Les grosses inquiétudes
des consommateurs face à la grande distribution et aux lobbies qui gèrent toute
la planète portent naturellement sur ce qui est constatable en
consommant, comme la qualité des produits et services ou leur prix. De ce fait,
les sujets de mécontentement et de protestations focalisent sur ces points qui
sont judicieusement contournés par les services de marketing et de
communication des grands distributeurs et autres monopôles.
Vous en avez marre de mangez mal ?
Venez chez nous, c'est aussi mauvais mais...
Vous voulez payer moins cher ?
Chez nous, c'est moins bien mais c'est moins cher.
Non !
Le vrai problème n'est pas réellement la qualité, ni le prix, de ce qui finit
dans nos assiettes, ou d'une manière plus étendue dans nos foyers,
mais plutôt la façon dont cela aboutit dans nos paniers de consommateurs.
En assainissant leur parcours entre le producteur ou le fabricants et les
étals, les produits seraient meilleurs et moins chers, surtout car nous
garderions le libre arbitre de les choisir dans un éventail de qualités et de
coûts, non filtrés par les profiteurs, et mieux adaptés aux exigences de
chacun.
Il en est de même en rendant à la communauté les biens d'équipement et
l'exploitation des ressources qu'elle a financés par l'impôt et dont elle s'est
vue dépossédée au fil du temps.
Le vrai problème vient bien de la main mise, du monopôle des grandes surfaces et de la grande distribution ou celui des compagnies concessionnaires privées qui gèrent l'eau, les énergies ou les télécommunications. La course aux marges bénéficiaires où les fluctuations de prix des denrées et produits ne sont même plus dues au marché de l'offre et de la demande mais aux indices boursiers de ces machines à fric dont les ramifications remontent jusqu'aux banques en passant par l'agroalimentaire et l'industrie.
- La presque totalité des denrées alimentaires et des biens de consommation de la planète passe entre leurs mains, alors que c'est nous qui les produisons.
- La presque totalité de l'eau de la planète passe entre leurs mains alors que c'est l'essence même de la vie sur terre.
- La presque totalité de notre consommation d'énergies, même renouvelables, passe entre leurs mains alors que ces énergies sont la propriété de toute l'humanité.
- La liste est très longue : santé, transports, déchets, parkings, autoroutes...
Autrefois, les tyrans et dictateurs avaient le pouvoir d'affamer les peuples, aujourd'hui ces nouveaux tyrans du profit ont en plus acquit le pouvoir de nous assoiffer s'ils le décident, en toute impunité, car nous leur avons cédé ce droit contre un écran plat et un portable comme on vend son âme au diable.
Des petits avantages, individuellement insignifiants, qui procurent de larges bénéfices aux profiteurs.
Lorsque les grandes surfaces ont décidé de ne
plus offrir les sacs de caisse, (les poches nylon disait ma grand-mère
qui les rangeait précieusement pour s'en resservir comme sacs poubelle), ils
ont prétexté de saines raisons écologiques que nous avons gobées avec une moue
obligée d'écocitoyen, puis sans demander plus de précisions, nous les avons
même félicités.
Il n'en reste pas moins qu'on produit toujours plus de ces sacs polluants (ben
oui, les usines allaient pas fermer leurs portes quand même), mais qu'à présent
ils sont vendus, sous forme de cabas réutilisables ou de rouleaux de sacs
poubelle, transformant ainsi ce qui était une charge pour le magasin en un
nouveau profit juteux, et une dépense supplémentaire pour le
consommateur.
Cette démarche rejoint celles, beaucoup plus anciennes, du caddy à pièce, du
distributeur de carburant automatique ou des caisses automatiques, détruisant
ces petits emplois qui faisaient le salut des moins qualifiés.
Liens
- Article précédent :"Mais ou est passé
le pompiste"
- Un bilan écologique intéressant du sac de caisse car il n'est pas réalisé par
la grande distribution : "Environnement : la fausse bonne idée de l'abandon des sacs de
caisse"
Il en fut de même lorsque mon opérateur de mobile m'a proposé de
passer à la facture électronique, ce que j'ai fait car c'est pratique
et à priori écologique, mais ce qui m'a fait rire ou plutôt grincer furent les
arguments, "la facture électronique c'est écologique", je suis d'accord, "en
plus elle est gratuite", ben heureusement, mais ma facture papier était
gratuite aussi.
Alors l'économie du papier, de l'encre, de l'enveloppe, et du timbre elle est
pour qui ? Ceci représente tout de même 1 à 2% du montant moyen de chaque
facture.
Et coté bilan écologique, cela reste à prouver puisqu'il faut quand même du
courant et une connexion internet pour visualiser ou télécharger la facture,
voire une imprimante et encore une fois du papier pour ceux qui choisissent
finalement de l'imprimer !
Nos opérateurs et fournisseurs d'accès internet ne sont pas les seuls, les
banques aussi avec les relevés en ligne et autres opérations manuelles
simplifiées par le web.
Sans compter que cela ampute une appréciable partie de ses revenues à La Poste,
un de nos derniers services publics encore bénéficiaire (non sans incidence sur
l'emploi).
Lien
Des chiffres sur le sujet dans un article bien construit : "La facture électronique est-elle durable"
Ce mode de paiement par carte alimente alors une encore plus sombre
course au profit puisque notre règlement se verra ponctionné d'un
montant de 0,4% à 1,8% qui ira directement dans les caisses d'un obscur
organisme qui vous délivre contre une redevance annuelle ce petit rectangle de
plastique bleu, doré ou platine si cher à notre existence d'Homme/Femme moderne
accompli.
Cette sorte de TVA, qui ne va pas dans les caisses de l'état, échappe à toutes
contributions indirectes pour son véritable bénéficiaire, le groupement des
cartes bancaires, et lui rapporte plus de 3 milliards d'euros par an en
France.
Lien
Une étude qui appuie l'amendement Maillé tendant à réglementer ces commissions
: "Site de Richard Maillé (député)"
Ne vous inquiétez pas pour votre supermarché, le montant de cette surtaxe fantôme et volatile est déjà inclus dans le prix à payer sans qu'il n'apparaisse sur aucune facture, ticket de caisse ou autre justificatif de paiement, même au titre de frais financiers. Ce moyen de paiement étant devenu si banal, voire incontournable parfois, et surtout si limpide, qu'on ne prête plus aucune attention aux conséquences qu'il produit sur ce qu'on appelle le prix public, pratiqué tout au bout de la chaîne.
Ces petits avantages, individuellement insignifiants, procurent pourtant de larges bénéfices aux profiteurs qui les retranchent de notre pouvoir d'achat et de notre confort au quotidien.
Certains indignés proposent le boycotte des grandes
surfaces, certes il ne provoquerait pas de crise économique comme
aurait pu le faire l'idée du bankrun en 2010 (dite "révolution
Cantona") mais lancerait un bon coup de semonce à cet ordre établi à notre
insu sur lequel nous n'avons plus aucuns contrôles. Le coup de pied dans le
système bancaire et financier viendra de toute façon car c'est là que se niche
la gangrène de toute cette pyramide instable et vacillante.
Ce n'est pas en créant une crise qu'on fera la révolution, mais c'est la crise
qui déclenchera la révolution, et comme la crise est déjà bien installée... aux
armes citoyens !
La grande distribution est un premier motif concret d'indignation et de
mobilisation face aux lobbies et monopôles, il est à notre portée et
sans risques inconsidérés ou irréversibles.
Une grève des consommateurs n'est pas une idée nouvelle, mais devient une
opération possible grâce à l'incontestable mobilisation grandissante des
"Indignés" à travers la planète.