Mercredi dernier, François Fillon avait oublié des niches fiscales dans ses efforts de rigueur. Quelques 53 milliards d'euros, au lieu de la maigre dizaine de milliards trouvée par le premier ministre, auraient pu être économisées si l'on écoute l'Inspection Générale des Finances.
Ce lundi, Claude Guéant avait oublié que son patron est en charge de la lutte contre la délinquance depuis bientôt 10 ans. Il installait un « nouveau nouveau » préfet à Marseille, comme si cette nomination pouvait cacher un échec de Nicolas Sarkozy.
Sarkozy oublie ses amis
Début août, l'homme d'affaires a vu ses avoirs provisoirement gelés par la justice française. L'information a été sortie par Mediapart, lundi 29 août. Il s'agit d'une conséquence d'une procédure de divorce. Le juge Renaud van Ruymbeke a convoqué l'épouse de M. Takieddine pour en savoir davantage. Il enquête sur le volet financier de l'affaire Karachi (c'est-à-dire le soupçon de rétro-commissions versées en marge de la vente des sous-marins français au Pakistan par le gouvernement Balladur en 1994/1995) mais aussi sur un autre contrat conclu par Ziad Takieddine avec la Sofresa pour des frégates vendues à l'Arabie saoudite (Sawari 2).
En juillet, Mediapart a révélé combien l'homme d'affaires était proche de Jean-François Copé, Claude Guéant, et Brice Hortefeux. Takieddine a expliqué cet été combien Sarkozy était un ami.
Mediapart explique que l'épouse de Ziad Takieddine, Mme Johnson, a établi « un organigramme résumant les biens mobiliers et immobiliers » de son mari, et qu'elle « évalue le patrimoine du couple à près de 104.036.000 euros ». Elle a fait bloquer ces biens par une ordonnance du juge des affaires familiales qui « interdit à M. Ziad Takieddine de procéder à un quelconque acte de disposition sur l'ensemble des biens communs ». « Ses propriétés situées en France étant estimées à 40 millions d'euros. Son épouse lui réclame 25 millions d‘euros, dans le cadre du divorce ».
Le site rappelle aussi que « les sociétés off-shore de Ziad Takieddine ont effectivement reçu, entre 1997 et 1998, leur part de commission du marché Sawari 2, soit près de 91 millions d'euros ».
Fillon oublie des niches
François Baroin et Valérie Pécresse avaient évidemment reçu, la semaine dernière, la liste des niches fiscales les plus inutiles, établie par l'Inspection Générale des Finances. Le Figaro en avait publié quelques extraits dès samedi. Pourquoi le plan annoncé mercredi dernier par François Fillon ne s'en donc est à peine inspiré ? « Le gouvernement n'est pas lié par ses conclusions », a justifié Baroin dimanche. Le fameux rapport a été enfin publié lundi matin, cinq jours après la conférence de presse du premier ministre.
L'IGF a étudié 538 niches, d'un coût total de 104 milliards d'euros par an. Et en a conclu qu'une moitié sont «peu efficientes», dont 19% (soit 12 milliards d'euros) vraiment inefficaces.
Certaines donnent le tournis: les aides aux services à la personnes (6 milliards d'euros), la défiscalisation des heures supplémentaires (4,5 milliards d'euros l'abattement de 10% des pensions et retraites pour le calcul de l'impôt sur le revenu (4,3 milliards d'euros), les exonérations insulaires (400 millions d'euros pour la Corse, 4,7 milliards pour les Dom-Tom), la réduction de TVA pour les travaux de logement (5 milliards d'euros) ou la restauration (2,5 milliards d'euros, à peine évoquée par l'IGF). Valérie Pécresse a plaidé la « cohésion sociale » (pour les retraités), la solidarité avec les régions, la lutte pour l'emploi (pour les aides à la personne)
Comme le rappelle le journaliste-blogueur Thomas Bronnec, « ces niches, c’est la solution qu’ont trouvé les ministères dépensiers pour contourner l’orthodoxie du Budget » qui a fixé, en 2004 (sous Jean-François Copé) la règle « selon laquelle les dépenses de l’Etat ne doivent pas augmenter d’une année sur l’autre, hors inflation ». L'envolée du coût et du nombre de niches fiscales depuis le début des années 2000 est le symptôme d'une hypocrisie. « 14 nouvelles niches fiscales avaient été créées chaque année entre 2003 et 2008, contre seulement cinq par an entre le début des années 1980 et 2003 » rappelle Bronnec.
Guéant oublie ses fiches
A Marseille, le ministre de l'intérieur s'indigne: « Ce qui se passe à Marseille est absolument insupportable ». Claude Guéant faisait sa rentrée, lundi matin, dans la cité phocéenne, pour installer le nouveau préfet, le troisième en 18 mois. Ce dernier a été nommé mercredi dernier, c'est Alain Gardère, son ancien directeur adjoint de cabinet. Martine Aubry, l'une des candidates socialistes, l'y attendait. Guéant avait-il oublié ses fiches ? Le bilan sarkozyen de la lutte contre l'insécurité est désastreux. A Marseille comme ailleurs, le nombre de policiers nationaux a baissé depuis 2007, alors que la population a augmenté (+40.000 personnes à Marseille). Cherchez l'erreur.
Comme le rappelait l'Express, ce lundi, « selon les dernières statistiques, publiées par la presse et confirmées par la préfecture, au premier semestre 2011, les cambriolages ont augmenté de 14% dans les Bouches-du-Rhône par rapport à la même période l'an dernier, les vols à main armée de 18%, et de 40% à Marseille ».
Avant de s'envoler pour le Sud, le ministre répéta les sales accusations de son prédécesseur Brice Hortefeux contre la « délinquance roumaine ». Le 30 août 2010, il y a un an jour pour jour, Hortefeux avait clos un été de chasse aux Roms par un curieux amalgame Rom=Roumain contre la communauté roumaine. A l'époque, les services de police avaient été bien en peine de justifier l'existence de statistiques par nationalité.
« La présence de Roumains délinquants dans notre pays est quelque chose de préoccupant. Il faut savoir que 2% de la délinquance en France sont le fait de Roumains et que presque la moitié des délinquants roumains sont des mineurs ».
Encore ?!