Monsieur Fillon est déterminé. Et pour preuve de son implacable efficience, il affirme que l’imposition des super-riches qu'il envisage pourrait dégager 150 à 200 millions d'euros. Pris dans la poche des copains du Fouquets... Enfin, dans le porte-monnaie, pas dans le porte-feuille.
Belle gesticulation. Spectaculaire, mais peu crédible. Le Kiosque aux canards, un site que j'aime bien et qui n'a pas sa calculette dans sa poche établit que cette somme n'est que cinq fois supérieure au chèque que le fisc a adressé l'an dernier à Liliane Bettancourt au titre du bouclier fiscal. Ou qu'elle représente presque la moitié de ce que vient d’empocher Bernard Tapie.
Même l'Inspection Générale des Finances, cette séditieuse bande de gauchistes, estime que Fillon fait là dans le dérisoire et établit dans son rapport qu'au lieu de ces minables 150 à 200 millions sacrifiés comme « part du feu », c'est 30 milliards d'euros qu'on pourrait récupérer en s'attaquant vraiment aux niches fiscales, en
Parce qu'entre nous, augmenter le tabac, les parcs d'attraction, les assurances-vie, les livrets fiscalisés, cela va frapper les classes moyennes et même les classes populaires. Ce n'est pas un militant de gauche qui le dit, mais un site financier.
« Pourtant, les faits sont têtus : la plupart des mesures proposées ne concerneront pas qu’une poignée de ménages très aisés, mais bien l’ensemble des épargnants. »
Finalement, le coup de rabot sur les niches se transforme en un coup du nabot pour les riches.
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Christine Boutin tourne vinaigre. Le puritanisme victorien ne lui suffit plus, elle veut maintenant réécrire l'histoire, dans la meilleure tradition de 1984.
Alors que le nombre de fidèles dans les églises a clairement régressé bien en-dessous du nombre de gays et de bisexuels, elle entame une litanie de contre-vérités qui la mènera droit au créationnisme si on n'y prend pas garde.
Elle qualifie les associations LGBT de groupuscules, (groupuscules qu'on voit défiler dans toute l'Europe les jours de Gay Pride), sans doute soutenue en cela par les bouffonnes évaluations de la Préfecture de Police, et se lance avec un ardeur dans l'art du sophisme.
Aucune civilisation n'est pérenne. Mais ça ne l'arrange pas, alors elle sème sur le terreau de l'obscurantisme, comme tous les bons populistes. Elle tente d'inventer des slogans qui accrochent l'oreille à défaut de l'esprit, mais qui, comme beaucoup de vociférations percutantes, ne représentent rien.
Et pendant que le PS fait semblant de ne pas se déchirer, elle, elle déchire avec délectation un tissu social péniblement tissé par quarante années de militantisme, où s'accrochent désespérément les familles mono et homoparentales, les adolescents rejetés par leur famille qui se suicident encore bien trop souvent, les gays persécutés dans les banlieues et les pays « exotiques », tous ceux qui n'ont que leur corps à vendre pour pouvoir manger sans voler, tous ceux qui, simplement, espèrent trouver un morceau de bonheur dans la simple possibilité de vivre comme ils sont, en harmonie avec leur nature et en symbiose avec les gens qu'ils aiment.