Le gouvernement chinois a fait part mercredi dernier de ses regrets suite l’abandon par Steven Spielberg de son rôle de conseiller artistique des prochains jeux olympiques de Beijing. Le réalisateur américain a souhaité ne plus être associé à l’organisation des olympiades suite au rôle nauséabond joué par la Chine dans la crise du Darfour. Cette décision a fait grand bruit en Chine. Le ministre des affaires étrangères a regretté cette décision. D’après lui, il est compréhensible que certaines personnes ne comprennent pas le rôle joué par la Chine au Darfour et au Soudan. Cependant, il n’est pas considéré comme acceptable que des individus utilisent cette crise comme une opportunité pour saboter l’organisation des jeux, la Chine ayant tout tenté, main dans la main avec les nations unies, pour résoudre le conflit. Selon le gouvernement, la Chine aurait offert plus de 11 millions de dollars aux associations humanitaires ainsi que de nombreuses infrastructures. Ouhlala.
Georges Bush se fout apparemment de la crise. Le président américain a indiqué à la BBC qu’il ne considérait les jeux que comme un événement sportif et non un événement politique. Cet entretien à fait les gros titres des journaux à la botte du régime. Car le pays mise très gros sur l’organisation de ces jeux qui vont coûter plus de 40 milliards de dollars. 800 000 personnes ont proposé d’être bénévole. 500 000 touristes et plus de 30 000 journalistes sont attendus. Tout est organisé pour que la presse étrangère ait une vision idyllique de la ville et du gouvernement chinois. La ville a été nettoyée de ses pauvres, de ses putes et de ses mendiants, les sites historiques ont été restaurés et les usines les plus polluantes déplacées. En attendant le 8 08 2008 à 8h00 du soir, le chiffre 8 étant un chiffre porte bonheur pour les chinois.
Côté pollution, la Corée et le Japon tentent d’attirer les délégations étrangères pour l’entraînement des sportifs en insistant lourdement sur les dangers de la pollution pékinoise et de l’alimentation chinoise. Côté droits de l’homme et opposition au régime, ce n’est pas la fête du slip. Sous une apparente ouverture, le parti n’a rien perdu de son goût pour la répression. Après Berlin en 1936 et Moscou en 1980, Pékin veut rayonner à son tour. Certains avancent que boycotter les jeux c’est renforcer le nationalisme des chinois et donc renforcer indirectement le régime. On y croit.
La prise de position de Spielberg et d’autres artistes dont Mia Farrow est certainement courageuse. Ils risquent à leur tour le boycott de leurs films (systématiquement piratés et vendus à un euro sur les trottoirs de la capitale). Certains sportifs portent également des ticheurtes (made in China ) arborant des menottes en guise d’anneaux olympiques. Ils oublient cependant assez rapidement que leurs sponsors font fabriquer principalement leurs articles en Chine par de petits nenfants depuis bien longtemps. D’après Libération (curieusement accessible sur internet, bloqué du temps de Pierre Haski), une trentaine de journalistes et une cinquantaine d’internautes ont été emprisonnés, 180 correspondants étrangers interpellés, agressés ou menacés en 2007, et des milliers de sites Internet restent bloqués. Je n’ai ainsi jamais pu avoir accès à Wikipedia de mon hôtel, ma messagerie était très restreinte et l’accès à certains sites ou photographies (non cochonobitopornographiques je précise) impossible. Mais en apparence, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et l’image de ce monde parfait va être diffusée par la plupart des journalistes sportifs qui, entre hôtels de luxe, infrastructures sportives ultramodernes et monuments historiques fraîchement rénovés, vont jouer le jeu du gouvernement en décrivant la ville des bisounours de l’espace.
One world, one dream, tel est le slogan des jeux. Les cinq petites mascottes sont présentes partout. Pour répondre à Thié Rit, l’association de leurs cinq noms signifie en chinois « Beijing welcomes you », « Pékin vous souhaite la bienvenue » : Beibei, Jingjing, Huanhuan, Yingying et Nini (Beijing Huan Ying Ni). Le site olympique est situé en périphérie nord de la ville, à un quart d’heure en voiture du centre. Si le centre nautique a déjà ouvert ses portes, le reste des installations est toujours en construction et interdit au public. Sans gros zoom, impossible de photographier le grand stade. Des dizaines de touristes se rendent pourtant aux alentours, mais sont vite repoussés par les militaires ou les gardiens. Il faut espérer trouver une brèche dans les barrières métalliques pour espérer jeter un coup d’oeil furtif sur le nouveau stade en forme de nid barreaux de prison. Cerise sur le gâteau, ce stade serait mal conçu: structure d’acier trop basse, pas de protection de la pluie car aucun toit et terrain brouillé par l’ombre de la structure les jours ensoleillés rendant impossible la distinction des joueurs/athlètes. L’architecte risque donc la pendaison. Pendu, pendu, pendu.
Officiellement, les jeux devraient ressembler à ça. C’est joli, hein ?