Les thèmes de cette année était on ne peut plus d'actualité : Quelle crise ? Quelle sortie de crise ? Après l'État Providence.
Ces thèmes auraient dû attirer l'attention de journalistes un peu curieux, qui ne se contentent pas de la rengaine répétée à satiété et sur tous les tons : c'est le
méchant capitalisme qui est le responsable de tous les maux, donc de la crise financière, puis de la crise de l'endettement public. Il ne s'est trouvé qu'un journaliste pour faire le déplacement
parmi tous ceux, nombreux, qui avaient été invités par les organisateurs, ce qui montre combien est grande la curiosité des médias, qui se plaignent de leur perte d'audience...
Anne Jollis a même fait mieux que d'assister. Elle a accepté d'animer un des débats de fin de journée de l'Université d'Été, qui s'est tenue du 22 août 2011 au 24 août 2011, le matin et
en fin de journée dans l'amphithéâtre David, l'après-midi dans deux plus petites salles, destinées l'une au public anglophone, l'autre au francophone.
En fait l'Université a débuté, le 21 août 2011, par un dîner d'ouverture au Grand Hôtel du Roy René, comme c'est devenu la tradition. Au cours de ce repas de l'amitié,
qui permet de se retrouver entre personnes qui toutes défendent les idées de liberté, deux personnalités ont pris la parole.
Michel Kelly-Gagnon [ci-dessus], ancien Président du Conseil du patronat du Québec ici, ancien
Président de l'Institut économique de Montréal ici, a expliqué pourquoi le Canada n'a pas connu la crise : en opérant de
grosses coupes ciblées dans le budget, le gouvernement Jean Chrétien, pour sauver l'Etat-Providence, est parvenu à dégager des excédents budgétaires entre 1997 et
2007...
Quelle crise ?
Pascal Salin incrimine la manipulation des taux d'intérêt par les banques centrales : un taux faible incite à investir dans des activités risquées ou non rentables. Il
souligne que l'épargne est insuffisante en raison des politiques fiscales et des retraites par répartition et que la création monétaire est inutile, la déflation naturelle permettant d'augmenter
le niveau de vie.
Victoria Curzon-Price démontre que le protectionnisme conduit au chômage et à la décroissance. Aux salaires bas des pays émergents, les pays occidentaux peuvent opposer une productivité incomparable. Ce qui les empêche d'être compétitifs ce sont leurs charges sociales et le modèle social. Elle donne l'exemple de la taxe CO2 qui rend inapte à la concurrence mondiale les principales activités économiques, hormis celles du bien-être et de l'environnementalisme.
"Le capitalisme du libre marché est le seul système compatible avec la dignité
humaine."
Jean-Pierre Centi [ci-dessous avec Pierre Garello] rappelle que le pacte de stabilité de la zone euro se donnait pour objectifs : 3% de déficit maximum et
60% du PIB de dette publique maximum. C'étaient des objectifs purement arbitraires. La règle était pourtant l'équilibre budgétaire au XIXe siècle. Cette règle a été oubliée
au profit de la théorie keynésienne selon laquelle le devoir d'agir passe par la pratique du déficit budgétaire, comme si le tout se comportait différemment de l'élément,
l'économie d'un pays de celle d'une entreprise... Il n'y a que deux façons de répudier une dette : explicite en disant aux prêteurs qu'on ne leur doit rien, implicite en pratiquant
l'inflation.
Quelle sortie de crise ?
Pour un libéral à quoi sert une constitution ? A limiter le pouvoir répond Jean-Philippe Feldman. Une constitution ne peut le faire qu'en déclarant les droits et notamment les
droits de propriété, en séparant véritablement les pouvoirs, en décentralisant verticalement et horizontalement, en appliquant la subsidiarité verticale et horizontale. Mais il ne faut pas
s'illusionner. Une constitution n'empêche ni l'autoritarisme, ni le totalitarisme, ni la technocratie... Et de citer Georges Pompidou :
"Comment se ruiner ? Par le jeu ? C'est le plus rapide. Par les femmes ? C'est le plus agréable. Par les technocrates ? C'est le plus sûr."
Pierre Bessard rappelle que le secret bancaire n'est pas un privilège mais une protection envers l'Etat et envers les tiers. De même les paradis fiscaux participent à la
préservation des droits individuels et permettent un arbitrage vis-à-vis des excès budgétaires. La minimisation fiscale est un devoir moral. L'Etat devrait être au service des citoyens et non
l'inverse.
