1/3 : Retour à la réalité
La Séguinière. Un petit village du Maine-et-Loire paisible. Notre reporter a bravé la pluie et l'orage pour partir à la rencontre de Dylanesque et vous offrir un entretien exclusif avec celui qui est revenu d'un exil espagnol et profite d'un repos bien mérité dans la maison familiale.
Reporter : Tout d'abord, je dois dire que c'est un honneur d'avoir la chance de vous rencontrer...
Dylanesque : Le plaisir est partagé.
Reporter : Vous avez l'air paisible. Comment allez-vous ?
Dylanesque : Je suis paisible.
Reporter : Bien. Parlez nous de votre séjour à Barcelone.
Dylanesque : Je suis parti mi-juin, à la fin d'une année un peu chaotique. Juste après avoir réalisé que mes études étaient un échec complet. J'avais besoin d'air. D'une scène nouvelle. Et comme j'avais passé mes étés précédents à vagabonder à travers l'Europe, je me suis souvenu que Barcelone était une ville que j'affectionnais beaucoup et que ce serait une bonne idée d'aller jouer les sédentaires là-bas. De trouver un appartement, de former un entourage, de créer une nouvelle routine loin de chez moi.
Reporter : Et ça a fonctionné ?
Dylanesque : Plutôt, oui.
Reporter : Vous pouvez nous raconter ?
Dylanesque : Pas vraiment. J'ai découvert que raconter mes voyages est inutile. La plupart des gens font semblant d'écouter et projettent leurs propres souvenirs sur les miens. Alors à quoi bon ? Impossible de décrire tout ces sentiments. Ces deux mois m'ont changé et il est difficile de décrire le changement. On peut l'observer, pas l'expliquer.
Reporter : Même pas une anecdote ou deux ?
Dylanesque : Il y a eu de l'aventure, de la romance, de l'amitié, de la décadence, tout les ingrédients d'un bon été. De la chaleur, surtout.
Reporter : On peut donc imaginer que le retour à la réalité est difficile.
Dylanesque : Oui, la transition est brutale. Je suis revenu en France sous la pluie et j'ai troqué l'agitation pour le calme et l'ennui. À Barcelone, je me sentais plus jeune et vivant que jamais. Seul dans la maison de mes parents, j'ai l'impression d'être un vieillard qui attend la mort.
Reporter : D'ailleurs, à ce sujet, je vous souhaite un joyeux anniversaire ! Ving-et-un ans, c'est ça ?
Dylanesque : Ouais.
Reporter : Vous l'avez dignement fêté à Barcelone ?
Dylanesque : J'ai vomi sur la plage.
Reporter : Une chanson pour décrire cet été ?
Dylanesque : "That Summer Feeling" de Jonathan Richman".
Reporter : Une chanson pour décrire votre sentiment actuel ?
Dylanesque : "See the Sky About to Rain" de Neil Young. Vous voulez un verre ? Tout ce que je fais ici, c'est écouter de la musique, boire et écrire. Il doit me rester un peu de whisky...
Avec l'air absent, Dylanesque part fouiller dans un placard, alors que la pluie commence à tomber.
La suite de l'entretien, prochainement...