La légende de Beowulf est un des plus anciens poèmes épiques anglo-saxons, et a donné lieu à de nombreuses adaptations cinématographiques (dont le savoureux Beowulf avec notre myope national, Christophe Lambert). Mais pendant dix ans, Roger Avary (scénariste de quelques perles comme True Romance, Killing Zoe, ou Silent Hill) et Neil Gaiman (romancier et scénariste, entre autres de la BD Sandman) ont préparé un scénario inspiré de la célèbre légende. Une fois fini, le producteur décide de confier la réalisation à Robert Zemeckis (la trilogie Retour vers le futur, Forrest Gump, etc.) qui, fort de son expérience avec le Pôle Express, décide de tourner le film en Performance Capture. Le résultat ? Un film d’animation hyper réaliste avec un scénario digne d’une tragédie antique.
Dans les pays glacés du nord de l’Europe, le vieux roi Hrothgar est victime d’une malédiction. Chaque fois qu’il organise un banquet dans la salle des cérémonies de son château, un horrible monstre nommé Grendel vient massacrer tous les convives. Désespéré, il offre une forte récompense au héros qui parviendra à le délivrer de ce fléau.
Beowulf, un valeureux guerrier, aidé de ses fidèles combattants, répond à cette offre pour tuer le démon. Sans cesse à la recherche d’un exploit à accomplir, en quête de gloire et de hauts faits d’armes, il va là où son destin le mène pour combattre les créatures obscures. Ce qu’il ignore, c’est que Grendel n’est pas seul, et que la mère rôde dans l’ombre de ce fils horrible…
Avec une équipe de réalisation aussi alléchante, mais aussi quelques « acteurs » d’exception (Angelina Jolie, Anthony Hopkins, John Malkovitch…), on pouvait s’attendre à un film passionnant. Le thème du film (un guerrier en quête de gloire, des monstres, des combats) le réserve à un public assez restreint, attiré par l’héroïc fantasy, et qui n’a pas peur de l’animation. Mais le pari des producteurs était peut-être qu’avec le succès prodigieux du Seigneur des Anneaux, ce film pourrait toucher le plus grand nombre. J’en doute, car le film est très axé combat et héroïsme, là où la trilogie de Peter Jackson faisait la part belle aux drames et aux relations entre les personnages. Il est amusant de noter que J.R.R. Tolkien, auteur du Seigneur des Anneaux, était un grand spécialiste de la légende de Beowulf, qu’il a plusieurs fois donné à étudier dans les cours d’anglais qu’il donnait.
Cette adaptation de Beowulf est donc moins grand public, et j’ai même envie de dire plus « macho ». On se rapproche un peu d’un Conan le Barbare plus civilisé, moins brut de décoffrage.
Une fois ce principe de base posé (n’obligez pas votre copine / femme à le voir, sauf si elle aime le genre), que dire du film ? Il a de très nombreuses qualités. Le scénario, premièrement, qui est bien moins simpliste que ce à quoi on pourrait s’attendre. Le film est adulte, tant par ses images (effrayantes, choquantes ou plus osées) que par sa structure dramatique, qui évite certaines facilités (mais pas toutes quand même, ne rêvez pas).
Mais si par moments la Performance Capture est un formidable atout, il lui arrive de desservir le film. C’est le cas dans toutes les scènes dramatiques, où les effets « filtrent » en quelque sorte tous les sentiments que les acteurs pourraient vouloir passer. Il en ressort que tout ceci paraît un peu faux.
Voilà, en résumé, la Légende de Beowulf est un spectacle magnifique et épique, qui prend un relief incroyable lors des scènes d’actions (heureusement nombreuses), mais qui pêche par ses scènes dramatiques.
Note :
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