L'impôt est un moyen dans l'Etat limité à ses fonctions régaliennes, nous dit Jean-Philippe Delsol. Mais c'est une arme dans l'Etat-Providence, une arme au service d'une
idéologie. Il s'agit d'égaliser, de déraciner les fortunes, selon l'expression d'un certain Maximilien Robespierre... Pour Jean-Philippe Delsol,
qui est favorable à la flat-tax (l'impôt proportionnel, qui touche tout le monde) l'impôt progressif consiste à faire payer les riches (seuls 50% des Français payent l'impôt sur le revenu).
Après l'Etat-Providence.
Steve Davies souligne que réduire l'Etat-Providence rencontre des oppositions. Pourtant il ne peut pas perdurer. La vie sociale en est trop fortement endommagée. Couper dans
les dépenses fait mal. Steve préfère donc présenter les choses autrement : le choix privé est l'expression de la liberté, qui seule permet la croissance du marché et la sortie
de crise.
En effet une personne ne peut être morale que si elle accepte la responsabilité de ses actes et qu'elle agit selon des principes. Ce qui suppose d'être libre de choisir ses
principes d'action. Ainsi il est moral d'aider volontairement les autres en leur consacrant 10% des ses revenus. Il n'est pas moral que ce soit l'Etat qui prélève, par la coercition,
ces 10% pour aider les autres.
Douglas Rasmussen traite de la justice. Le mot recouvre trois significations : la justice metanormative, la vertu de justice, la justice personnelle.
La première a trait aux droits individuels qui sont limités par le consentement, la deuxième à la considération des autres, ce qui est différent de l'égalité de traitement, la
troisième à deux maximes principales : connais-toi toi-même et deviens ce que tu es. Un ordre libéral doit fournir la justice
metanormative qui permet à la vertu de justice et à la justice personnelle d'exister. En fin d'exposé, Douglas cite Benjamin Franklin :
"Where liberty dwells, there is my country" [où la liberté demeure, se trouve mon pays]
- L'Union européenne a chargé une ONG, la Generation Europe Foundation,
de recenser les fêtes religieuses européennes. Aucune fête chrétienne ni juive n'a été recensée. Coût : 5 millions d'euros.
- Aucun des sept billets libellés en euro ne comporte d'illustration réelle : elles sont toutes fictives [ci-contre le château Régis à Saint Menet où s'est
achevée l'Université d'Été].
- Le projet de Constitution européenne ne faisait pas référence aux racines chrétiennes de l'Europe.
"Notre héritage n'est précédé d'aucun testament."
Hannah Arendt se demandait comment utiliser cet héritage. En l'assumant, répond Mattei, en faisant nôtre ce qui le caractérise, et qui est l'objet de reproches : la
découverte de l'universel et l'idée d'ouverture, qui sont les fruits de la liberté.
William Faulkner disait :
"Le passé n'est jamais mort, il n'est même pas passé."
Alors que faut-il faire ?
Il faut faire savoir que l'Etat-Providence est immoral - il est par exemple immoral de transmettre des dettes aux générations
futures - et que la conception de l'homme, libre et responsable, et l'économie sont inséparables. L'Etat-Providence s'oppose à la liberté et à la responsabilité et ne peut pas enseigner
l'économie. Il n'enseigne que deux idéologies qui lui sont favorables : le socialisme et le keynésianisme.
Il faut transmettre le raisonnement économique en utilisant tous les moyens modernes existant, à destination de tout le monde, sa famille, ses proches, les médias, via Internet, des
articles, des traductions, des films. Car les choses ne changeront pas sans la pression de la société civile.
Je terminerai par cette citation de Jacques Garello, juxtaposant deux titres de livre écrits par Adam Smith :
"Les sentiments moraux font la richesse des nations."
Francis Richard
PS
J'ai bien conscience que ce compte-rendu de la 32e Université d'Été de la Nouvelle Économie est lacunaire. Tous ceux que je n'ai pas cités ou dont je n'ai pas rendu
compte des travaux me pardonneront, j'en suis sûr. Comme lorsque je fais une recension d'un livre que j'aime, je n'ai pas d'autre ambition que de mettre en appétit.
Le programme de cet événement boudé par les médias se trouve ici.
Les deux dernières photos ci-dessus montrent que les participants savent non seulement penser, discuter, mais vivre... et chanter [Emmanuel Martin à gauche sur la dernière photo
est non seulement un chanteur insigne mais l'animateur d'un site remarquable, Un Monde Libre, ici].