La Planète des Singes: Les Origines (Rise of the Planet of the Apes)
Résumé: Jeune chercheur doué, Will Rodman (James Franco) est sur le point de trouver un remède à la maladie d’Alzheimer. Mais suite à un incident, son programme est annulé, et Will se retrouve contraint d’abattre les singes sur lesquels il expérimentait. Il adopte en cachette le petit d’une des femelles chimpanzé du programme, César. Bientôt César démontre des aptitudes et une intelligence exceptionnelles, preuve que la formule mise au point par Will fonctionne…
Après le ratage du remake de Tim Burton, un nouveau reboot de la saga de la planète des singes semblait la pire idée possible. Pourtant, à l’heure où la mode est aux remakes et autres reboots, il était évident que la Fox n’allait pas cracher sur la possibilité de relancer une franchise des plus juteuses. Mais au lieu qu’un second remake du chef d’œuvre de Franklin J. Schaffner, ce Planète des Singes nouvelle version est une variation sur le même thème. A vrai dire, il s’agit plutôt d’un pseudo remake de La Conquête de la Planète des Singes, quatrième volet de la série, qui voyait César, fils de Cornelius et Zira, tenter de libérer les singes du joug des humains. Mais si la base est la même (un singe supérieurement intelligent pousse ses congénères à la rébellion), le traitement est ici radicalement différent.
Exit donc les histoires de paradoxes temporels, l’intelligence supérieur de César lui vient de la science, et pour être plus précis d’un traitement expérimental de la maladie d’Alzheimer développé par un jeune chercheur idéaliste (James Franco). La suite du film suit à peu près le même schéma que son modèle, s’attachant à faire de César le héros de l’histoire et le meneur de la révolte. La différence notable, c’est que le film de Rupert Wyatt tente de rester crédible du début à la fin, notamment au niveau de l’évolution de César, qui passe du statut de primate intelligent à celui de quasi être humain. L’évolution de son langage par exemple est extrêmement bien gérée, et les premiers mots qu’il prononce en fin de film arrivent à surprendre tout en paraissant naturels. Le mérite de l’attachement ressenti envers le personnage est principalement à mettre au crédit d’Andy Serkis, le dieu de la performance capture, et des équipes de Weta, qui proposent une fois de plus des effets spéciaux bluffants. Aux côtés de Serkis, on a le plaisir de retrouver le toujours excellent James Franco, qui choisit décidément ses projets avec le plus grand soin, ainsi que le grand John Lithgow qui pour une fois joue sur un registre émotionnel et le fait extrêmement bien. Freida Pinto (un peu en retrait) et Brian Cox dans un second rôle un peu anecdotique, complètent un casting bien dosé. Seul Tom Felton, tout juste échappé de la franchise Harry Potter, a un peu du mal à ne pas sombrer dans la caricature.
Le réalisateur Rupert Wyatt adopte la bonne approche dans ce nouvel opus, évitant de tomber dans le spectaculaire, et se concentrant avant tout sur des personnages forts et bien écrits. Il n’en oublie pas cependant d’emballer quelques magnifiques scènes (les premiers rassemblements des singes, l’attaque du laboratoire, la découverte de la forêt par César…) et se révèle plutôt à l’aise dans la gestion de l’action. A vrai dire les seuls légers bémols que l’on pourra émettre à l’égard du film se limitent à quelques scènes (lorsque César philosophe avec un autre singe par langage des signes, on tombe dans le ridicule) et au fait que le film abandonne tout le sous-texte politique de la saga originale (péril atomique, révolte des esclaves).
Après l’excellent X-Men Le Commencement, La Planète des Singes : Les Origines laisse espérer que la Fox s’est peut-être enfin décidée à moins brider ses réalisateurs et à leur permettre de pondre des films de qualité sans venir bousiller leur travail. Espérons que cela dure !
