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Nicolas Sarkozy s’invite à «la table du diable»… sans grande cuiller !

Publié le 27 août 2011 par Kamizole

Nicolas Sarkozy s’invite à «la table du diable»… sans grande cuiller !

Avez-vous remarqué qu’à chaque fois que François Fillon doit annoncer des mesures drastiques Nicolas Sarkozy s’éclipse à l’étranger ? Peut-être pas puisqu’il est si rarement à l’Elysée. En vadrouille permanente aussi bien à travers toute la France qu’à l’étranger. C’est une fois de plus le cas. Encore un effet de sa puérile "mentalité magique" : «si c’est pas moi qui dit, c’est pas moi qu’y est»… Bien évidemment ridicule puisque personne n’est dupe, sachant parfaitement que rien ne se décide sans son aval et bien plus souvent, sa volonté et ses ordres express.

Je savais qu’il devait aller à Pékin mais je n’ai pu me retenir de pouffer en découvrant ce titre sur la Une du Monde M. Sarkozy cherche le soutien de Pékin pour réformer le système monétaire  (26 août 2011). S’il pense ainsi amadouer le «Tigre» - et je peux vous affirmer qu’il n’est pas "de papier", celui-là ! sauf s’il s’agit de la masse considérable des titres de dettes souveraines dont il s’est bâfré jusqu’à l’indigestion – Nicolas Sarkozy se fiche digito in oculo. Va pour les courbettes !

Une fois de plus. Il serait quand même grand temps qu’il prenne l’exacte nature de l’unique ambition qui guide les dirigeants de Pékin : devenir les maîtres du monde. A cet égard, ils se conduisent exactement comme Hitler avant et après Munich : faire semblant d’accepter des concessions pour se donner du temps tout en préparant activement la guerre. Celle d’aujourd’hui est économique, tout aussi meurtrière et mondiale. Tout ce que j’ai lu depuis un mois ne faisant que confirmer mon intuition.

Nicolas Sarkozy s’invite à «la table du diable»… sans grande cuiller !

Les Chinois – entendre leurs dirigeants – se comportent exactement comme des pompiers pyromanes. Et qui plus est, prétendent aujourd’hui donner des leçons pour maîtriser l’incendie qu’ils ont largement contribué à allumer et alimenter.

Ils sont en effet largement responsables de la dette des Etats qu’ils fustigent aujourd’hui, quand bien même celle des Etats-Unis serait-elle due également aux guerres dans lesquelles les Bush, père et fils, ont stupidement entraîné leur pays (Guerre du Golf, Afghanistan et Irak). L’intervention française en Afghanistan – pas plus intelligente ! - n’étant pas non plus pour rien dans les déficits français. Mais il faudrait être aveugle et stupide tout en même temps pour ne pas comprendre que l’essentiel des problèmes structurels tient aux effets de la mondialisation dont profite largement la Chine et qui ont totalement déséquilibré les termes de l’échange à leur seul profit

Comment l’OMC – censée garantir la loyauté de la concurrence – a-t-elle pu accepter d’intégrer la Chine en 2002 sans exiger que le yuan devienne une monnaie internationale : entendre convertible ? Je n’arrête pas de lire que le yuan est sous-évalué mais cela n’a aucun sens tant qu’il n’a aucune valeur d’échange au niveau mondial.

En revanche, il est évident qu’il faut analyser sa valeur intrinsèque en tant que monnaie servant à financer les investissements effectués par des sociétés chinoises (il en est tout autrement pour la rétribution des multinationales effectuant des grands travaux et autres implantations ou transferts de technologie dont le règlement s’effectue évidemment en dollars, de même que les importations de matières premières dont le pétrole) et surtout quand il s’agit des salaires versés à la main d’œuvre chinoise qui travaille pour l’exportation puisque c’est en yuans qu’ils sont (si mal) rétribués.

Ce sont effectivement leurs salaires ainsi que plus largement les conditions de travail lato sensu dont l’absence quasi générale de protection sociale telle que nous la connaissons (je devrais aujourd’hui plutôt utiliser l’imparfait) qui expliquent les mécanismes de la mondialisation – remarquons que l’on constate le même phénomène s’agissant des pays européens retardataires mais qu’un des seuls avantages de l’euro consiste précisément à pouvoir comparer instantanément le niveau de vie, les prix et les salaires.

