"Dans la demeure de toute riche famille japonaise, on montrera sans doute à l'hôte quelques trésors de famille. Certains seront presque surement des objets servant aux cérémonies de thé, si compliquées, qui sont particulières au Japon. Une fort jolie boîte sera peut-être posée devant vous. En l'ouvrant, vous ne verrez qu'un fort beau sac en soie serré d'une cordelière, ornée de petits glands. La soie, très souple et rare, est façonnée avec grand soin. Quelle merveille se cache sous une pareille enveloppe ? Vous l'ouvrez, et vous y voyez un autre sac, fait d'une soie de qualité différente, mais cependant très beau. Ouvrez celui-là, et miracle ! en voici un troisième, qui contient un quatrième, qui en recèle un cinquième, qui en renferme un sixième, qui enserre un septième, qui recouvre le plus rude, le plus étrange et le plus dur vase d'argile de Chine que vous n'avez jamais vu ! Cependant cela n'est pas seulement curieux, c'est aussi précieux, et cela peut être de plus de mille ans !
C'est ainsi que des siècles de la plus haute culture sociale ont enveloppé le caractère japonais de nombreuses gaines, inestimables et douces, gaines de courtoisie, de délicatesse, de patience, de douceur, et de sentiment moral. Mais, sous ces charmantes et multiples couvertures demeure toujours l'argile primitive, dure comme du fer, pétrie peut-être de tout le tempérament ardent du Mogol, et de toute la souplesse dangereuse du Malay."
Extrait de "La lumière qui vient de l'orient"
Lafcadio Hearn
J'ai beaucoup apprécié la métaphore "matriochkale" utilisée par Lafcadio Hearn pour décrire ce qu'il appelle "le caractère japonais".
Caractère qu'il connaissait d'autant plus pour avoir épousé une Japonaise et pris, plus tard, la citoyenneté japonaise sous le nom de Yakumo Koizumi.
Petit retour à Matsue pour visiter la Buke Yashiki, une des résidences de samouraïs, toujours située au bord des douves du Matsue-jo
Vous remarquerez le bus de ramassage scolaire joyeusement décoré, comme on en croise souvent au Japon.
Cette résidence, construite pendant la période Edo, a été conservée dans son état original par la ville de Matsue.
Comparée à d'autres maisons de samouraïs situées dans des régions plus prospères du Japon, elle paraît relativement austère. En effet, les revenus étaient moins importants à Matsue : ici point de signes de richesse ni d'opulence, la priorité a été donnée au côté fonctionnel et pratique.
Le hall de réception où le maître de maison recevait les dignitaires ou ses subordonnés. Au premier plan, on remarque une planchette portant le kamon (blason de la famille) en forme de fleur. A l'arrière plan, l'armure du samouraï.
La chambre de l'épouse où sont exposés entre autres ses tansu (commodes), miroirs et un splendide kimono d'apparat.
Séparée par un fusuma (porte coulissante), la chambre de l'époux où est également exposé son kimono d'apparat.
Dans le tokonoma (l'alcôve), un très beau kakejiku (rouleau peint) et ses katana et wakizashi (sabres), symboles de la caste des samouraïs.
Un serre-livres et, au second plan, un omaku (repose-tête) ...
La cuisine et quelques-uns de ses ustensiles
De la vaisselle en céramique finement décorée, sans doute réservée pour les jours de réception.
Un délicat byobu (paravent) et des lampes à huile.
Littéralement, byobu signifie "mur de vent".
Différentes sortes de chochin (lanterne composée d'une armature en bambou couverte de papier ou de soie) dont certains portables probablement utilisés par les serviteurs pour accompagner les maîtres de maison lors de leurs sorties nocturnes et accueillir les invités.
Un kama, grosse bouilloire en fonte utilisée pour le chanoyu (la crémonie du thé).
Difficile d'identifier tous les objets car les explications fournies le sont exclusivement en japonais ...
Enfin, le jardin ...
avec son indispensable puits !
Ouf !! J'ai bien mérité une petite pause café au Yakumo-an-Bekkan ;)
Matsue, le 29 juin 2011 ...
Ce fut décidemment une très longue journée !
Pour tout vous dire, elle n'est pas encore terminée ;)