Note : 7.5/10
USA, 2011
Réalisation : Rupert Wyatt
Scénario : Rick Jaffa, Amanda Silver
Avec: James Franco, Andy Serkis, John Lithgow, Freida Pinto, Brian Cox, Tom Felton
Cowboys et Envahisseurs (Cowboys and Aliens)
Résumé : Arizona, 1873. Un homme se réveille au milieu du désert américain, blessé au flanc. Il ne se souvient plus de qui il est, ni de ce qu’il fait là. Seuls indices à ses côtés : une photo de femme, et un mystérieux bracelet à son poignet. Arrivé dans la ville la plus proche, il se retrouve vite en conflit avec le fils du principal notable du coin, et avec le shérif, qui reconnait en lui un hors-la-loi recherché. Alors que le shérif s’apprête à l’envoyer à Santa Fe pour être jugé, des vaisseaux spatiaux débarquent et commencent à enlever les habitants…
Avec le toujours inédit en France Hobo with a Shotgun, Cowboys and Aliens (ça le fait un peut plus que le titre français, non ?) pourra prétendre cette année au trophée du film au titre le plus immédiatement bandant pour n’importe quel fan de film de genre. Et si on ajoute à ça un casting quatre étoiles avec Daniel Craig et Harrison Ford en têtes d’affiche, le nouveau film de Jon Favreau était certainement l’un des projets les plus motivants de l’année. Sauf que Jon Favreau a auparavant commis Iron Man 2, ce qui tout de suite fait moins envie. Et malheureusement, malgré le parrainage bienveillant de Steven Spielberg, il faut se rendre à l’évidence, Cowboys en Envahisseurs est raté.
La première chose qui choque lorsque le film débute, c’est la laideur visuelle de celui-ci. Les scènes de jour sont totalement délavées, et réussissent à ôter toute sensation de grandeur aux paysages de l’Ouest américain, tandis que les scènes de nuit sont tellement sombres que c’est tout juste si on comprend ce qui se passe à l’écran. Mais le pire reste les quelques flashbacks du film, affublés d’un grain hideux rappelant les épisodes de Saw emballés par Darren Lynn Bousman. Bref, ça pique les yeux.
Ensuite, il y a le scénario, qui multiplie les incohérences et raccourcis scénaristiques hasardeux. On passera sur l’affrontement final dans lequel les héros se font laminer lorsqu’ils tentent une approche stratégique (en se planquant et attaquant les ennemis depuis un surplomb) mais prennent le dessus lorsqu’ils partent à l’assaut comme des bourrins sans cervelle contre des aliens deux fois plus grands et rapides qu’eux. Plus gênant est le personnage incarné par Olivia Wilde, sorte d’ange gardien bienveillant sorti de nulle part, qui semble pouvoir ressusciter selon le bon vouloir du scénariste. Enfin, autre grand moment de n’importe quoi, l’explication de la présence des aliens sur Terre (ben ils veulent de l’or) et de leur obsession pour les humains (un tir de leurs armes fait exploser un humain en morceaux impossible à rassembler, mais ils veulent quand même les étudier pour trouver leurs points faibles !). Des incohérences pas forcément plus graves que dans n’importe quel autre blockbuster, mais plombées par la mise en scène mollassonne de Favreau.
Car c’est bien simple, pendant les trois quarts du film il ne se passe quasiment rien. Les héros chevauchent, se chamaillent, se font des confidences, rencontrent des gens (les anciens membres du gang de Daniel Craig, des indiens pas contents qu’on leur ait piqué leurs potes) et puis enfin dans les vingt dernières minutes trouvent les aliens et leurs bottent le cul. Favreau foire quasiment tous les morceaux de bravoure du film (merde, le type n’arrive même pas à rendre impressionnant un bateau à aubes échoué dans le désert !) mis à part la bataille finale (et encore, c’est surtout parce qu’il a pu glisser quelques plans sanglants). La seule chose qu’il réussit parfaitement, c’est à rendre crédible le postulat de base, ce qui n’est déjà pas mal vous me direz !
