Ce 24 août, notre premier sinistre, celui à qui est dévolue la charge d’annoncer les mauvaises nouvelles, nous a annoncé les mesures décidées pour réduire le déficit de notre pays. Je laisse à d’autres le soin d’expliquer en quoi celles-ci ne sont pas la solution aux difficultés devant lesquelles nous nous trouvons.
Comme vous l’avez sans doute remarqué, elles consistent en particulier à revenir en arrière sur l’acte fondateur du quinquennat de rupture que le candidat Sarkozy nous promettait, la célèbre et géniale loi TEPA, votée le 21 août 2007. Cette marche arrière est justifiée par de nombreux politiques qui nous chantent en chœur : « oui, mais depuis est survenue une crise, la pire que le monde ait connue depuis plus de cinquante ans ». En réalité, dès l’avènement de notre flamboyant monarque, succédant à un quinquennat chiraquien, la situation des marchés financiers, après la crise du crédit immobilier spéculative, était plus que précaire.
En juillet 2007, Nicolas Sarkozy avait reproché au ministre des Finances allemand Peer Steinbrück, plaidant pour une réduction des déficits, d’avoir une « vision comptable des choses » Lors de la réunion de l’Eurogroup à Porto le 14 septembre 2007, son président Jean-Claude Juncker avait déclaré, à propos des efforts de consolidation des finances publiques françaises que « les ambitions de la France ne correspondent pas tout à fait au niveau des attentes qui sont les nôtres », ajoutant que « réformes structurelles et consolidation des finances publiques doivent aller ensemble ».
Mais notre président mettait alors l’accent sur la croissance, affirmant : « Que la croissance soit à 1,9 % ou 2,3 %, au fond cela ne change pas grand-chose, car, ce que je veux, c’est 3 % ». Il se faisait même fort d’aller chercher les points de croissance « avec les dents ». Gloire immortelle à ce président, à son premier ministre et à son ministre des Finances qui, anxieux de satisfaire leur clientèle, réduisent hardiment dès l’été 2007 les rentrées fiscales de l’État, se souciant comme d’une guigne de la règle d’or du traité d’Amsterdam.
Revenus de leur erreur, ils esquissent une correction homéopathique. Qu’est-ce donc que cette taxe exceptionnelle de 3% sur les très hauts revenus ? Dès l’an prochain, les rentrées générées par cette taxe ne seront plus nécessaires, notre déficit s’étant évanoui ? Au moment où l'on cherche, pour de pitoyables raisons (!) politiciennes, à graver pour l’éternité dans la Constitution l’obligation de l’équilibre des finances publiques.
Le message adressé aux riches est bien plus simple : « Voyez ce qui arrive par ces temps d’économies. Mais, rassurez-vous, ce ne sera que pour une année, puisque la France vote l’an prochain. Alors, votez bien ! Sinon, les autres ne se gêneront pas pour reconduire une telle spoliation ad vitam eternam. »