'association de malfaiteurs est évoquée.
Dans ce domaine, François Hollande a fait son premier faux pas. Le favori des sondages a propulsé le sulfureux Robert Navarro à un poste important dans son équipe de campagne. Robert Navarro, ancien 1er Secrétaire Fédéral de l’Hérault, est pourtant sous le coup d'une plainte du Parti Socialiste pour abus de confiance, après la découverte de nombreuses factures réglées pendant plusieurs mois par la fédération pour des déplacements sans lien avec son fonctionnement.
La faute des deux favoris pour la Primaire socialiste est de penser que des petits arrangements sont possibles avec la morale. Ce faisant, ils jettent le discrédit sur leur propre camp et contribuent à entretenir le sentiment diffus du "tous pourris". Si hier Paris valait bien une messe, aujourd'hui la Primaire vaut bien quelques affaires.