Petite récolte

A propos de Tu seras mon fils de Gilles Legrand 1.5 out of 5 stars

Niels Arestrup, Lorànt Deutsch

A Saint-Emilion, en Gironde, Paul de Marseul est un viticulteur réputé, connu pour son intransigeance avec son fils Martin, un jeune homme timoré qu’il méprise. Martin aimerait que son père lui fasse confiance et le laisse prendre la succession du domaine, ce que Paul refuse, ne manquant pas une occasion de l’humilier. Rejeton mal-aimé, le fils indigne voit bientôt arriver dans son sillage un oiseau de mauvaise augure en la personne de Philippe, le fils du régisseur de Paul. A la différence de Martin, Paul est un jeune viticulteur très sûr de lui auquel Paul s’attache rapidement comme à un fils. Au point de lui proposer les clefs du domaine. Au grand dam de Martin, fou de douleur et de jalousie…

« On ne choisit pas sa famille ». C’est la seule pensée sur laquelle Paul (Niels Arestrup) et son fils (Lorànt Deutsch) s’accordent. Car pour le reste, une hostilité viscérale, réciproque unit les deux hommes. Martin a pourtant fait des études d’œnologue mais rien n’y fait. Son père ne lui donne pas sa chance. Ce n’est pas qu’il déteste son fils mais c’est pire, il y est indifférent. Refusant de lui céder l’héritage des vignes, Paul voit en l’arrivée de Philippe (Nicolas Bridet), le fils du régisseur gravement malade (Patrick Chesnais), un sauveur providentiel,  le fils prodigue qu’il a toujours rêvé d’avoir.

Le gros problème dans Tu seras mon fils, ou plutôt l’un des deux gros problèmes, c’est son manque de nuances, la peinture caricaturale des rapports Père/Fils dans laquelle il s’embarque rapidement. Le second est le jeu de Lorànt Deutsch. Qu’un père n’aime pas son fils, qu’il le trouve décevant, certes. Mais qu’il lui sorte, devant la tombe de la mère, que dès sa naissance (il a eu des problèmes de santé), Martin s’accrochait déjà et lui collait aux basques est exagéré, forcé, comme l’ensemble du film.

On veut bien croire que Paul ne porte guère d’affection ni d’estime à son fils mais le film verse souvent dans l’excès pour le dire. Timide, apprêté, nerveux, manquant de confiance en lui, martin est joué par un Lorànt Deutsch qui en fait trop dans son côté puéril et n’incarne pas ce fils maladroit et mal dans sa peau. La scène de jalousie dans la boite avec le fils du régisseur est à la limite du ridicule.

Seul véritable constat, c’est qu’il ne fait pas le poids face à Niels Arestrup, énorme (dans tous les sens du terme) avec sa sale gueule, ses remarques cinglantes et ce caractère méchant, fondamentalement mauvais qui est l’essence de ses personnages au cinéma.

Nicolas Bridet, inconnu au bataillon, est plutôt bon en jeune viticole doué un brin arriviste mais surtout dépassé par les évènements. Quant à Valérie Mairesse, elle constitue avec Anne Marivin (la femme de Martin) la touche de légèreté et d’humour dans un univers très masculin, pardon de brutes. Le régisseur, atteint d’un cancer du pancréas et qui comprend la manipulation et le petit jeu auquel joue Paul, voit d’un mauvais œil le remplacement de Martin par son propre fils. L’humanisme du régisseur (très bon Chesnais) contrebalance la part inique et le côté ignominieux du personnage de Paul (dont il n’a au fond jamais supporté d’être le sbire) et redonne un peu d’équilibre, de nuances au film. Sans pour autant le sauver d’une récolte gâtée…

www.youtube.com/watch?v=MgwTkI0vKrM

Film français de Gilles Legrand. Avec Niels Arestrup, Lorànt Deutsch, Patrick Chesnais , Anne Marivin. (1h42)

Scénario : 1.5 out of 5 stars

Mise en scène : 2 out of 5 stars

Acteurs : 3 out of 5 stars

Dialogues : 2 out of 5 stars