Seuls réel point positif du film, le casting vraiment excellent. Daniel Craig est toujours à l’aise dans le rôle du héros taciturne, et Harrison Ford n’a rien perdu de son charisme et assure en propriétaire terrien cachant un cœur d’or sous des dehors de brute avide. Et puis le casting de seconds rôles n’est pas en reste, avec un défilé de bons acteurs : Sam Rockwell, Paul Dano (There will be Blood), Adam Beach (meilleur personnage du film), et le toujours impressionnant Clancy Brown malheureusement trop vite éliminé. Et puis il faut avouer que le design des aliens est plutôt sympa et que ça fait plaisir de pour une fois voir des monstres en animatronique bien baveuse plutôt que des images de synthèses toutes lisses.
Mais malgré ces quelques bons côtés, Cowboys et Envahisseurs reste un film très mou du genou, qui prouve une fois de plus que Favreau devrait arrêter de s’entêter à vouloir mettre en scène des blockbusters. Il n’a clairement pas la carrure pour ça…
Note : 4/10
USA, 2011
Réalisation : Jon Favreau
Scénario: Roberto Orci, Alex Kurtzman, Damon Lindelof, Mark Fergus, Hawk Otsby
Avec: Daniel Craig, Harrison Ford, Olivia Wilde, Sam Rockwell, Adam Beach, Paul Dano, Clancy Brown
Heartless
Résumé: Défiguré par une tâche de naissance lui recouvrant la moitié du visage, Jamie (Jim Sturgess) et un jeune homme solitaire passionné de photo. Une passion qui va vite lui attirer des ennuis dans un quartier gangréné par la violence. Lorsque sa mère est assassinée sous ses yeux, il est vite persuadé qu’il ne s’agit pas du fait d’un gang de jeunes comme le dit la presse, mais bien d’un groupe de démons…
Absent des écrans depuis quinze ans, Philip Ridley (Darkly Noon) revient à la réalisation, avec un film à petit budget évoquant fortement l’univers de Clive Barker. On retrouve en effet dans ce Heartless de nombreux clins d’œil (le héros photographe qui découvre quelque chose qu’il ne devrait pas, comme dans Midnight Meat Train), et de nombreuses obsessions de l’auteur d’Hellraiser (le voyeurisme et la sexualité refoulée, l’amour des « monstres » et exclus de la société). Pourtant, Heartless est loin du pâle décalque d’œuvres d’un autre et propose un voyage singulier dans l’esprit de son attachant héros. Malgré un budget qu’on devine des plus réduits, Ridley arrive à emballer des images impressionnantes dans des décors a priori tout ce qu’il y a de plus banals (l’appartement du diable dégage réellement une impression de décadence étouffante). Il mixe avec aisance plusieurs registres, passant sans heurts de la comédie à l’horreur la plus dérangeante en quelques minutes (la scène avec le prostitué, tout simplement géniale). La très belle musique de David Julyan (Memento, Le Prestige) participe aussi pleinement à l’ambiance étrange et délétère du film. Seul bémol, petit budget oblige, les effets spéciaux du film sont parfois un peu limite (notamment le faciès des démons, qui puent le numérique).
L’autre réussite du film, c’est qu’il s’appuie avant tout sur un scénario solide et bien construit, montant crescendo jusqu’au final tragique et d’une implacable logique. Ridley prend le temps de développer ses personnages, et brasse de nombreux thèmes : la déliquescence de certains quartiers londoniens, la violence gratuite des gangs, la solitude des êtres différents… Le film permet aussi de confirmer le talent de Jim Sturgess qui devrait bientôt faire se pâmer toutes les jeunes filles de la planète avec le drame romantique Un Jour. A ses côtés, Clémence Poésy apporte une touche de féminité au métrage, malgré un jeu un peu distancié. Enfin, le casting est complété par l’excellent Noel Clarke, bien connu des fans de Doctor Who, et qui semble vouloir se spécialiser dans le cinéma de genre, après le très fun Doghouse.