A savoir d’une part l’importation massive de produits Made in China, souvent bien moins chers mais rarement d’aussi bonne qualité que ceux fabriqués dans les ex-pays industriels et d’autre part les délocalisations qui ont conduit à la désindustrialisation non moins massive. C’est en effet cet écart de compétitivité (salaires, etc.) qui incite les multinationales à délocaliser au maximum la production en Chine puisqu’il y va de leur intérêt et de ceux de leurs actionnaires. Bien entendu, les délocalisations se font dans d’autres pays – encore plus pauvres - mais si je n’en parle pas c’est tout simplement que je me focalise uniquement sur la question de la parité du yuan.

Or, et je ne le répéterais jamais assez, un pays qui n’a plus d’industrie est un pays économiquement fichu. Parce que dépendant totalement de la conjoncture. Le déséquilibre de la balance des paiements – qui accroît mécaniquement l’endettement puisqu’il faut bien le financer d’une manière ou d’une autre – de pays comme les Etats-Unis, la Grande Bretagne ou la France ne s’explique pas autrement : ils n’ont plus de production industrielle (ou si peu) à exporter alors qu’en revanche, puisque les besoins– biens d’équipement pour les entreprises ou biens de consommation - restent peu ou prou les mêmes, ils importent toujours plus de produits.

La Chine est non seulement la principale bénéficiaire de ce déséquilibre des termes de l’échange mais également de la spéculation financière provoquée par la dérégulation totale des marchés financiers, alors qu’aujourd’hui les banques et autres établissements financiers spéculent à tout va sur la dette souveraine des Etats. Or, comme le soulignait avec pertinence l’économiste Eric Briys  (interviewé par Vittorio de Filippis pour Libération le 12 juillet 2011) dénonçant le pouvoir exorbitant que se sont arrogé les banques et les marchés financiers – que dire alors des agences de notation ! – qui n’ont fait au demeurant que s’engouffrer dans le vide laissé par les gouvernements : «Pile, les banques gagnent; face, les Etats perdent».

Ce jeu de dupes et cette main-mise de la finance sur les Etats n’ont pourtant rien de nouveau. Je me contenterais de citer à cet égard deux articles d’Ibrahim Warde parus respectivement il y a 14 et 17 ans dans le Monde diplomatiqueLa dérive des nouveaux produits financiers sous-titré «Un capitalisme hors de contrôle» (juil. 1994) et Ces puissantes officines qui notent les Etats (fév. 1997) fort opportunément sur-titré «Les maîtres auxiliaires des marchés» et dont l’introduction est l’exact écho des propos d’Eric Briys :

«La finance internationale ayant, elle aussi, horreur du vide, le repli des Etats a permis de conforter le pouvoir d’une poignée d’agences de notation privées. Alimentées par un flot montant d’innovations, elles évaluent la solvabilité de tous les intervenants sur «les marchés», entreprises et gouvernements confondus. Une mauvaise note peut coûter très cher, une bonne note se négocier... Cet engrenage n’est pourtant pas fatal : des économistes suggèrent les moyens de restaurer l’autonomie des Etats et de jeter du sable dans les rouages de la finance. Leurs propositions butent contre le mur du silence».

Je ne suis pas plus maligne qu’une autre et ne possède pas la science économique infuse. J’ai eu la chance d’avoir une bonne formation dans cette matière et c’est surtout grâce à la lecture assidue des articles du Monde diplomatique depuis presque 30 ans que je me suis forgé de solides convictions économiques contre l’ultralibéralisme qui m’ont permis bien avant qu’il se produisît, d’anticiper le krach boursier de septembre 2008. Il ne me manquait que la date mais il me sautait aux yeux à force de lire dans des articles divers que la spéculation galopante, l’endettement des ménages américains et britanniques et notamment la bulle immobilière y conduisaient inévitablement.

Les mêmes cause provoquant les mêmes conséquences et les responsables des marchés n’ayant rien voulu comprendre non plus que les dirigeants politiques, aucune des mesures de bon sens avancées après septembre 2008 pour encadrer de façon rigide l’activité des marchés n’ayant été adoptée dans le cadre notamment du G20 et la spéculation étant repartie de plus belle, je ne pouvais que donner raison aux rares économistes qui prévoyaient un nouveau krach.

Encore une fois, seule la date restait en blanc et, au risque de me tromper, il me semble que l’effondrement des Bourses depuis le début d’août 2011 risque de n’être qu’une sorte de «répétition générale» avant un séisme autrement dévastateur. Surtout si l’on y ajoute que les restrictions budgétaires, les mesures fiscales et toutes les diverses atteintes au pouvoir d’achat des ménages (coupes sombres dans les dépenses publiques et d’aide sociale lato sensu, dégradation plus importante encore des services publics, nouvelles taxes ou augmentation de leur montant, etc.) auront pour seul effet de diminuer davantage la consommation.

