Il te sera évident, cher visiteur et habitué de ce blog, qu’après avoir lu et aimé « Motel », le recueil de l’ami G@rp, je n’aurais pas hésité longtemps avant de lire son « Locked-In Syndrome ». Alors de quoi s’agit-il exactement ? Le méridional gastéropode se serait-il lancé dans la neurologie (syndrome d’enfermement, à lire sur Wikipédia) ? Et bien non ! Voici une novella, que dis-je, une quête, où les frontières fluctuent, où le lecteur se perd….
Ce nouveau récit de G@rp vient de loin, d’un défi lancé par une communauté de dYSjonctés. S’il aura fallu patienter trois ans pour le lire, il suffira de se dire que ce « Locked-In » attendait sagement que Publie.net lance sa collection « e-styx », dévolu à l’imaginaire (sf, fantastique & co).
L’histoire
Difficile d’en faire un résumé, tant cette histoire aborde de point de vue. Je pense que chacun y trouvera les échos de ses propres réflexions sur les barrières de moins en moins palpables entre le réel et le virtuel.
Un personnage singulier tente de sortir de l’anonymat absolu en créant LE jeu qui boulversera le monde : la SexyWI. Seulement, un tel jeu, ça se teste. Et puis il faut un marché, des distributeurs, de la promotion… Cela en fait des gens à voir, des réticences à combattre, des scrupules à oublier. Est-ce trop ? Alors que décembre 2012 et sa funeste prophétie maya se dessine, quels ont les chances pour s’en sortir ?
Le premier tremblement de terre, celui qui sonne le glas de la Terre, a fait ressurgir de l’océan la mythique YS. Un vrai dédale, pour le passant, pour le temps, pour l’habitant. Jusqu’à douter que la cité soit là, ici, ailleurs, en dehors du temps. Pourtant, le héros conteur n’a d’autre choix que de l’arpenter, en même temps qu’il refait le point sur lui et ses souvenirs récents.
Dans quel jeu, piège, boucle s’est-il enfermé ?
La description de l’éditeur (en résumé) :
Jeux vidéos, consoles, illusions de monde. On passe des niveaux. On recommence à zéro. Il y a des reset. On tue, on est tué, on a d’autres vies.
Maintenant ça s’enseigne à l’université, le jeu vidéo. On lui bâtit des décors, des scénarios – et parfois rudement complexes. Certains ont même leur monnaie. En tout cas leurs communautés, et ce sont comme des mondes en travers de notre monde qui surgissent, ou s’y camouflent.
En tout cas, création à part entière. Comme notre réalité même.
Et ça ne donnerait pas envie de récit ? Sauf que justement, ici, on va pouvoir aller jusqu’au bout. La disparition même, peut-être, sortira de la règle du jeu. S’en prendre au présent par ses miroirs et ses illusions ? Mais g@rp ancre ça sur une vieille légende, la ville d’Ys – là-bas, au large de Douarnenez. Une ville qui disparaît, tiens donc…
Alors, de la SexyWI à Wikipediâme, via ce JoyStix qui est un peu pour quelque chose dans le nom de cette collection, voilà un écrit dangereux. Un écrit pour nos écrans d’aujourd’hui, et la relation complexe que nous y entretenons.
L’avis
G@rp ose.
Cela se démontre et se confirme d’écrits en écrits.
Ici, je me suis laissé piéger, moi aussi, par ces liens, ces flash-back et forward, ces mots qu’ils semblent semer au hasard mais qui sont là pour perturber le lecteur.
A la croisée du syndrome neurologique (cf lien en préambule de cet article), du comportement Otaku, du fantasme de l’immersion dans la Matrice, on trouve cette histoire où la vérité est multiple. Je ne suis toujours pas sûr d’avoir décidé ce qui était réellement arrivé au héros. Ni fait la part entre ses rêves/cauchemars, ceux de l’auteur ou ceux du lecteur.
On en revient aux bases du cyberpunk : où s’arrête la réalité ? Et finalement, qu’est-ce que la réalité ? N’y a-t-il pas autant de définitions à lui donner qu’il n’y a de gens à la vivre.
Avec un vocabulaire toujours finement choisi, et une mise en page qui tire le maximum d’une édition numérique, G@rp réussit avec brio une forme gibsonienne d’approche des réflexions cyberpunk. Mais loin de l’étiquette que l’on colle aujourd’hui sur des auteurs comme R.Morgan où l’humain et l’action dure sont au coeur de l’évolution de la techno-humanité.
Dans « Locked-in syndrome », on est dans le flou, coincé dans un flux, mais libre de penser.
Curieuse sensation de déboussolement garantie par l’auteur.
Les liens
Vers publienet
ET bien sûr, l’ouvrage se trouve sur ItunesStore aussi…
Bonne lecture