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Un lézard dans le jardin, André Agard, Rentrée littéraire 2011

Par Mango

Un lézard dans le jardin, André Agard, Rentrée littéraire 2011Rien ne me semble plus délicat à présenter qu’un premier roman : j’ai toujours l’impression dans ce cas de marcher sur des œufs. C’est si fragile un premier roman et l’auteur a dû y mettre tellement d’espoir après y avoir consacré tant de temps!C’est pourquoi je me suis promis de n’en parler que  si je les aimais. C’est une facilité que je m’accorde et c’est le cas pour ce récit qui s’ouvre  et se déroule essentiellement dans une salle de théâtre où se prépare une pièce très réussie malgré les difficultés rencontrées  mais qui devra s’arrêter après deux représentations. 
Ce théâtre est très particulier puisqu’il se trouve au sein même d’un hôpital psychiatrique et que les acteurs sont autant des malades que des infirmiers ou des docteurs.Le héros du roman  est aussi le metteur en scène de la pièce,  ce Walter le Valseur si attachant, un schizophrène qui aime les grandes et longues promenades solitaires en compagnie de la petite voix féminine qu’il ne cesse d’entendre. Il semble lointain et silencieux mais il voit et comprend tout et sa présence est apaisante et stimulante à la fois.L’héroïne est Clara, la narratrice, jeune couturière fétichiste de la soie, ce qui la rend dangereuse et exaltée dans ses moments d’érotomanie en dehors desquels, c’est une personne sensible, posée, amicale et même sage. Elle ressent de l’affection pour Walter malgré la grande différence d’âge mais tout vrai contact et rapprochement entre eux est rendu impossible par leur maladie qui les isole. Autour d’eux gravitent  tous les autres  personnages dont le moins atteint n’est certainement pas le docteur en chef  Schwartz, d’autant plus fasciné par le cas de Clara qu’il est lui-même obsédé par le drapé des étoffes dont il fait l’étude. 
La tension monte avec l’approche de la date de la représentation. Les esprits et les penchants s’excitent. Tout devient dangereux. La mort rôde et je ne pouvais plus lâcher le livre une minute: il fallait que je sache ce qui allait arriver. La fin ne m’a pas déçue!C’est  une histoire très  intéressante que je pensais totalement imaginaire mais l’auteur lui-même renvoie aux cas de deux personnes célèbres dont il s’est inspiré : celui du  psychiatre Gaëtan Gatian de Clérambaultet celui  de l’écrivain Robert Walzer, dont les morts à tous deux sont étranges et  mystérieuses . Le premier était un psychiatre dont Lacan disait qu'il avait été son seul maître dans l'observation des malades. Il a écrit: "Passion érotique des étoffes chez la femme" et a mis en scène sa propre mort de façon dramatique.  "Atteint de cataracte, il s'est  suicidé par arme à feu, assis dans un fauteuil face à un grand miroir et entouré de mannequins de cire qui lui servaient pour ses études de drapé".Sa vie d'ailleurs  inspira le film de Yvon Marciano: "Le cri de la soie" 1996, avec Sergio Castellitto, Marie Trintignant et Anémone.Quant à Robert Walser, un écrivain et poète suisse de langue allemande, il séjournera jusqu'au jour de Noël 1956 dans une  clinique psychiatrique qu'il quittera pour une promenade dans la neige,  marchant  jusqu'à l'épuisement et à la mort.

Le mot de l'éditeur:

«Enlevez-lui les menottes, murmura-t-il au policier qui m’avait amenée, ici c’est inutile. Il congédia mon cerbère de la même voix trop douce, puis il me tourna le dos pour aller s’asseoir derrière son vaste bureau. Je faillis éclater de rire en voyant qu’il portait des bottines aux talons très hauts, mais je me retins, ce n’était pas le moment. Ce médecin avait le pouvoir, là et maintenant, de me renvoyer en prison ou de me garder dans sa clinique. Et  j’hésitais, je ne savais pas ce que je voulais : être reconnue délinquante ou bien internée comme malade mentale.»
L’auteur: André Agard né le 21 juin 1946 est psychanalyste et psychothérapeute. Il a écrit sur l’échec scolaire et la relation mère-enfant: Il aurait pu être bon élève, Albin-Michel, Paris, 2005; Dans les silences des mères, Albin-Michel Paris, 2007. Il est aussi l’auteur d’un essai biographicolittéraire sur Alain-Fournier, La nécessité du chagrin d’amour, Epel, Paris, 2009. Comédien et metteur en scène, il a dirigé deux troupes de théâtre de 1977 à 1982. 
André Agard - Un lézard dans le jardin, (Éditions Thierry Marchaisse, août 2011, 136 pages, Premier roman,   ISBN : 9782362800047)
Un lézard dans le jardin, André Agard, Rentrée littéraire 2011Troisième participation à la rentrée littéraire 2011 pour le challenge de Hérisson 08

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