Injustement boudé au dernier Festival de Cannes, le nouveau film de Pedro Almodovar est à la fois dérangeant et envoutant.
Librement adapté du roman « Mygale » de Thierry Jonquet, le film retrace l’histoire de Robert Ledgard, un chirurgien ayant mis au point une nouvelle peau après l’accident qui a brûlé et défiguré sa femme. Mais pour mener à bien son projet, il avait besoin d’un cobaye…
Dans cette relecture de l’histoire de Frankenstein, le créateur est un chirurgien esthétique et la créature est le fruit contre-nature d’un désir de vengeance et d’une volonté de lutter contre la mort.
Le récit déstructuré crée un malaise grandissant chez le spectateur jusqu’au rebondissement central révélant toute l’horreur de la situation. Le suspense ainsi créé contribue à faire du film un thriller efficace et fascinant, à la limite de l’épouvante.
Almodovar nous livre une œuvre extrêmement dérangeante dans laquelle la science sert de prétexte à la vengeance d’un père et de consolation à la peine d’un mari. Le réalisateur nous incite à nous interroger sur la fragile limite existant entre le fait de se rendre justice et de se prendre pour Dieu.
Glaçant…
Bénédicte de M.
© Pathé Distribution