Les capitalistes n'ont plus de lapin dans leur sac

Par Alaindependant
par David Pestieau sur le site de "Solidarité", journal du PTB (Parti du Travail de Belgique)
L’économiste Roubini, qui avait prédit la crise de 2008 : « Jusqu'à l'an passé, les décideurs pouvaient toujours produire un nouveau lapin... Stimulant fiscal, taux d'intérêt quasiment nul... tout a été essayé. Maintenant, ils n'ont plus de lapin dans leur sac. »

Même s'ils crient victoire sur des champs guerriers loin de leurs frontières, nos gouvernants font face à une crise majeure. Marc De Vos, du centre d'études ultra-libéral Itinera : « Un spectre hante l'Europe et il s'appelle “Double Dip” (double dépression, NdlR). Dans toute l'Europe et aux États-Unis, l'économie est presque à l'arrêt. Les économistes craignent une nouvelle récession, après celle de 2008. Les politiciens redoutent la catastrophe. »1 

En 2008, ces penseurs ultralibéraux nous avaient parlé d’un accident de parcours. D’autres avaient été plus loin, estimant qu’il faudrait réguler et moraliser le système. Di Rupo avait ainsi déclaré : « Nous devons faire comprendre aux princes du capitalisme que le monde a changé. L’Internationale socialiste se bat pour moraliser l’économie. »

Aujourd’hui, ces promesses se sont envolées et la crise économique reprend de plus belle. La crise financière est devenue une crise des dettes d’États, qui ont dû remplir les trous des banques. Et maintenant ceux-ci veulent nous mettre tout ça sur notre dos.

Aussi la question se pose : faut-il continuer à accepter cette logique ? Faut-il espérer en arrondir les contours ? Ou faut-il remettre en cause le système lui-même ?

L’économiste Roubini, qui avait prédit la crise de 2008, écrit : « Karl Marx avait raison. À un certain point, le Capital peut se détruire lui-même. Vous ne pouvez pas continuer le transfert des revenus du travail vers le capital sans créer d'un côté une capacité excédentaire de production et de l’autre un manque de demande. Nous pensions que les marchés fonctionnaient. Ils ne marchent pas. »2

Retour aux sources donc ! Marx : « Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises ? D’un côté, en détruisant par la violence une masse de forces productives (les entreprises, NdlR) ; de l’autre en conquérant de nouveaux marchés et en exploitant plus à fond les anciens. À quoi cela aboutit-il ? À préparer des crises plus générales et plus formidables et à diminuer les moyens de les prévenir. »3 C’est ce que nous avons pu voir les trois dernières années. Et aujourd’hui nos décideurs décident de poursuivre de manière plus intense dans cette voie : diminuer nos salaires, nous faire travailler plus longtemps, précariser nos emplois, donner de nouveaux cadeaux aux patrons. C’est la logique que prend aussi l’Union européenne et que suivent les négociateurs autour du formateur Di Rupo. Ils ressemblent à ces médecins du Moyen-Age qui prescrivaient la saignée comme remède aux malades. Cette voie est sans issue. Roubini : « Jusqu’à l’an passé, les décideurs pouvaient toujours produire un nouveau lapin... Stimulant fiscal, taux d’intérêt quasiment nul... tout a été essayé. Maintenant, ils n’ont plus de lapin dans leur sac. »4

La crise va frapper dur. Les tenants du capitalisme sont bien décidés à nous la faire payer. Aussi le monde du travail et la jeunesse devront trouver la force de se mobiliser, de s’organiser et choisir un autre chemin [...]


1. De redactie, 22 août 2011 • 2. Wall Street Journal, 12 août 2011 • 3. Manifeste Communiste, Œuvres Choisies, I, p 117 • 4. Is capitalism doomed? In Project syndicate, 15 août 2011