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La fille qui te recommandait chaleureusement une petite semaine à Kamin-Kashyrskyi

Par La Chose

Je suis Ukrainienne mais je n'écoute pas de la merde, non plus

Le paysan ukrainien peut se révéler légèrement bas de plafond, ma courge.
Surtout le jour de la Fête de l’Indépendance, qui tombe le 24 août et au cours de laquelle tout plein de chouettes groupes habillés comme des éleveurs de yacks du Haut-Tyrol se mettent à braire de jolies chansons qui te font un peu penser à la bataille de Stalingrad. Là, je dois dire que tu as moyennement intérêt à te fendre la poire ouvertement, sous peine de te faire encercler par une douzaine de sympathiques armoires à glace aussi expressives qu’un présentateur de journal télévisé sur Public Sénat. Le problème c’est que si tu as la chance de tomber sur un groupe un peu plus moderne, disons (au hasard) des clones de Tokio Hotel en train de remixer « Ma ya hi, ma ya hu » sur des claviers Bontempi, eh ben tu as encore plus envie de rigoler, bien sûr. Et donc il faut que tu penses très très fort à quelque chose de triste, comme par exemple la capture d’Oum le Dauphin par les méchants pêcheurs dont le chef ressemble à Capitaine Igloo.

Ceci étant dit, c’est tout de même entre un plat de Вареники et une potée au lard-champignons-croûtes de fromage que j’ai découvert Max Raabe, qui est très aimé par les Ukrainiens même s’il est Allemand et pas Ukrainien (et donc qu’il ne chante pas en ukrainien mais souvent en anglais, sauf quand il reprend « J’attendrai » en français évidemment, et aussi « Bei mir bist du Schön » en anglais, mais je sais pas si tu me suis?).
Bref.
On était dans la voiture avec Dmitri, qui était mon guide local et qui savait éviter les crachats des babouchkas du village comme personne, et c’est là qu’il a allumé la radio, et alors, entre une version techno de « Gare tes roupettes si tu ne veux pas que j’en garnisse mes млинці » (célèbre chant pacifiste cosaque) et l’originale de Voyage, Voyage (car les Ukrainiens sont aussi très friands de veille musique de merde bien française), on a entendu ce gars que j’ai d’abord confondu avec une version brésilienne de Joséphine Baker.

- J’adore, j’ai dit, c’est un trave de Korosnytsia?
- Presque, c’est chanteur de Germanie, m’a expliqué Dmitri. Ici beaucoup on aime, lui très drôle.

Et je suis d’accord, grave comme j’aime. Tellement que j’aime, je partage avec toi, ma dinde. C’est plaisir.

La fille qui te recommandait chaleureusement une petite semaine à Kamin-Kashyrskyi


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