Grande distribution, opérateurs, banques, eau, énergies... Indignés, indignez-vous !

Publié le 28 août 2011 par Jeaf

Les grosses inquiétudes des consommateurs face à la grande distribution et aux lobbies qui gèrent toute la planète portent naturellement sur ce qui est constatable en consommant, comme la qualité des produits et services ou leur prix. De ce fait, les sujets de mécontentement et de protestations focalisent sur ces points qui sont judicieusement contournés par les services de marketing et de communication des grands distributeurs et autres monopôles.
Vous en avez marre de mangez mal ?
Venez chez nous, c'est aussi mauvais mais...
Vous voulez payer moins cher ?
Chez nous, c'est moins bien mais c'est moins cher.

Non !
Le vrai problème n'est pas réellement la qualité, ni le prix, de ce qui finit dans nos assiettes, ou d'une manière plus étendue dans nos foyers
, mais plutôt la façon dont cela aboutit dans nos paniers de consommateurs.
En assainissant leur parcours entre le producteur ou le fabricants et les étals, les produits seraient meilleurs et moins chers, surtout car nous garderions le libre arbitre de les choisir dans un éventail de qualités et de coûts, non filtrés par les profiteurs, et mieux adaptés aux exigences de chacun.
Il en est de même en rendant à la communauté les biens d'équipement et l'exploitation des ressources qu'elle a financés par l'impôt et dont elle s'est vue dépossédée au fil du temps.

Le vrai problème vient bien de la main mise, du monopôle des grandes surfaces et de la grande distribution ou celui des compagnies concessionnaires privées qui gèrent l'eau, les énergies ou les télécommunications. La course aux marges bénéficiaires où les fluctuations de prix des denrées et produits ne sont même plus dues au marché de l'offre et de la demande mais aux indices boursiers de ces machines à fric dont les ramifications remontent jusqu'aux banques en passant par l'agroalimentaire et l'industrie.

  • La presque totalité des denrées alimentaires et des biens de consommation de la planète passe entre leurs mains, alors que c'est nous qui les produisons.
  • La presque totalité de l'eau de la planète passe entre leurs mains alors que c'est l'essence même de la vie sur terre.
  • La presque totalité de notre consommation d'énergies, même renouvelables, passe entre leurs mains alors que ces énergies sont la propriété de toute l'humanité.
  • La liste est très longue : santé, transports, déchets, parkings, autoroutes...

Autrefois, les tyrans et dictateurs avaient le pouvoir d'affamer les peuples, aujourd'hui ces nouveaux tyrans du profit ont en plus acquit le pouvoir de nous assoiffer s'ils le décident, en toute impunité, car nous leur avons cédé ce droit contre un écran plat et un portable comme on vend son âme au diable.

Des petits avantages, individuellement insignifiants, qui procurent de larges bénéfices aux profiteurs.

Lorsque les grandes surfaces ont décidé de ne plus offrir les sacs de caisse, (les poches nylon disait ma grand-mère qui les rangeait précieusement pour s'en resservir comme sacs poubelle), ils ont prétexté de saines raisons écologiques que nous avons gobées avec une moue obligée d'écocitoyen, puis sans demander plus de précisions, nous les avons même félicités.
Il n'en reste pas moins qu'on produit toujours plus de ces sacs polluants (ben oui, les usines allaient pas fermer leurs portes quand même), mais qu'à présent ils sont vendus, sous forme de cabas réutilisables ou de rouleaux de sacs poubelle, transformant ainsi ce qui était une charge pour le magasin en un nouveau profit juteux, et une dépense supplémentaire pour le consommateur.
Cette démarche rejoint celles, beaucoup plus anciennes, du caddy à pièce, du distributeur de carburant automatique ou des caisses automatiques, détruisant ces petits emplois qui faisaient le salut des moins qualifiés.

