Nicolas Sarkozy est revenu en France ce lundi. Il ne reprend que mercredi à 10 heures pour un conseil des ministres puis, le
lendemain, une conférence sur la Libye. Exilé trois jours durant en Kanaky, il a fait semblant de ne pas se préoccuper de l'université d'été de la Rochelle.
Son faux calme cachait mal un véritablement agacement. A Paris, son ministre de l'économie défendait très mal les récents
annonces de rigueur. Et le jeune Wauquiez se félicitait d'avoir céder, avec deux ans de retard, sur le 10ème mois de bourse étudiante.
Wauquiez jubile
Il a la victoire facile. Laurent Wauquiez triomphait, enfin, sur Twitter, dimanche 28 août. Le gouvernement avait, enfin,
annoncé qu'il verserait bien un dixième mois de bourse aux étudiants. La promesse avait été faite par Nicolas Sarkozy... en septembre 2009. Cela faisait partie d'un fameux « plan pour la jeunesse », rapidement oublié, qui intégrait également l'extension du
RSA aux moins de 25 ans. Cette dernière mesure fut une véritable tartufferie médiatique puisque, finalement, le RSA ne fut proposé qu'aux jeunes ayant au moins travaillé ... 3 ans consécutivement
et à temps complet, pour 9.000 bénéficiaires au final contre 150.000 annoncés ! Sur la bourse, le Monarque aura gagné le temps qu'il pouvait. Mais cette fois-ci, il fallait y aller. La rentrée
s'annonce chaude, et la campagne présidentielle a démarré.
Jeudi, le ministre de
l'Enseignement Supérieur jubilait donc: « Je me suis beaucoup battu sur le sujet, avec l’appui de Nicolas Sarkozy et de François Fillon. Par ce signe politique fort, le gouvernement
montre qu’il ne mène pas une politique d’austérité aveugle et qu’il n’est pas sourd aux réalités du terrain ». Contre qui s'est-il donc battu pour cette mesure tant de fois retardée s'il
avait le soutien de Sarkozy ET de Fillon ? Le jeune Wauquiez nous raconte n'importe quoi pour vendre cet électoralisme de dernière minute. Ce sont les syndicats étudiants qui se sont beaucoup
battus... contre le gouvernement.
L'an dernier, la ministre Valérie Pécresse, à l'époque en charge de l'enseignement supérieur avant de filer au Budget au
printemps dernier, avait dû s'expliquer au Sénat, comme le rappelle Mediapart. Rien n'avait été prévu au budget...
Environ 21% des étudiants, soit 500.000 personnes, devraient percevoir entre 80 et 230 euros dès septembre, pour un coût
total de 160 millions d'euros. 150.000 boursiers, n'auront pas droit à cette rallonge de rentrée En début de semaine, l'UNEF avait
dénoncé une augmentation de 4% de la vie étudiante pour cette rentrée. Wauquiez a promis des mesures mais « il est trop tôt pour en parler ».
Baroin s'embourbe
Un autre ministre, François Baroin, est revenu défendre la cause des mesures de rigueur annoncées sans succès mercredi
dernier par François Fillon: « Le plan qu’a présenté François Fillon est cohérent et adapté. Il prévoit de la solidarité de la part des hauts revenus » a-t-il confié au JDD. Devenu fidèle sarkozyste, Baroin
n'était pas à un mensonge près: « Nos propositions n’impactent pas les Français les plus fragiles ». Les « plus fragiles » chez Baroin ne fument pas, et ne boivent pas de Coca.
Il refusa de considérer que les 3% de contribution supplémentaire et temporaire pour les familles gagnant plus de un million
d'euros par an (500.000 euros par part), était « symbolique ». « il ne faut pas oublier que ce sont aussi souvent des grands chefs d’entreprises qui créent de l’emploi
».
Sarkozy s'agace
A la Rochelle, les socialistes terminaient dimanche leur université d'été, la dernière avant la grande campagne, et les
primaires d'octobre prochain. Sarkozy en fut l'une des vedettes négatives, un épouvantail massacré à chaque
discours. A Grenoble, un autre rassemblement réunissait le Front de gauche. Jean-Luc Mélenchon eut droit à son direct sur LCP dès le show socialiste terminé. Mais Sarkozy pensait à la
Rochelle. A en croire quelques témoins privilégiés, le climat y fut plutôt bon. Les candidat(e)s ont tou(te)s joué du muscle mais, à l'exception d'une bouderie
inaugurative de François Hollande, aucun clash ne fut à regretter. Bien au contraire, a photo finale fut réussie et n'a
pas plu à l'Elysée. « On a une belle université du PS à La Rochelle. On n’est jamais déçu », a-t-il
confié au Journal du Dimanche, après un jogging samedi. « Je suis très content d’être ici. C’est un très beau déplacement. » Mauvais joueur ? Il rongeait son frein. L'insistance de
ses proches et de lui-même à faire savoir combien il est devenu « sobre ». Sarkozy se rassure de sondages plus
agréables, le donnant qualifié pour un éventuel second tour. 35% de popularité après 5 ans de mandat ? Quelle satisfaction ! Lundi, il a demandé à Brice Hortefeux, désormais simple
conseiller officieux, d'expliquer sur Europe1 combien il était le plus grand, le
meilleur, le champion.
Ce weekend, Nicolas Sarkozy
terminait donc sa visite en Nouvelle Calédonie. Il a surjoué le consensus et l'amabilité. La mise en scène était rodée. Tout sourire, Sarkozy était si « décontracté » qu'il «
n'a pas hésité à appeler leurs prénoms les élus de toutes sensibilités », une attention qui « a fait merveille », s'est enthousiasmé l'envoyé spécial de l'Express. Son confrère du Monde rapporte que ce déplacement était ultra-sécurisé, au
point d'avoir découragé nombre de visiteurs de venir assister aux discours présidentiels. Comme toujours, Sarkozy sillonne une France, même lointaine, de carte postale pré-castée par son clan,
sans spontanéité ni contradicteurs.
« La salle de Païta, perdue dans la campagne près de Nouméa, n’était pas pleine. Et les rangées de ceux qui auraient pu assister, de l’extérieur sur grand écran au discours final de Nicolas Sarkozy, étaient vides. La faute en revient au président qui ne reçoit que sur invitation, dans les lieux sécurisés.» Arnaud Leparmentier, 28 août.
Dimanche, il était dans l'avion en partance pour la métropole. Le Monarque ne travaille pas jusqu'à mercredi 10 heures. Son
agenda officiel est encore vide. Jeudi, il tiendra une conférence
internationale sur la Libye, promise la semaine dernière. Le colonel Kadhafi est toujours introuvable, Tripoli toujours frappée d'insécurité, et le CNT intrigue. La moitié de ses membres ne sont pas connus. Cette
conférence parisienne traitera-t-elle aussi des charniers ?
Vendredi, Sarkozy sera en province, le thème de cette visite électorale n'est pas encore officialisé.
La campagne de 2012 a bel et bien démarré. Il n'y a que Sarkozy et son clan pour ne pas oser le reconnaître.
Sarkofrance