Nul besoin d’être grand clerc pour anticiper ce qui nous attend : chômage encore plus en hausse (il vient de prendre le turbo pour le 3eme mois consécutif) ralentissement plus important de la croissance (déjà plus qu’en panne) et faute de consommateurs, il est évident que les entreprises et commerçants les plus fragiles mettront la clef sous la porte d’autant que très certainement les conditions d’octroi de crédits aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels seront une nouvelles fois durcies. 

J’avoue que plutôt keynésienne depuis 30 ans, j’ai beaucoup de mal à comprendre comment l’on peut vouloir en même temps contracter à un tel point le pouvoir d’achat et espérer que les consommateurs tirent la croissance vers le haut.

L’on me répondra qu’il s’agit de «rassurer les marchés»… La belle affaire ! Encore une fois la Planète finance est totalement déconnectée – elle déconne ! – de l’économie réelle. Celle qui nous fait vivre, hic et nunc. L’ogre ultralibéral veut toujours plus, n’est jamais suffisamment rassasié non plus que rassuré sinon une journée ou deux et la panique s’installe à nouveau à peine quelques remèdes – rustine sur un pneu poreux ou cautère sur une jambe de bois – ont-ils été appliqués par les gouvernements. Combien de temps continuerons-nous (les décideurs politiques) à l’alimenter ?

 Il est donc fort plaisant de voir aujourd’hui la Chine prétendre «donner des leçons de capitalisme aux Etats endettés» et mieux encore se positionner en Père Fouettards’arrogeant le droit de  fustiger les Etats-Unis http://www.liberation.fr/economie/01012352992-crise-economique-la-chine-fustige-les-etats-unis(Libération, 6 août 2011) les «appelant à cesser de vivre au-dessus de leurs moyens» et surtout ! affirmant - par le truchement de l’agence officielle Chine Nouvelle, aussi indépendante du pouvoir que l’était naguère l’Agence Tass en URSS – que du fait que Pékin détenait en mai quelque 1.160 milliards de dollars de bons du Trésor américains, «La Chine a désormais tous les droits d’exiger des Etats-Unis qu’ils s’attaquent à leur problème structurel de dette»… Grrr !

Nicolas Sarkozy s’invite à «la table du diable»… sans grande cuiller !

J’ai déjà démontré combien la Chine en était à la fois le principal artisan et le seul bénéficiaire. Par cette prise de position à la fois péremptoire et fort méprisante, elle signifie bien qu’elle s’arroge le rôle de maître du monde. N’en déplaise à Nicolas Sarkozy, la France ne sera pas logée à meilleure enseigne. Il pourra très bien continuer à caresser le «tigre» dans le sens du poil et celui-ci faire mine d’abonder dans son sens – bien obligé de le ménager, Nicolas Sarkozy étant jusqu’à la fin de l’année président en exercice du G20 et du G8 – Hu Jintao déclarant que la Chine est «confiante dans l’économie européenne et dans l’euro (…) convaincue que l’Europe a la sagesse et la capacité de surmonter les difficultés actuelles et d’assurer la stabilité et la croissance économique».

Tu parles ! Ils serrent les fesses, oui. «Un quart des réserves chinois serait placé en obligations de pays européens»… Par «stabilité» je suppose qu’ils croisent les doigts pour que les mesures d’économies budgétaires drastiques ne suscitent pas en Europe et en France de mouvements sociaux de grande ampleur à côté desquels les grèves du Front populaire et mai 68 feraient sans nul doute figure d’aimables plaisanteries.

Ne doutons pas qu’à cet égard Nicolas Sarkozy les aura pleinement rassurés, sans nul doute avec son argument favori «quand il y a des grèves, personne ne s’en rend compte»… Ce qui les aura fait bien rire in petto – ils sont très "poker face" - car je constate en parcourant Google Actualités que sur tous les grands sujets concernant la France il ne manque jamais au moins un article de Chine Nouvelle. Je ne les ouvre pas parce que j’ai déjà bien assez de travail en dépouillant la presse française voire suisse – la Tribune de Genève a un correspondant très bien informé à Paris et je subodore que l’esprit particulièrement critique est un chien de la chienne en retour des offensives menées contre le secret bancaire. Mais c’est la preuve que les dirigeants chinois suivent méticuleusement la politique et les événements en France et qu’il ne faut surtout pas les prendre pour des cons.

