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Marie-Pierre Amiel/« Crépuscule Marseille-Sud »

Par Angèle Paoli

Chroniques de femmes - EDITO

Chronique de Angèle Paoli Copertina_2

« CRÉPUSCULE MARSEILLE-SUD »


  Je connais Marie-Pierre Amiel depuis peu. Je l’ai découverte à travers l'une de ses passions, la photographie. Passion transmise dès l'enfance par le père, lui-même photographe. Attachée depuis son adolescence à l'argentique ― son premier Minolta lui a été offert à l'âge de dix-sept ans ―, fascinée par la lumière et par l'attente patiente que celle-ci requiert à sa captation, Marie-Pierre Amiel se refuse à passer au numérique. La démarche de Marie-Pierre ― également passionnée d'écologie ― est étroitement corrélée à son mode de pensée. Observation et précision, concentration et lenteur, attente et désir sont les maîtres-mots de sa sensibilité d'artiste et de sa philosophie.

  Intitulée Crépuscule Marseille-Sud, la série consacrée à Marseille et au petit port de Callelongue rend compte de cette philosophie. Le moment choisi pour capter l'image est celui des crépuscules, ce moment fugace et fulgurant où les flamboiements du soleil couchant basculent dans la nuit bleue qui tombe sur la mer et ses rivages. Ce qui frappe dans ces photos, outre le contraste des couleurs acidulées ― jaunes citron et verts sur nuit américaine ― c'est la sensation de froid et d’absence. Qui confère aux lieux leur caractère « d'inquiétante étrangeté ». Et met le spectateur face à lui-même, face à ses propres angoisses. Sans doute Marie-Pierre souhaite-t-elle inconsciemment rendre le monde à son essence originelle, après le passage dévastateur de l'homme ! Mais ce qui la fascine surtout, c'est le contraste que ces lieux offrent à l’instant du crépuscule. Lieux vibrants de vie, animés du mouvement incessant des flâneurs, aux heures pleines de la journée. À l'instant précis où l'artiste prend ses photos, maisons et quais sont désertés des hommes. Les objets, tout un matériel de pêche — paniers, ballots, casiers, filets —, abandonnés. Figés dans le halo des réverbères : un vert glacial de fond marin que les gaz émanant de ces réverbères donnent au paysage — grues, escarpements et escaliers. Couleurs saturées de néon.

  Marie-Pierre aime le « hors-norme » des lieux et a le goût de l’« excellence ». En attestent son parcours photographique depuis 2003 et les personnes qu’elle rencontre. Le photographe Jérôme Brézillon ; Eric Bouvet, reporter en zones de conflits ; Pierre de Valombreuse, ethnophotographe, passionné des peuples reculés. Des personnalités exceptionnelles par leur talent et par leur modestie.

  Les photographies de Marie-Pierre Amiel ont déjà fait l’objet d’expositions. Et ses projets sont précis et rigoureux. Après les séries grand public réalisées dans le désert de la Tadrart (Sahara) ou sur les glaciers d’Islande, Marie-Pierre Amiel prépare une série très exigeante consacrée à la tuilerie-briqueterie Barthe de Gratens (Haute-Garonne). Commandée par l’office de tourisme d’Allauch, cette série comporte des vues sur les tunnels, carreaux, alcôves de l’usine (cinquante alcôves au total). « Un lieu inspiré et unique », dit l’artiste.

  Une autre exposition consacrée au Port Autonome de Marseille est prévue à Perpignan. Une trentaine de photos très graphiques qui rendent compte d’un regard décalé et ouvrent sur des perspectives inattendues. Souhaitons que cette exposition de Perpignan soit prochainement accueillie par le Port Autonome de Marseille. Comme l’espère Marie-Pierre Amiel.

  Crépuscule Marseille-Sud fera tout prochainement l’objet d’une exposition à la jeune galerie ART 152 (152, rue Paradis - 13006 Marseille).

Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
D.R. photos Marie-Pierre Amiel

>>>>>GALERIE PHOTOS


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