C'est la première griffe montréalaise assez établie (tout en restant dans la catégorie "jeune création") dont on avait envie de parler. En tout cas, c'est celle dont on avait déjà eu des échos outre-Atlantique et qui s'est affichée plus d'une fois depuis notre arrivée. UNTTLD (prononcez « Untitled ») résume parfaitement ce que peut être l'avenir de l'avant-garde montréalaise en matière de jeune création.Harrison Drake, notre pote aux idées bien lointaines du ramdam de l'industrie mode & money money, nous avait déjà balancé le lien de leur site et quand nous avons feuilleté la presse locale pour savoir où on avait atterri, on n’a pas tardé à les revoir, couverts d'éloges par les rédactrices du coin.En même temps, ça nous paraît assez logique. L’ensemble de l'image de marque autant que de leurs collections se confond bien dans l'air du temps : un jeune duo de chérubins sexy aux commandes (les duos, c'est très mode en ce moment. Cf. Dévastée, Mal-aimée, Belle Ninon… bla-bla-bla), marinés dans un bain artistico-conceptuel pas dégueulasse qu’on serait friand de connaître un peu plus et une mode assez fraîche, urbaine et portable, sans être ennuyeuse. Bon après, on n'a pas fait un travail approfondi de recherche, hein ! Trop la flemme, entre le montage d'un meuble Ikea, la fête et les maris, y a déjà pas mal de boulot mais bon, pas besoin d'en savoir plus ! Leur loobook Automne-Hiver 2011 parle pour eux. À ce qu'on a compris (oh là là ! ça fait mauvais genre de dire ça), ils sortent tous les deux d'écoles de mode montréalaises avec des détours à l'international, mais surtout d'une émission de télé (genre project runway) où ils ont été finalistes et qui leur a permis de se faire connaître du grand public. Le reste, ils le doivent à leurs putains d'esprits créatifs…Ça fleure bon le sang neuf qui n'hésite pas à s'exprimer d'une manière assez directe. Il y a un peu de Theyskens dans leurs approches : des robes fluides ou "froufrouteuses", des manteaux ultra structurés faits de matières nobles pour une approche féminine un brin rock, assez bohème mais pas exagérée. Le résultat est finalement exactement ce qu'il annonce : Untitled, sans titre. Mais attention, ce n'est pas péjoratif, bien au contraire ! Réussir à exprimer un concept aussi complexe que celui qu'il aborde est assez rare pour être noté. Chez la femme UNTTLD, pas d'ADN source, pas de touche reconnaissable sur mille, pas de signature type : libre à la femme qui s'en octroie les services de l'interpréter à sa manière. C'est osé, risqué même, mais brillamment rendu. C'est certainement pour ça qu'ils font tellement parler d'eux, car toute femme peut s'y reconnaître. Une mode qui prend l'âme de celle qui la porte. Oh là là ! On a envie de dire : " C'est beau!", une petite "larmouille" à l'oeil.En plus, ça reste cohérent, c'est pas un grand foutoir où tu peux piocher ce qui te fait bander ! C'est juste que leur version soir s'arme des atouts du jour, tout comme leurs silhouettes censées être plus calmes cachent en vérité une espèce de sex-appeal très nocturne. En gros, il ne sera pas gênant d'aller demander une augmentation à son patron dans la très sexy robe en crochet rouge, comme il ne sera pas vulgaire d'aller draguer du mari dans un bar chic dans le tailleur serré transparent qui rappelle pourtant un peu l'uniforme de secrétaire. Le jeu du caché-detourné se révèle être, originalement, la seule marque de fabrique de Simon Bélanger et José Manuel Saint Jacques. Pour le reste règne une espèce de micmac empreint d'innocence, avec les jupes et robes froufrous, autant qu'un vestiaire assez rétro rock dans les ensembles pantalons cigarettes/tee-shirts bouffants, du plus dame avec des jeux de fourrure ou encore du sexy edgy avec leurs diverses micro-robes…Il y en a pour tous les goûts, on vous dit ! Seulement, la subtilité de la conception de la collection n'est, elle, pas bordélique. Du coup, la cliente est contente, la rédactrice est contente, l'acheteuse est contente. UNTTLD, un exemple à suivre pour la jeune création ? Disons que c'est bien pensé pour appâter. Après, ils pourront péter une durite plus facilement. Alors, oui, oui à la mode créative mais là, méga bon point à cette mode intelligente. Au fait, on vous trouve où ? Le porte-monnaie va encore prendre cher dans sa gueule.
Bien à vous.