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4 milliards plus tard

Publié le 29 août 2011 par Badiejf
4 milliards plus tard
« Où sont passés les 4 milliards de $ US que la CIRH a permis de distribuer dans le pays depuis 18 mois ? Moi, je ne vois rien ! » C’est le genre de sortie qu’a fait Martelly tout au long de sa campagne et qu’il continue aujourd’hui de marteler (c’est pour faire le lien avec Martelly). Pour la mémoire, la CIRH est la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti qui a été installée par le gouvernement Préval quelques mois après le tremblement de terre. Le premier avril qui a suivi le 12 janvier 2010, tous les pays se sont réunis à New York et se sont engagés à dépenser 10 milliards de $ pour soutenir la reconstruction d’Haïti. Ce 10 milliards devait être dépensé en 18 mois, donc d’ici octobre prochain. J’ai souvent écrit sur ce site que dépenser 10 milliards en 18 mois aurait été une catastrophe pour le pays. Je continue de le croire. Pour le moment toutefois, le discours facile ici est de dire qu’il s’est dépensé seulement 4 milliards (donc que les pays n’ont pas respecté leurs engagements) et, le hic, qu’on ne voit pas concrètement où seraient passés ces 4 milliards. Le pas facilement franchi par Martelly et plusieurs commentateurs veut que ces 4 milliards soit dans les poches des expats et des entreprises étrangères envoyés ici pour aider la reconstruction et que les retombées nationales sont infimes. Je partage en partie cette analyse, mais elle m’apparaît quand même un peu trop simpliste. Le populisme impose toujours ce genre de limites !! C’est vrai que tout ce qui a été fait autour de la CIRH (sa création et son fonctionnement) s’appuie sur une première idée fondamentale qu’il ne faut pas donner un sous aux haïtiens (à leur gouvernement), l’argent va se perdre. Ayiti serait l’un des dix pays les plus corrompus selon une analyse glanée sur le web récemment. Deuxième idée fondatrice de la CIRH pour les pays donateurs : Si on dépense des milliards et qu’Ayiti devient un grand chantier, nos entreprises doivent pouvoir en profiter. La CIRH a donc été constituée mi-haïti/mi-communauté internationale (co-présidée par le premier ministre Bellerive et l’ex-président Clinton) et a la réputation d’être complètement inefficace. Rappelons, encore une fois pour la petite histoire, que la CIRH n’a pas d’argent. Son rôle est de coordonner les engagements financiers des différents États ou Organisations internationales. Rien ne se dépense (théoriquement du moins !!) sans avoir eu le OK de la CIRH. Dans un cas que je connais bien, la CIRH a forcé des canadiens et des américains à faire un projet commun, les deux voulaient intervenir dans le même créneau pour faire exactement la même chose. Les haïtiens n’avaient aucun intérêt à demander aux américains et aux canadiens de travailler conjointement, la duplication, c’est deux fois plus payant ! Martelly surfait donc sur la vague nationaliste (seul des haïtiens devraient gérer la CIRH) et la non fonctionnalité de la CIRH pour annoncer sa mort à la fin octobre. Tout le monde (dont Clinton qui aurait remis 1 million de $ dans la fondation du président, toujours selon la rumeur) a fait comprendre à Martelly que les internationaux retireraient leurs billes si tout était géré par des haïtiens et qu’à ce titre, la CIRH devait rester. On ne peut pas s’en débarrasser même si on l’a promis, on fait donc une ‘réforme majeure de la CIRH’ qui continuera de faire le boulot de coordination pour les prochaines années. Pour revenir sur l’absence de démonstration des 4 milliards dépensés, je pense comme Martelly, disons qu’on pourrait voir davantage de changements. Mais là où une partie significative de cette argent a un impact sur la vie économique des haïtiens (le sont-ils vraiment ??), c’est dans la petite clic de gens riches qui détiennent les restaurants chics (où on mage généralement très mal considérant le prix), les hôtels, les maisons de luxe à louer et la vente des gros 4X4. Dans ces secteurs de l’économie nationale surtout concentrés à Pétion-Ville, on peut presque voir les milliards déambuler dans les rues. J’exagère un petit peu bien évidemment, mais disons que de ce point de vue, les haïtiens ne font absolument rien pour assurer une meilleure distribution de ces 4 milliards passés en transit chez eux ! La journée où on s’attaquera à ce problème, vous verrez un pays se reconstruire.

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