Nicolas Sarkozy dont l’ambition en tant que président du G20 est d’initier une réforme du système monétaire international – entend-il faire du sommet qui se tiendra à Cannes en novembre prochain un nouveau Bretton Woods ? – passe donc la brosse à reluire : «il faut que la Chine ait un rôle de premier plan en tant que deuxième économie mondiale et puissance monétaire depuis l’émergence du yuan»… Depuis quand le yuan a-t-il émergé – sauf sous forme de problème – au niveau mondial puisque ce n’est pas une monnaie convertible ?

Peu importe, c’est un objectif à moyen ou long terme et je vous prie de bien savourer ce qu’il en dit, cela vaut son pesant de cacahuètes : il appelle de ses vœux «la définition d’un sentier qui permettra à terme, selon un processus approprié et sans précipitation, de voir cette intégration du yuan dans les DTS (droits de tirage spéciaux», préalable à la création d’une monnaie de réserve supranationale»…

Or, d’après ce que j’ai lu dans plusieurs articles, les dirigeants chinois ont précisément la volonté que le yuan prenne à terme la place du dollar en tant que monnaie de réserve, sans nul doute pour conforter et leur place de "premier atelier du monde"avant de devenir les maîtres du monde. 

Ainsi l’article de Mathias Destal (Le Monde du 12 août 2011) La Chine profite de la crise pour asseoir sa puissance http://abonnes.lemonde.fr/economie/article/2011/08/12/la-chine-profite-de-la-crise-pour-asseoir-sa-puissance_1559117_3234.html qui rapportant le même article de Chine Nouvelle en tire une autre citation «Il faut mettre en place une surveillance internationale sur la question du dollar américain et une nouvelle monnaie de réserve, stable et sûre, peut aussi être une option pour éviter qu’une catastrophe soit provoquée par un seul pays»… J

Par ailleurs, il reprend l’analyse sans concession faite par Antoine Brunet, économiste à Lazard frères gestion et par ailleurs co-auteur d’un ouvrage au titre évocateur «La Visée hégémonique de la Chine» (L'Harmattann, 2011) ainsi que d’un point de vue paru dans Le Monde (8 août 2008) La stratégie chinoise du yuan ruine les finances en Occident http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2011/08/08/la-strategie-chinoise-du-yuan-ruine-les-finances-en-occident_1557315_3232.html que je viens seulement de découvrir – le jour de mon 64èmeanniversaire j’avais d’autres chats à fouetter - et qui conforte, à quelques détails près, exactement tout ce que je viens d’écrire.

Nicolas Sarkozy s’invite à «la table du diable»… sans grande cuiller !

Et selon ce que cite Mathias Destal, cette stratégie tient en peu de mots : «elle consiste à transformer le dollar en "monnaie de singe" afin que le yuan s’empare du statut de monnaie de réserve. La Chine continuera de sous-évaluer sa monnaie autant que nécessaire pour doper sa croissance et favoriser ses exportations. Quand elle sera certaine d’avoir pris l’ascendant sur les Etats-Unis, elle fera tout le nécessaire pour imposer le yuan comme monnaie des échanges mondiaux et la partie de Monopoly sera gagnée»… mais ajoute le journaliste : «avant que ces prédictions se réalisent, il faudrait déjà que le yuan devienne une monnaie internationale»…

 Nicolas Sarkozy, en bon laquais des multinationales lui en ouvre le «sentier»… Je ne sais pourquoi ce mot me fait rire – jaune, s’entend et c’est même une couleur de circonstance – car il me semble pratiquement tiré de la phraséologie maoïste (se souvenir qu’un groupe terroriste d’inspiration maoïste participant à la guérilla péruvienne et particulièrement meurtrier se nommait «Sentier lumineux»)… Il ne devrait pas oublier que celui de l’enfer est pavé de bonnes intentions et qu’il n’y a qu’un pas du Capitole à la Roche Tarpéienne :)

 A contrario, le 14 août 2011 dans le Nouvel Observateur, Laura Thouny si elle admet que «la Chine cherche à imposer sa monnaie comme celle des échanges internationaux» explique toutefois Pourquoi la Chine n'est pas encore prête à diriger l'économie mondiale http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/economie/20110814.OBS8529/pourquoi-la-chine-n-est-pas-encore-prete-a-diriger-l-economie-mondiale.html. Selon l’analyse de Robert Zoellick, président de la Banque mondiale, si «la crise de la dette est en train de transférer "très rapidement, du point de vue de l'histoire" le pouvoir économique de l'Occident vers les pays émergents, au premier rang desquels la Chine» celle-ci serait, selon lui, «un acteur réticent de la mondialisation» car elle serait confrontée à ses propres problèmes internes, notamment problèmes sociaux et crise environnementale.

