Quand Montmartre était dans le treizième arrondissement....

Par Bernard Vassor

Par Bernard Vassor

Après la révolution de février, alors que Thiers proposait à Louis-Philippe de se retirer de Paris, de former une puissante armée, pour écraser définitivement la canaille socialiste (projet qu'il mènera à bien en 1871); Plus de 250, et bientôt 400 clubs démocratiques furent crés à Paris.

Parmi ceux-ci :

Le Club démocratique du 13° arrondissement.

Ce club, rue Marcadet avait  pour président un montmartrois, Casimir Vermusse (dit Mitraille) le vice-président était un nommé Bourdon.

Ces clubistes de barrière avaient décidé que Montmartre serait le treizième arrondissement de Paris qui n'en comptait à l"epoque que douze.

En juin, les membres de ce club firent la tournée des cabarets, guinguettes et bal des boulevards extérieurs afin de recruter des partisans de l'insurection des 23, 24, 26, 26 juin qui se termina, sous les ordres du général Cavaignac par une véritable boucherie qui ne fut surpassée en sauvagerie que par "la semaine sanglante"

 Vernasse fit paraître une feuille : "La Mère Duchesne", certains prétendent qu'il écrivit "La Sorcière républicaine"

Il est mort du choléra l'année suivante à l'hôpital de la Charité.

Toujours à Montmartre, au Château des Brouillards, fondé au mois de mars par le rédacteur du journal "La Réforme" un certain Chautard avec pour secrétaire le citoyen Lebours. Ce club était étiqueté rouge, mais, considéré comme insignifiant.

Notons aussi, au 231 rue Bréda "L'Association fraternelle des INSTITUTEURS,  INSTITUTRICES ET PROFESSEURS SOCIALISTES.

Les présidents étant Lefrançois  et Pauline Roland et le secrétaire Pérot.

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 Cette affiche date de 1871, comme en 1848, le bal de la Reine Blanche fut investi après la révolution de février par des citoyens voulant exercer une liberté retrouvée.

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Au temps de Balzac, Paris comptait douze arrondissements. En langage populaire, habiter dans le treizième, signifiait vivre en concubinage. Ainsi, peut-on lire dans Béatrix :

(..)venu là pour voir le fameux galop! Elle fanatisa par son esprit ce gentilhomme qui ne savait plus à quelle passion se vouer; et, alors, deux ans après avoir été quitté par Béatrix dont l'esprit l'humiliait assez souvent, le marquis ne fut blâmé par personne de se marier au treizième arrondissementde Paris avec une Béatrix d'occasion. Esquissons ici les quatre saisons de ce bonheur. Il est néces- saire de montrer que la théorie du mariage au treizième arrondissement en enveloppe également tous les administrés. Soyez marquis et quadragénaire, (…)chiffre des sommes qui sont restées improductives, verrouillées au fond des coeurs généreux et des caisses par cette ignoble phrase: --Tirer une carotte!... Ce mot est devenu si populaire qu'il faut bien lui permettre de salir cette page. D'ailleurs, en pénétrant dans le treizième arrondissement, il faut bien en accepter le patois pittoresque. Monsieur de Rochefide, comme tous les petits esprits, avait toujours peur d'être carotté. Le substantif s'est fait verbe. (…) vertus dans cette nouvelle phase. Elle se dessina dans un rôle de ménagère dont elle tira le plus grand parti. Elle nouait, disait-elle, les deux bouts du mois sans dettes avec deux mille cinq cents francs, ce qui ne s'était jamais vu dans le faubourg Saint-Germain du treizièmearrondissement, et elle servait des dîners supérieurs à ceux de Rothschild, on y buvait des vins exquis à dix et douze francs la bouteille.(…) Aussi ces annonces vivantes, ces articles ambulants firent-ils passer madame Schontz pour la femme la plus agréable que l'on connût sur la lisière qui sépare le treizième arrondissementdes douze autres. Ses rivales, Suzanne Gaillard qui, depuis 1838, avait sur elle l'avantage d'être devenue femme mariée en légitime mariage, pléonasme nécessaire pour expliquer un mariage solide, Fanny-Beaupré, Mariette, Antonia répandaient des calomnies plus que drolatiques (…)