La présence de la lumineuse Valérie Donzelli (plus que 48h pour rejoindre les rangs des spectateurs enthousiastes de son nouveau film La guerre est déclarée), de l'humour lacanien, une réflexion sur l'ultramoderne solitude, des personnages singuliers, des scènes valorisantes pour le bassin de la Villette : le premier long métrage de Guy Mazarguil avait a priori bien des atouts pour me séduire.
Et pourtant...j'en suis sortie frustrée, déçue, désemparée même d'avoir vu pour la première fois Valérie Donzelli jouer faux dans la dernière scène du film.
La passion du psy maladroit pour les poissons qu'il immortalise en photos, et suscitant une scène où il fait poser la belle et les poissons, m'a d'abord amusée puis agacée par les effets de poissons flottant dans le film comme une réminescence empotée d'Arizona Dream.
Les dialogues et les situations oscillent eux entre Rohmer, Mouret et Desplechin mais sans jamais trouver leur voie/leur voix.
Malgré un rendu général en deça des ambitions du film (et de ses possibilités), certaines scènes parviennent à charmer. Parmi celles-ci figure la rencontre entre Matthieu Demy et Valérie Donzelli, à bord de l'Antipode, péniche amarée au quai de Seine, mon spot préféré IRL pour profiter de la quiétude du Bassin de la Villette. Ils y sirotent un perroquet, mélange de pastis et de menthe, mélange que j'ai voulu transposer dans un moelleux et décliner en 2 versions complémentaires, façon ying et yang.
L'Art de séduire, potentiellement une des bonnes surprises françaises de l'été, saison traditionnellement monopolisée par l'industrie lourde américaine, n'échappe jamais à sa condition de com-rom lettrée aussi prévisible que vite oubliée par un spectateur contemporain désormais surpris qu'un telle trame puisse s'étirer au-delà de l'épisode d'une série.
Avant de détailler la recette, j'en profite pour confesser que toutes les lignes de ce post ne sont pas de moi, celui avec qui je fais la paire depuis 5 ans et deux jours (et près de la moitié au bord du quai) ayant accepté de mélanger en douce son ressenti du film au mien.
La base du moelleux a été pêchée sur le site de Thiurès
Pour ferrer les adeptes du perroquet (et leur préparer l'équivalent de 7 moules à muffins), préparer les appâts suivants
50 g Sucre glace
50 g Amandes brutes (remplacées par ce poids en poudre d'amande
40 g Jaunes d’œufs (soit 2)
35 g Blanc d’œuf (soit 1)
45 g Farine
95 g Blancs d’œufs (soit 3)
35 g Sucre roux
4 g Anis vert
3 bonbons à la menthe concassés en tout petits morceaux
1/2 bouchon de pastis
1/2 bouchon d'alcool de menthe
Mixer le sucre glace avec les amandes brutes, verser petit à petit sur les jaunes mélangés avec le blanc puis monter le tout et incorporer la farine tamisée.
Monter les blancs d’œufs avec le sucre roux .
Séparer l'appareil jaunes/tant pour tant / farine en deux.
Dans la première moitié, ajouter le pastis et les bonbons concassés.
Dans l'autre, ajouter l'alcool de menthe et les graines d'anis pilés.
Détendre séparement ces deux appareils avec une partie des blancs montés, ajouter les blancs restants puis alterner dans les moules le ying et le yang du perroquet.
Mettre au four à 160° pendant 20 minutes environ.
Des petits gâteaux frais et délicieusement moelleux, à partager sans modération pour oublier dans la gourmandise le psittacisme d'un certain cinéma français.