Nicolas Sarkozy s’invite à «la table du diable»… sans grande cuiller !

Mais comme c’est le même Robert Zoellick qui selon ce que j’ai lu dans Le Monde du 13 août 2011 affirmait – non sans raisons – que L'économie entre dans une "phase dangereuse" pour le patron de la Banque mondiale http://abonnes.lemonde.fr/economie/article/2011/08/13/l-economie-entre-dans-une-dangereuse-pour-le-patron-de-la-banque-mondiale_1559340_3234.html#ens_id=1216746, il en tire des conclusions quant aux remèdes à employer que je ne saurais partager. En effet, selon lui «La plupart des pays développés ont déjà utilisé ce que leur permettait la politique fiscale et monétaire» il ne voit d’autres solutions qu’une politique de rigueur ! Les œillères ultralibérales plus un sacré paquet de peaux de saucisson devant les yeux.

Je suis plus que perplexe quant à un autre passage de l’article (non signé) selon lequel Robert Zoellick soulignerait «qu’une dévaluation du yuan aiderait à modérer l’inflation (en Chine) mais rendrait les produits étrangers moins cher sur le marché chinois, ce qui pose des problèmes politiques». S’il n’y a pas d’erreur de traduction, c’est proprement renversant !

Je découvre son pedigree sur Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Zoellicket cela ne me surprend guère d’y apprendre qu’il compta au nombre des conseillers et intimes de George W. Bush, inspiré par la mouvement de pensée néoconservateur et donc ultralibéral en diable. Il est avocat de formation mais à l’évidence ne doit avoir aucune notion en matière économique. Sinon, il saurait que précisément les dévaluations sont par essence compétitives, permettant de vendre moins cher les produits qu’un pays exporte. Et jusqu’à présent, il a été suffisamment démontré que c’est le faible niveau du yuan relativement aux monnaies des pays importateurs qui a permis à la Chine ses exportations massives. Que la Banque mondiale soit dirigée par un tel âne bâté (de conviction ultralibérales) n’est guère rassurant.

Que les dirigeants chinois ne se frottent pas les mains trop vite. Ils jouent incontestablement un jeu dangereux qui pourrait tout aussi bien se retourner contre eux. Ils se sentent forts parce qu’ils se sont gavés jusqu’à l’indigestion de titres des dettes souveraines des Etats qu’ils tiennent par la barbichette par leurs exportations massives, achetés en dollars. Mais s’il est bien vrai que la majeure partie des obligations qu’ils détiennent est d’autant plus une monnaie de singe qu’elle est quasi fictive du fait de la spéculation, il n’en reste pas moins vrai que la chute du dollar et de l’euro – attaqués par la spéculation internationale – et celle conjointe des Bourses négociant la dette des Etats avec la même rage spéculative, peut tout aussi bien conduire au chaos final du système financier dans son ensemble.

Auquel cas l’on peut bien prédire que cela ne sera pas joli à voir en Chine. Avec peut-être une «Place Tienanmen à l’envers» de 1989. Si cela se produit – comme le prédisent certains – en novembre 2011 (mais toujours se méfier des prédictions) ce serait «l’automne à Pékin» anticipant «Quand la Chine s’écroulera» et la fin de la mondialisation , nullement «heureuse» contrairement aux billevesées d’Alain Minc.

Comme le souligne à juste titre Antoine Brunet à qui je laisserais la conclusion, Américains et européens n’ont jamais cessé de plier l’échine devant les hiérarques chinois, inventant ponctuellement des parades à la petite semaine qui furent autant de fiascos. Errare humanum est sed perseverare is diabolicum. Et précisément, Nicolas Sarkozy aura oublié que «pour manger à la table du Diable, il faut une grande cuiller» notament s’il s’agit d’ingurgiter force couleuvres, largement nappées de lait d’beu concentré J

«Pour que la crise de 2007 ne devienne pas une nouvelle crise de 1929, il faut maintenant renverser le jeu. Il faut se mobiliser pour faire céder la Chine sur sa politique du yuan. Il suffit pour cela de préparer sérieusement et collectivement des représailles douanières à son encontre.

Faute d'une telle initiative, les pays occidentaux s'enfermeront rapidement dans une spirale de déclin économique et financier qui les amènera à se retrouver chacun durablement asservi à la Chine et au Parti communiste qui la dirige depuis 1949»… Ce qui n’est pas, avouez-le, le moindre des paradoxes.

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