Le film risque néanmoins d’en rebuter quelques-uns par son rythme lent et son apparente opacité, mais ceux qui accepteront de rentrer dedans et de communier avec les aventures tragiques de Jamie ne regretteront pas le voyage.
Note : 7/10
Royaume-Uni, 2009
Réalisation : Philip Ridley
Scénario : Philip Ridley
Avec: Jim Sturgess, Clémence Poésy, Noel Clarke, Timothy Spall, Joseph Mawle
The Inbetweeners Movie
Résumé: Le lycée terminé, quatre amis décident de partir en vacances ensemble sur l’île de Crête. Une occasion pour eux de finir en beauté le début de leurs scolarité, par une dernière virée entre potes, pleine de soleil, d’alcool et de sexe (du moins l’espèrent-ils).
Pour ceux qui ne connaissent pas, The Inbetweeners (littéralement « les entre-deux ») est une série TV britannique racontant le quotidien de quatre lycéens dans leur établissement scolaire. Bénéficiant d’un culte énorme outre Manche, la série s’est achevée en octobre 2010 au terme de sa troisième saison. Mais histoire de boucler la boucle, les créateurs du show ont décidé de conclure l’histoire par un film réussissant tout le casting de la série. Le film se déroule pendant les vacances d’été post-terminale, alors que les quatre amis vont chacun partir de leur côté : certains vont à l’université, d’autres non. Une dernière occasion leur est offerte de célébrer leur amitié en partant en vacances ensemble, direction Malia, sur l’île de Crête.
Pour être tout à fait franc, The Inbetweeners Movie ne propose rien de bien révolutionnaire. Les personnages sont assez clichés (le beau gosse qui accroche tout ce qu’il veut, le petit rigolo qui lui n’accroche rien du tout, le gentil garçon qui tente de se remettre de sa rupture, et enfin le fils de bonne famille coincé et un peu pédant), le scénario est un mix des deux premiers American Pie, et l’histoire suit des voies très balisées. Mais cela n’empêche pas le film d’être hilarant de bout en bout. Tout d’abord parce que contrairement à une comédie ado américaine, The Inbetweeners ne se fixe pas de limite, que ce soit au niveau crudité (les dialogues sont particulièrement fleuris, et les détails des anatomies masculine et féminine sont largement exposés) ou au niveau des situations. Du coup, le côté archétypal des personnages est largement compensé par des dialogues qui sonnent juste et un certain nombre de situations typiquement britanniques (les t-shirts personnalisés, les vieilles cougars qui draguent les ados, les sessions de « binge drinking »)… La naïveté d’ados partant pour leur premier grand voyage est aussi soulignée de façon très drôle mais sans cynisme (la découverte de leur logement, l’attrape-nigaud de la fille canon les enjoignant de les rejoindre dans une boîte de nuit pourrie). Les quatre acteurs principaux, secondés par leurs pendants féminins, font preuve d’une aisance remarquable et d’un naturel dans leur jeu irrésistible. On retiendra particulièrement le personnage de Will (Simon Bird), référent du spectateur, dont les interventions en voix-off sont tout simplement hilarantes. Et puis surtout, le film possède un rythme infernal, enchaînant sans temps mort les situations cocasses, les dialogues qui claquent et les gags outranciers, ce qui fait qu’il est quasiment impossible de ne pas rire au moins une fois toutes les deux minutes.
Sans révolutionner le genre de la comédie adolescente, The Inbetweeners Movie apporte néanmoins un vent de fraîcheur sur cet été bien avare en sourires. Assurément la comédie de l’année (du moins pour les britanniques, étant donné qu’il y a assez peu de chance qu’elle débarque en France).
Note : 7.5/10
Royaume-Uni, 2011
Réalisation : Ben Palmer
Scénario : Iain Morris, Damon Beesley
Avec : Simon Bird, James Buckley, Blake Harrison, Joe Thomas, Laura Haddock, Emily Head, Tamla Kari, Jessica Knappet, Lydia Rose Bewley, Anthony Head