Liens
- Article précédent :"Mais ou est passé le pompiste"
- Un bilan écologique intéressant du sac de caisse car il n'est pas réalisé par la grande distribution : "Environnement : la fausse bonne idée de l'abandon des sacs de caisse"

Il en fut de même lorsque mon opérateur de mobile m'a proposé de passer à la facture électronique, ce que j'ai fait car c'est pratique et à priori écologique, mais ce qui m'a fait rire ou plutôt grincer furent les arguments, "la facture électronique c'est écologique", je suis d'accord, "en plus elle est gratuite", ben heureusement, mais ma facture papier était gratuite aussi.
Alors l'économie du papier, de l'encre, de l'enveloppe, et du timbre elle est pour qui ? Ceci représente tout de même 1 à 2% du montant moyen de chaque facture.
Et coté bilan écologique, cela reste à prouver puisqu'il faut quand même du courant et une connexion internet pour visualiser ou télécharger la facture, voire une imprimante et encore une fois du papier pour ceux qui choisissent finalement de l'imprimer !
Nos opérateurs et fournisseurs d'accès internet ne sont pas les seuls, les banques aussi avec les relevés en ligne et autres opérations manuelles simplifiées par le web.
Sans compter que cela ampute une appréciable partie de ses revenues à La Poste, un de nos derniers services publics encore bénéficiaire (non sans incidence sur l'emploi).

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Des chiffres sur le sujet dans un article bien construit : "La facture électronique est-elle durable"

Puis, cerise sur le gâteau, vient la façon dont on règle nos achats, en grandes surfaces notamment, rarement en argent vaillant comme chez l'épicier du coin, mais bel et bien à crédit, en veillant par de pathétiques jongleries calendaires à ce que le montant de nos achats soit prélevé le mois prochain, sachant pourtant que le mois prochain nous n'auront pas plus d'argent disponible que ce mois-ci.

Ce mode de paiement par carte alimente alors une encore plus sombre course au profit puisque notre règlement se verra ponctionné d'un montant de 0,4% à 1,8% qui ira directement dans les caisses d'un obscur organisme qui vous délivre contre une redevance annuelle ce petit rectangle de plastique bleu, doré ou platine si cher à notre existence d'Homme/Femme moderne accompli.
Cette sorte de TVA, qui ne va pas dans les caisses de l'état, échappe à toutes contributions indirectes pour son véritable bénéficiaire, le groupement des cartes bancaires, et lui rapporte plus de 3 milliards d'euros par an en France.

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Une étude qui appuie l'amendement Maillé tendant à réglementer ces commissions : "Site de Richard Maillé (député)"

Ne vous inquiétez pas pour votre supermarché, le montant de cette surtaxe fantôme et volatile est déjà inclus dans le prix à payer sans qu'il n'apparaisse sur aucune facture, ticket de caisse ou autre justificatif de paiement, même au titre de frais financiers. Ce moyen de paiement étant devenu si banal, voire incontournable parfois, et surtout si limpide, qu'on ne prête plus aucune attention aux conséquences qu'il produit sur ce qu'on appelle le prix public, pratiqué tout au bout de la chaîne.

Ces petits avantages, individuellement insignifiants, procurent pourtant de larges bénéfices aux profiteurs qui les retranchent de notre pouvoir d'achat et de notre confort au quotidien.

Certains indignés proposent le boycotte des grandes surfaces, certes il ne provoquerait pas de crise économique comme aurait pu le faire l'idée du bankrun en 2010 (dite "révolution Cantona") mais lancerait un bon coup de semonce à cet ordre établi à notre insu sur lequel nous n'avons plus aucuns contrôles. Le coup de pied dans le système bancaire et financier viendra de toute façon car c'est là que se niche la gangrène de toute cette pyramide instable et vacillante.
Ce n'est pas en créant une crise qu'on fera la révolution, mais c'est la crise qui déclenchera la révolution, et comme la crise est déjà bien installée... aux armes citoyens !
La grande distribution est un premier motif concret d'indignation et de mobilisation face aux lobbies et monopôles, il est à notre portée et sans risques inconsidérés ou irréversibles.
Une grève des consommateurs n'est pas une idée nouvelle, mais devient une opération possible grâce à l'incontestable mobilisation grandissante des "Indignés" à travers la planète.

Les raisons de s'indigner sont si nombreuses, qu'il semble bien inutile de prolonger la liste ici pour être convaincu de l'urgence et de la nécessité de réagir en s'engageant dans ce courant d'indignation mondial qui se lève comme une seule voix, non violente, citoyenne et constructive.