À ce jour, les deux Français de Air en sont à cinq albums studios, hormis les bandes originales de film dont celle pour The Virgin Suicides de Sofia Coppola. (Ainsi l’on retrouve « Alone in Kyoto » figurant sur Talkie Walkie dans son second film, Lost In Translation, l’amour du duo pour le Japon naissant à cette époque.)
D’ailleurs, sur ce quatrième album sorti en 2007, Pocket Symphony, le titre « Mer du Japon » ne fait que confirmer cet intérêt grandissant du duo pour l’archipel nippon, notamment de par l’utilisation de deux instruments traditionnels, le koto et le shamisen, Nicolas Godin ayant appris à en jouer à Paris avec un professeur japonais.
De nombreuses collaborations se succèdent tout au long du disque (sur 10000 Hz Legend, il y avait par exemple eu Beck… qui écrira et produira le second album d’une certaine Charlotte Gainsbourg), dont les plus célèbres se retrouvent derrière le micro : Jarvis Cocker (ahh, Pulp !) sur « One hell of a party » dont il a écrit les paroles, et Neil Hannon de The Divine Comedy sur « Somewhere between waking and sleeping », également écrite par Cocker. Quant à la production, Nigel Godrich, qu’on ne présente plus depuis qu’il est producteur attitré, presque le « sixième membre », de Radiohead. Cette même équipe travailla aux côtés de Charlotte Gainsbourg sur son premier album. Que de monde réuni !
Pour en revenir uniquement à Air et, surtout, à leur album, le groupe marque encore une certaine évolution tout en poursuivant leur chemin sans se laisser jamais influencer. Plus profond, plus lyrique et plus contemplatif que chacun de leurs albums précédents, c’est un véritable petit joyeux et, sans doute, leur disque le plus cohérent à ce jour, encore que Talkie Walkie est sans défaut non plus, mais il y a une sérénité nouvelle dans leur musique. Le plus beau en tout cas. D’un point de vue esthétique. Le premier titre, instrumental, est tout simplement magnifique : « Space maker » est unique, entre autre grâce à ses rythmes de percussion géniaux. Sans cette ouverture, je n’apprécierai pas autant l’album, de la même façon que si 10000 Hz Legend ne commençait et ne se concluait respectivement par les sublimes « Electronic performers » et « Caramel prisoner » (qui à eux seuls méritent l’achat du disque et en feraient mon préféré…).
Pas de prise de tête, encore moins de prise de « grosse tête » : la simplicité et, surtout, la sincérité semblent les maîtres mots de Air, comme le démontrent « Once upon a time », « Napalm love » ou les quatre titres entièrement instrumentaux. Au final, douze titres parfaitement à l’image de la photo de couverture et à découvrir absolument.