Le drame s’est déroulé très récemment, mais à cette heure les gendarmes n’en sont qu’aux conjectures, rappelant néanmoins qu’un orage court mais intense s’était abattu lundi soir sur la ville de Marly.
Rappelons les faits avec notre correspondant sur place : c’est un promeneur, habitué des lieux, qui a découvert l’épave jeudi matin alors qu’il cheminait dans le parc de Marly, en sifflotant, le cœur en joie à la vue de cette belle journée qui s’annonçait. Au détour d’un sentier ombragé, il a aperçu derrière un couple de bancs en pierre, une forme suspecte autant qu’inoffensive, d’où sa hardiesse le poussant à s’approcher d’avantage. « J’ai immédiatement compris de quoi il s’agissait ! » nous a-t-il déclaré, sans manifester aucun émotion particulière. Comme il s’était muni de son appareil photographique, ce qu’il fait toujours quand il part en balade, selon ses dires, il a aussitôt fait quelques clichés pour immortaliser les lieux du drame. A ce propos, les gendarmes interrogés discrètement par mes soins, émettent l’hypothèse – sous le sceau de l’anonymat – que ces clichés auraient pu être monnayés sans vergogne, s’il avait trouvé preneur… Ce n’est qu’une supposition à cette heure.
L’épave, retrouvée gisante sur ce bout de pelouse, n’aurait fait qu’une seule victime jusqu’à preuve du contraire, son conducteur. Les éventuels passagers clandestins, que les spécialistes interrogés s’accordent à considérer comme plus que probables, s’en seraient tirés mais n’auraient pas attendus l’arrivée des secours pour s’enfuir dans le parc. Inutile d’espérer obtenir des précisions sur ce crash, par l’interrogatoire des vermines et autres parasites qui s’étaient certainement incrustés sur ce vol.
Pour être tout à fait franc avec vous, je dois aussi vous dire que l’affaire ne fait pas grand bruit ici à Marly. Les gendarmes ne se sont d’ailleurs pas réellement déplacés sur place, ils ont simplement répondu à mon appel téléphonique, sèchement comme s’ils étaient agacés. Dans le parc les promeneurs n’accordent guère d’intérêt, eux non plus à l’évènement et lorsque j’ai cherché à en interroger un ou deux, ils ont tenté d’exciter leurs chiens contre moi pour m’inciter à déguerpir. Saura-t-on jamais ce qui s’est produit dans le parc de Marly ? Rien n’est moins sûr, tant on sent une volonté locale pour étouffer cette affaire, la loi de l’omerta règne ici et bien malin qui pourra tirer les vers du nez de cette épave.